Je n'avais pas un très grand souvenir de ce film. Rien n'a changé. A la rigueur, je serais un peu plus fâché. Déjà à l'époque de sa sortie, je l'avais méchamment accueilli. Je devais avoir dix ou douze ans, j'étais un fan absolu de Jean-Paul Belmondo. C'était celui qui contribuait largement à attiser la flamme cinéphile du petit garçon que j'estois, mais force était de constater qu'il déraillait complètement. Vouloir être De Funès quand on est Bébel, c'est une faute de goût.

Ce film-là est un échec parce qu'il s'essaie à concilier trois éléments, sinon inconciliables, du moins mal assortis : la théâtre et l'univers de Jean Poiret, les cascades et les coups de poings de Bébel, badaboum, et la frimousse boumesque, boudeuse et encore un peu boudinée de la jeune Sophie Marceau. C'est trop.

De ces trois ingrédients, un seul aura grâce à mes yeux ou plutôt à mes oreilles, celui de Jean Poiret, mais cela, ce n'est pas suffisant. Ici ou là, au détour d'une scène, j'ai aimé, j'ai même souri aux bons mots de la pièce de théâtre d'où est tiré le film. Quelques dialogues nous plongent dans cet univers mêlant astuce et absurde. Ils nous rappellent ces sommets de gourmandises qu'ont pu être les sketchs de Poiret et Serrault et que j'aime à me ré-écouter de temps en temps. On perçoit parfois dans ce film cette intelligence.

Malheureusement c'est bien trop furtif, noyé dans le magma explosif de beauferies, de simagrées d'un Belmondo vieillissant et qui s'essaie là à une comédie qui ne lui va pas du tout. J'ai souvent pensé au Guignolo pendant ce film. On est finalement aussi dans une histoire où le personnage s'englue dans ses mensonges. Mes souvenirs du guignolo sont plus amicaux. Faudrait que je le revois. Sur ces "Joyeuses Pâques", j'ai senti la redite, surtout la sensation d'épuisement et peut-être de l'application d'une recette.

Georges Lautner est un cinéaste que j'aime bien. J'admire même certains de ses films. Quelques-uns sont très bons, inventifs, avec une belle nervosité, de la vie et un sens instinctif de la comédie et de l'image. Ici, rien. Absolument rien. A se demander si c'est bien lui qui l'a réalisé. Incroyable, on ne retient aucune scène, ni même une seule idée séduisante. Le néant total sur le plan de la mise en scène et de la réalisation. J'en suis triste autant que surpris.

Passé la 40aine, mon affection pour Jean-Paul Belmondo ne s'est pas trouvée esquintée par l'âge et les milliers de films vus. Mais ce n'est pas sur ce film-là que je dois compter pour continuer d'apprécier l'acteur. Foutre dieu! J'aimais volontiers chercher le Bébel festif de "Flic ou voyou" voire du "Professionnel". Mais celui-ci me parait totalement à côté de la plaque, un manque de justesse, de certitudes, paumé dans un rôle qui ne lui appartient pas vraiment. Pathétique.

Le summum de ringardise dans ce film est atteint avec ces ralentis répétés des cascades. C'est sûrement ce qui démontre le plus nettement l'espèce de fainéantise qui a présidé à l'élaboration de ce film. Incroyable qu'on ait pu s'imaginer que le public était demandeur de ça, avec un tel scénario!

Comme prise en otage, la jeune Sophie Marceau essaie de montrer qu'elle n'est plus l'ado complexée de "La boum". Mais elle aussi reste confondante de platitude. On va jusqu'à lui demander de montrer du nichon pour le prouver. Son personnage n'a pas grand chose à offrir à la comédienne, ni au public : banale, sans chaleur, ni humour, petit bouchon ballotté par une onde "Belmondo" trop agitée.

En fin de compte, dans le casting, c'est bien Marie Laforêt qui s'en tire le mieux. Son rôle est le seul à peu près potable. Elle a l'avantage de l'expérience et surtout cet air supérieur et très classieux qui lui assure de ne pas paraître aussi crétine que les autres.

M'enfin, voilà, tout cela n'est pas bien folichon, encore moins drôle, c'est même parfois ennuyeux, souvent grotesque. J'y remettrai certainement plus jamais les rétines.
Alligator
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le 17 nov. 2012

Modifiée

le 16 mars 2014

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Alligator

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