Il est, & c'est peu dire, très compliqué d'écrire une critique originale quant à ce film : une bonne partie de mes éclaireurs y ont été tout aussi sensibles que moi & leurs avis ne tarissent pas d'éloges.

"L'Aurore" de Murnau représente à mes yeux la plus belle romance de ce siècle, en ce sens que tout y est beau, ouaté, tendre, sans jamais être mièvre ni atone. Le réalisateur a su appliquer un équilibrage parfait au sein de son oeuvre, de sorte que le rythme est présent, n'étant pas linéaire, mais plutôt discontinu ; mais encore une fois, génialement équilibré afin que le spectateur soit constamment happé par la magnificence émanant du film.
Côté scénario, on ne peut pas dire que la complexité soit de mise : un homme fort peu satisfait par sa vie de campagnard fréquente une dame de la ville, trompant ainsi sa femme ; mais la première lui demande de tuer la dernière.. S'ensuit un flot de sentiments, tels que l'hésitation, la culpabilité, le repentir, le pardon, l'amour du premier jour, la joie d'aimer & de se sentir aimé.., le tout brillamment interprété par le talentueux, expressif & imposant O'Brien & par la délicate, souriante & merveilleuse (comme le souligne si bien @Torpenn ) Janet Gaynor. A travers des scènes très communes que la plupart des couples naissants auront connues, le couple interprète avec brio la revitalisation d'un amour qui s'était estompé au fil du temps, ce traître invisible qui s'infiltre pour faire apparaître la meurtrière routine.
L'image ne prend pas une ride, puisque le film conserve un psychédélisme onirique relatif au ressenti amoureux. On ne cesse d'être envoûté par les yeux ronds de Gaynor, par la tension intérieure de O'Brien, par les "effets spéciaux" de l'époque, par les fondus, par la musique enchanteresse s'insérant le plus naturellement du monde à chaque scène, par les enlacements du couple aux yeux duquel le monde ne transparaît plus que comme un artifice dont il est l'unique centre d'intérêt, par les rebondissements inattendus & l'espiègle attente d'une fin elle aussi incertaine, par la très exacte pesée effectuée pour réaliser un film d'une qualité inébranlable. Là où "L'Aurore" fait la critique acerbe d'un temps inique qui n'a de cesse de détruire le sentiment, il réussit aussi le pari de repousser le temps hors de ses limites & savoir éparpiller sa magie sur le monde près d'un siècle après sa sortie en salles.

J'ai été conquis, j'ai été très ému, j'ai souri, j'ai ri, j'ai failli pleurer & j'ai ressenti une peine sincère pendant mon visionnage. Ce film m'a passionné, & je le considère comme il se doit de l'être, comme un chef-d'oeuvre.
Satané
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le 26 juil. 2012

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le 27 juil. 2012

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Satané

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