Animation d'exception, "La Planète sauvage" s'inscrit dans la liste des films dont la France peut se pavaner, & qui peut aisément être proclamée oeuvre patrimoniale française, ayant été récompensée durant le Festival de Cannes de 73.
René Laloux réalise une petite perle peu commune, retranscrivant librement un bouquin de Stefan Wul sur imagerie de Roland Topor (autrement bien connu pour son roman "Le Locataire chimérique", adapté en film par Polanski sous le nom de "Le Locataire"). Cette dernière emploie la technique du papier découpé, que certains ont pu par ailleurs remarquer dans l'enchanteresse oeuvre d'Ocelot, "Princes & Princesses". Trêve de données à propos de ce film. Je l'ai connu assez tard, grâce à un clip d'un groupe que j'adule, Solar Bears, dont je recommande hautement l'album (ma critique ici : http://www.senscritique.com/album/She_Was_Coloured_In/critique/15516570 ) : http://www.youtube.com/watch?v=9OoCUcxCw7o . Toutefois j'ai mis quelque temps, malgré mon étonnement quant à l'originalité de l'animation, avant de visionner cette oeuvre, & aujourd'hui je n'ai aucun regret de l'avoir fait : "La Planète sauvage" se révèle être d'une beauté saisissante. Mêlant un dessin d'un surréalisme qui pourrait faire pâlir nombre d'artistes actuels à une musique de laboratoire psychédélique (que je connaissais d'ailleurs, au travers de samples d'artistes qui me sont chers, mais dont, dans l'immédiat, je ne parviens pas à me rappeler aha), il m'est rarement arrivé d'assister à une telle mise en relation intrigue/image. Rien n'est superfétatoire, Laloux sait exactement à quoi s'en tenir, & ce en dépit d'un scénario au goût de déjà-vu (il fait notamment penser à "La Planète des singes").
L'ensemble s'avère hypnotique, peut-être un peu trop, provoquant parfois une certaine incompréhension, presque lassante ; mais Laloux sait ne pas s'empêtrer dans la mélasse & s'en sort quasiment indemne, proposant une animation concise, courte, authentique & d'une qualité rare. Ce serait presque oiseux d'ajouter que cette oeuvre suscite un émoi hors-du-commun, en cela que l'on ressent un mélange stupéfiant entre pitié & prise de conscience concernant l'être humain, particulièrement lors des scènes d'extermination. Finalement, "La Planète sauvage", en dehors du divertissement fort agréable, porte à réflexion quant à la condition humaine, & plus précisément quant à notre nature, bien trop dédaigneuse au sujet de "ce qui n'est pas nous", ou de "ce qui n'a pas notre savoir, notre intelligence". Une oeuvre presque visionnaire réalisée par un homme dont l'esprit critique est tout à fait singulier.
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