La nuit, je mens.
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Lost in Translation est une errance dans l'inconnu mais aux décors qui semblent d'abord étrangement familiers : les ponts à haubans éclairés, les grandes avenues, les écrans et les néons des publicités, les lumières de la ville, les halls, les chambres et les couloirs des hotels. Tout semble identique des deux côtés du Pacifique. Mais ces deux solitudes soeurs plongent malgré tout en apnée dans une culture étrangère et étrange, dont elles ne comprennent ni le langage ni les traditions. Une culture qui n'existe que par les clichés d'un Mont Fuji en toile de fond, de temples tranquilles, des salles d'arcade, des karaokés, des ramifications d'une Tokyo tentaculaire aux carrefours bondés et aux piétons disciplinés.
Bill Murray fait ce pour quoi il est le meilleur : incarner Bill Murray, avec son air d'éternel Droopy distrait et blasé. Et une voix délicieusement féminine déjà imperceptiblement éraillée. La beauté de Scarlett Johansson irradie, encore nature et juvénile. Un peu revêche, encore rêveuse, les joues rondes et les lèvres gourmandes épanouies telle une rose Madame Grégoire, adorable quand elle se couche en chien de fusil, les pieds nus. C'est que Sofia Coppola se nourrit de tous ces petits détails et les rend beaux, indispensables, commes ces sourires fugaces, ces regards pendant un instant remplis de promesses...
Ils se cherchent comme deux adolescents qui ont besoin l'un de l'autre pour tromper leur ennui, leur solitude, leur isolement. Petit mot sous la porte, regards complices, mises en boîte et réflexions sur leur vie respective. Ils se retrouvent et se complètent dans une atmosphère nonchalante et agréablement ouatée. Chaque confrontation à l'environnement asiatique les rapprochent dans leur complète incompréhension de ce qui les entoure, tout comme leurs contacts en points de suspension avec ceux qu'ils aiment. Ils se regardent et ne se parlent pas. Les baisers s'esquivent. Ils se disent au revoir, sans s'avouer ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre. Un dernier regard, comme pour lui dire de se retourner. Il ne la reverra plus.
Puis la chance de la reconnaître dans la foule. Être magnifique et unique. Il la prend dans ses bras et la serre contre lui. Moment magique dans le détail : elle se dresse sur la pointe des pieds. Et comme Scarlett, mes yeux se remplissent de larmes qui ne veulent pas couler. Ultime moment émouvant et tactile d'une grâce infinie, juste avant que chacun ne reprenne sa route.
Behind_the_Mask, embué.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les plus belles plumes au service de la critique, Aux grands films, le cinéphile reconnaissant., Une scène, un film et Pour moi, 2015, c'était...
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le 19 août 2015
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