Lost River, le premier film de Ryan Gosling présenté au festival de Cannes en mai dernier, a énormément polarisé. Ce film dépeint Billy, une mère célibataire qui élève ses deux fils, Bones et Franky, dans leur maison familiale d’une ville fantôme à l’atmosphère angoissante, désertée par ses habitants qui ne résistent pas à la conjoncture économique.
On ne remarque pas tout de suite à quel point Gosling maitrise avec brio cette atmosphère profondément angoissante, qui, montant en crescendo, provoque un profond malaise chez le spectateur et l’amène à une forme d’empathie envers même les personnages les plus cruels. Ces personnages, on en déplore le manque de profondeur qui se ressent dans des rares dialogues souvent fades. Globalement, le spectateur sent bien que l’accent de ce film n’est pas porté sur l’écriture mais sur la réalisation.
Et cette réalisation est terriblement lourde, profuse, notamment dans la première demi-heure, comme si Ryan Gosling essayait de prouver qu’il en était capable. Le problème se trouve dans le soulignage grossier des émotions par l’accumulation de plans travaillés : il suffit de voir l’alternance entre les pleurs de Billy et la destruction de la maison voisine filmée à coups de GoPro.
Malgré tout, la force de Lost River réside dans son onirisme, que la mise en scène, cette fois, soutient parfaitement mais également dans sa capacité à se remettre soi-même en question. En effet les scènes sanglantes de prestidigitations de font que rappeler au spectateur le caractère fictif de ce qu’il regarde. Par extension c’est le long-métrage entier qui prend la forme d’une fable à interpréter.
Finalement, Lost River est, certes, à des années-lumières un chef-d’œuvre, mais cette première expérience de réalisation laisse espérer de beaux films futurs.