A quoi tient l'achat d'un tome ? La découverte d'une série ? A peu de choses parfois. Dans mon cas elle tient à la lecture des premières pages des Enfants de la baleine et à la prise de contact avec l'univers des quelques 513 personnes qui vivent sur la "baleine de glaise", une espèce de vaisseau dérivant sur un océan de sable. Cet univers ainsi que la tristesse des premières pages m'ont suggérés de tenter le coup, quand bien même la couverture ne m'avait pas vraiment scotché. (Un extrait en ligne est disponible ici.)
Les enfants de la baleine : un manga qui nous emmène dans un futur imprécis. Notre civilisation semble avoir disparu et le sable a tout recouvert. Ne tentez pas de marcher dessus, vous allez vous faire aspirer. Pour se déplacer, outre la baleine de glaise, ses habitants utilisent des barques qu'ils font léviter grâce au saimia : un pouvoir s'apparentant à de la psychokynésie alimentés par les émotions des personnes qui l'utilisent. Revers de la médaille : utiliser ce pouvoir raccourcit l'espérance de vie aussi ses utilisateurs (les "marqués") meurent jeunes... Les non-marqués, par contraste, ne peuvent pas utiliser le saimia mais vivent plus longtemps et commandent donc aux destinées de la baleine de glaise et de sa population.
Parmi cette population se trouve Charuko, un marqué, qui écrit tout le temps ou presque. Il est le scribe du vaisseau, celui qui consigne tout ce qui se passe, afin que la mémoire du vaisseau et de ses habitants ne se perdent pas, qu'une mémoire collective se transmette. A partir de là, une découverte va venir bouleverser la vie, jusque-là presque tranquille du vaisseau dérivant sur le sable et de ses habitants.
Ce premier tome s'est révélé d'une lecture très agréable, les termes utilisés sont expliqués (pas mal sont dérivés du grec), des informations sont fournies sur la baleine de glaise, le saimia... Bref il y a tout ce qu'il faut pour se repérer sans aucune difficulté et accompagner Charuko et les siens dans ce qui les attend. Outre les questions portant sur l'environnement entourant les personnages, le manga questionne aussi la vie que l'on peut mener sur la baleine de glaise (si l'on est marqué ou non-marqué), les émotions et la possibilité ou non de les contrôler... Tout cela est enrobé dans un récit qui avance sans à-coups, avec un dessin qui se révèle efficace et immersif. Ce premier tome passe donc très bien et on tient peut-être là une des bonnes surprises de 2016.
PS : La mangaka Abi Umeda nous donne rendez-vous en fin de volume pour nous expliquer un peu comment elle en est arrivée à fabriquer cette histoire, le scénario qui l'a inspirée... avec des éléments qui m'ont fait penser qu'elle partageait quelques points communs avec H. Arakawa.