"Chronicle" en titre, trois adolescents tapant la pose en affiche, j'ai mis quelques mois avant de lire le synopsis, pensant qu'il ne s'agissait que d'un de ces teen-movies effarants. Pourtant on m'a plusieurs fois conseillé le film, en tant que divertissement pur & dur. C'est ainsi que par ce dimanche pluvieux, je me suis lancé sans a priori dans le visionnage de cette réalisation mystérieuse.
Première chose qui m'est venue en tête : y'a pas à chier, il faut vraiment déconnecter son cerveau pour regarder ce film. Car même s'il présente des caractéristiques intéressantes, "Chronicle" est avant tout la narration d'un morceau de vie d'adolescents américains, donc il y a forcément le lot de clichés habituels, dévergondages & beuveries en tête de liste.
Au-delà de ce point négatif, on entrevoit différentes issues très attrayantes : le concept de caméra-amateur emprunte un chemin bien différent de l'irritante déferlante d'images nauséeuses. Ici, c'est très fluide car l'image est mise en relation avec le pouvoir. Par ailleurs, le thème de la vidéo est surexploité à la fin pour montrer, à l'instar de "Diary of the Dead", la dépendance de la masse à la vidéo-communication : même si une catastrophe d'une ampleur démesurée survient, les gens sont capables de brandir leurs iPhones pour capturer l'instant (ce qui dévalorise le métier de journaliste aha). Sens du partage ? Besoin de savoir ? Ou simplement égocentrisme lié à la compétition ?
Les problèmes sociaux que subissent les superhéros sont mis en avant depuis peu au cinéma ("Kick-Ass", "The Green Hornet", "Spiderman", entre autres), mais aucun des films sortis jusque-là n'était parvenu à mettre le doigt sur le réalisme nécessaire à la crédibilité de ce qu'ils veulent exprimer. "Chronicle" a su prendre le revers de cette difficulté. S'inspirant librement de la série "Misfits" pour son ambiance & sa malléabilité vis-à-vis de la responsabilité chez la jeunesse adolescente, ou encore du manga "Akira" par rapport à l'abus du gain de puissance, le film tape très fort dans son déroulement, ciselé très méticuleusement, gonflant peu à peu les peurs & les pensées des personnages dont les émotions mêlées aux pouvoirs influent sur leur façon de voir le monde. La scène de combat finale vaut son pesant d'or, rien que pour l'apparition publique (& même s'il s'agit d'un copié-collé d'"Akira").
"Chronicle" est donc à ce jour l'une des créations en caméra-amateur les plus originales, reprenant des codes simples & attrapant les influences pour concocter un divertissement plus que correct, sans abus de crédibilité.