Que peut-on dire sur un album qui s'affirme ?
Cet album est une perle de conceptualisme, tout simplement. S'affirmant dès la première piste comme l'unique référence de séduction musicale, on s'attend au départ à un énorme narcissisme plutôt qu'à une fierté reconnue.
Puis soudain, la deuxième track, "Pit Stop (Take Me Home)" : une voix sensuelle typiquement trip-hop, des influences à la Tricky, à la Massive Attack, & à des groupes plus sensuels, comme Halou. On perçoit l'influence "gorillazienne" dès la partie hip-hop du morceau. Tout n'est plus qu'envoûtement, & déjà on se sent inclus dans le cercle suave dont l'album se prétend empreint.
Un moment de répit, avant d'enchaîner sur le voluptueux "Anger Management", où la transition entre la voix grave rappelant étonnamment la J-music masculine & la voix aiguë & lente du refrain fait frissonner. Le rythme est lent, teinté d'effets, ayant sûrement inspiré Chinese Man dans ses premières productions ("Searching For The Space Monkey", entre autres).
Le morceau suivant offre un moment similaire, avec un scratch bien maîtrisé, une impression tribale & une nostalgie estivale que rappelle clairement le titre : "Everyone Has a Summer".
Puis on s'enfonce dans une pénombre sentimentale, grâce à l'érotisme vocal de la chanteuse sur la piste "To Catch a Thief". Les percussions sont lourdes, on perçoit quelques sifflets, une transe corporelle pendant le refrain. La voix rappelle celle de la chanteuse dans le morceau "6 Underground" de Sneaker Pimps, à la fois mélancolique & enthousiaste. Du grand art !
Le calme s'instaure tout à coup grâce un petit air de nu-jazz qui n'est pas sans rappeler le hip-hop très personnel de Nujabes. La lassitude & l'endormissement sont les deux constituantes du cette piste "Lies and Alibis". Le beat se fait discret, presque tel un silence qui parle.
La piste suivante s'inscrit comme un interlude lançant la deuxième partie de l'album, un peu comme une pause pendant l'acte, histoire de fumer un bon pétard & faire circuler le sang.. & apprendre intrinsèquement comment séduire la fille en absorbant les paroles du titre.
"Book of the Month" remet l'ambiance, avec un vocal très profond, un refrain presque R'n'B, une instrumentale très ancrée dans la nature (un air d'Emancipator ?). Tout est très lourd dans ce son, puis viennent les petits cris de plaisir sexuel, & un échange très sensuel entre masculinité & féminité vocales.
"Lifeboat" s'impose comme un titre très nostalgique, très lent, similaire au Portishead que tout le monde connaît. Un trip-hop subtil, maîtrisé, sans temps mort, presque cinématographique.
Le titre suivant laisse libre-parole à la féminité, qui s'empresse d'exprimer ses désirs, grâce à des murmures transcendants. Très minimaliste, tout est misé sur la voix, qui a l'emprise sur le cerveau masculin fasciné par ce parfum auditif. "Strangers on a Train" est troublant.
Encore une transition toujours très vieillie, très nostalgique, avec une voix d'homme à la limite de la fierté machiste qu'appréciait tant Hemingway.
& là, la meilleure piste de l'album apparaît (Sex I'm A) : l'introduction très lente se voit subjuguée par un rythme très hip-hop & deux voix de sexes opposés qui semblent s'affronter dans un duel de charme, avec toutes les petites allusions qui vont avec ("seeeeeeeeeeeexxxx"). & la boucle semble interminable, un jeu de conquête sans fin. S'ensuivent des orgasmes captivants, à la limite du dérangeant lorsqu'on écoute le titre avec le volume au maximum chez ses parents.. Qu'importe, le tout est parfait.
Encore un petit morceau scratché pour faire retomber la tension sensuelle, mené par Kid Koala, renommé dans ce genre.
Une transition supplémentaire pour illustre de manière funk le rapport entre hommes & femmes, avant d'enchaîner sur "Stroker Ace", rappelant encore une fois l'influence exercée sur Chinese Man ou Wax Tailor : toujours cette voix lancinante, berçante, tendre..
Enfin, la dernière piste, pour clôturer l'album, toujours très lente, mélancolique, presque paradisiaque.
Que pourrais-je ajouter sur toute la subtilité de ce projet mené par Dan The Automator ? Tout y est magnétique, ensorcelant, enchantant. Rien n'est réellement à jeter, & l'ensemble des tracks permettent de passer l'un des plus agréables moments aux côtés de sa dulcinée. A écouter en aléatoire avec du Gainsbourg & du Sébastien Tellier pour un effet encore plus percutant. Orgasmique.
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