L'Espion noir
6.6
L'Espion noir

Film de Michael Powell (1939)

J'ai vu ce film à la télé il y a une bonne douzaine d'années je crois. C'était mon 2ème Powell et Pressburger après une insipide "bataille du Rio de la Plata". Autant dire que je commençais petits bras.


Cependant, je n'avais pas mal accueilli cet espion noir. Celui-là n'est pas insipide! Il fait partie de ces films de propagande que le couple Powell Pressburger a produit avec ferveur pendant la guerre. Certains plus que d'autres offrent quelques aspérités intéressantes qui permettent de dépasser le simple message politique sur la capacité toute patriotique des Britanniques à devancer les plans machiavéliques de l'ennemi.


D'abord, les auteurs ne dessinent pas des Allemands monstrueux. Ils sont même très humains. Les premières scènes pourraient fort bien décrire de sympathiques Britanniques. Or, ce sont bel et bien des Allemands sympathiques qui rêvent de manger du beurre en temps de privation, qui blaguent, qui sont enjoués, de bons camarades en somme, des types qui n'ont rien d'extraordinaires, le commun des mortels. . Jamais au cours du film on n'entendra de discours agressif ou raciste à l'égard de quiconque. Powell et Pressburger décrivent des hommes qui font la guerre par devoir patriotique.


La guerre est une aventure merdique qu'il faut gagner, quelque soit la nationalité du personnage. C'est sans doute ce qui touche dans ce film, les larmes de Valerie Hobson, la relation ambiguë qui se noue entre elle et Conrad Veidt. Et c'est aussi ce qu'on aime chez Powell et Pressburger qu'on retrouvera dans bien de leurs films, cette vision humaniste et d'aucuns diront "réaliste" qui présente un monde complexe, plein de nuances et où les humains jouissent d'une certaine liberté, celle de ne pas s'arrêter aux conventions simplistes. On est très loin d'Hollywood dans ce sens.


Le formalisme du cinéma de Powell, fait de l'habileté technique de ses collaborateurs et bien plus du lyrisme qu'il entend insuffler à son récit, fait de beauté autant naturelle que fabriquée, ce formalisme n'est peut-être pas des plus flamboyant sur cette production. Cette collaboration entre Powell et Pressburger est la toute première, si je ne m'empapaoute. Les Archers n'existent pas encore, la production est encore signée Alexandre Korda. Powell n'a pas totalement trouvé sa voie, son cinéma n'a pas encore abouti à la brillance et l'inventivité auxquelles il aura accès avec de plus grands moyens et une plus grande liberté créatrice.


Aussi, ce film n'est-il sans doute pas à classer parmi ses tous meilleurs. Cependant, il en émerge par moments cette poésie qu'on lui connaîtra, cette capacité à faire du simple et du naturel des éléments caractéristiques et puissants dans son récit. Le film est par instants plutôt bon. Il intrigue souvent, il n'ennuie jamais.


Reste ce petit mystère non résolu, ce lien qui se tisse entre les deux personnages principaux, peut-être un lien amoureux, oui, un amour impossible, un romantisme de guerre, c'est bien dans la veine des Powell et Pressburger!

Alligator
7
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le 29 déc. 2012

Modifiée

le 24 sept. 2014

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Alligator

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