Help
7.5
Help

Téléfilm de Marc Munden (2021)

Help est le genre de film à la fois magnifique et terrifiant. Magnifique dans la façon dont il aborde les relations humaines, dans la manière simple et réaliste de les filmer mais aussi terrifiant dans le sujet qui est on ne peut plus d'actualité et ancré dans le présent. L'histoire ne se cache pas derrière la fiction et on prend en pleine face la dure réalité, crue et sans compromis.


Sarah postule dans une maison de soin de Liverpool comme auxiliaire de vie. Elle a envie d'aider les autres et il se trouve qu'elle est douée pour ça. Quelques mois plus tard, l'épidémie de COVID se déclenche et elle va devoir faire face avec ses collègues au dénuement dans lequel se sont retrouvés ces établissements dans les premiers mois de l'épidémie...


Le film est réalisé de façon à avoir une image rappelant le documentaire avec un grain donnant cette sensation de réalisme. Il démarre avec des scènes de vie quotidienne de cet équivalent d'EHPAD en Angleterre pour nous présenter un peu les personnages et nous mettre en situation. Puis arrive le début de l'épidémie et on sent rapidement la frustration du personnel et le dilemme dans lequel ils se trouvent face à cette maladie inconnue et surtout le peu de moyen qu'on leur octroie pour s'en prémunir et protéger les occupants. Le point d'orgue du film est un incroyable plan séquence de 20 minutes (oui, c'est un faux plan séquence, mais ça reste impressionnant) qui nous fait traverser avec le personnage un panel très varié d'émotions, allant de la frustration à la colère en passant par la tristesse et la résignation. Cette scène traduit parfaitement la tension de la situation et la façon dont les nerfs de ces aidants ont été mis à rude épreuve et ce sentiment d'abandon alors que des personnes souffrent.


Une grand force du film réside dans ses acteurs. Jodie Comer a le vent en poupe ces derniers temps mais on comprend ici pourquoi. Loin de la Villanelle de Killing Eve, elle donne ici une prestation extrêmement touchante de réalisme et elle est vraiment bouleversante. On ressent sa détresse dans les moments difficiles mais aussi l'affection qu'elle peut avoir pour ces personnes dont elle prend soin. Dans cette scène de nuit pendant laquelle elle se démène pour aider l'un des pensionnaires, elle est à couper le souffle. Une prestation sans fausse note. A ses côtés on retrouve un Stephen Graham tout en finesse dans le rôle de cet homme atteint d'un Alzheimer précoce. Il incarne ce personnage avec délicatesse et il arrive par un simple regard à en dire beaucoup sur son état. On le sent parfois perdu ou frustré par sa maladie et plein de joie dans ses phases de lucidité au point où on a plaisir à le voir en forme et un pincement au cœur quand sa mémoire lui fait défaut. On ne le voit pas souvent dans des rôles dramatiques mais il s'en sort avec brio.


Seul bémol à mon sens : le dernier quart d'heure. Je comprends l'intention et ça reste intéressant mais je trouve que ça sort l'histoire de ses rails et ça perd un peu le spectateur. Même s'il y a encore de belles scènes autour de la relation des personnages, c'est peut-être un peu longuet.
Malgré cela, j'ai vraiment beaucoup aimé le film, impossible de détourner le regard du début à la fin j'étais à la fois fasciné et horrifié. Cela me faisait penser à d'autres films sur la même thématique comme Contagion par exemple, qui parle d'une épidémie mondiale qui se propage rapidement... et de se dire que ce n'est plus de la fiction donne une toute autre dimension au film et on l'aborde avec un regard vraiment différent. Je conseille fortement, c'est parfois difficile mais vraiment intéressant.

Borboroth
8
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le 24 sept. 2021

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