La truffe ne fait pas le truffier...

Pig est le genre de film qu'on ne s'attend pas forcément à aimer, et au final il est tellement atypique qu'on se laisse porter par cette histoire à la fois simple et surprenante. D'un sujet vraiment basique, il va en découler beaucoup de poésie et si on peut partir sceptique on va rapidement se laisser embarquer dans cette quête en suivant le personnage sans vraiment se poser de question, juste pour voir ce qui va en découler.

Rob vit dans les bois en compagnie de son cochon truffier. Une fois par semaine pendant la saison, il vend ses trouvailles à un jeune homme de la ville voisine qui en fait son commerce. Une nuit, des personnes s'introduisent chez lui, volent son cochon et le laissent inconscient sur le sol de sa cabane. Rob ne peut pas abandonner son cochon, il part donc à la recherche des ravisseurs, bien déterminé à ramener sa bête à la maison.

Raconté comme ça, on pourrait presque s'attendre à un scénario de comédie donnant lieu à des aventures rocambolesques bourrées de rebondissements. Il n'en est rien, le film est bien un drame et la trame de fond est bien plus complexe que ce que le point de départ laisse penser. L'histoire avance et nous fait découvrir des personnages à plusieurs facettes qui sont au final vraiment intéressants et profonds. J'ai beaucoup apprécié la construction de l'histoire qui nous dévoile la vraie nature des personnages en même temps que les deux protagonistes apprennent l'un sur l'autre mais aussi l'un de l'autre. Le spectateur fait ainsi partie de « l'aventure » et il se sent plus impliqué tout en arrivant à se mettre à la place des personnages, en particulier de Rob.
Le rythme s'adapte bien au propos et le film étant court dans les standards actuels (1h30) il n'y a pas de perte de temps, chaque scène est là pour faire avancer l'histoire. On reste quand même sur un rythme assez lent mais on ne s'ennuie jamais car il y a toujours du sens dans ce qui est filmé. En soi, il n'y a rien de spectaculaire mais j'ai trouvé l'image vraiment belle, bien travaillée avec une attention particulière à la luminosité pour mettre en contraste les différentes atmosphères.

Ce n'est pas le genre de film avec des dialogues interminables, c'est assez minimaliste même, le personnage principal ayant le caractère de l'homme des bois il est peu causant et va droit à l'essentiel, sans prendre de détours. Pour autant, on retrouve de jolis échanges et quelques paroles ou dialogues font mouches. Nicolas Cage n'est pas étranger à cela car sous une bonne direction d'acteur, il arrive à être vraiment bon et très touchant. On sait que l'acteur a quand même tendance à surjouer mais ici il est dans son rôle avec beaucoup de justesse et de finesse, ce qui le rend vraiment crédible face à la situation. Le duo avec Alex Wolff est assez improbable et très honnêtement au départ je ne voyais pas comment ça aller marcher. Et pourtant ça fonctionne vraiment bien, car les deux acteurs arrivent à faire évoluer leurs personnages pour qu'ils s'adaptent finalement l'un à l'autre et sans forcément créer une synergie, ils arrivent à avancer ensemble et à s'apporter des choses l'un l'autre. Il se crée entre eux une connivence de circonstance et c'est très bien amené.

J'ai trouvé le film très touchant et ai été agréablement surpris car je ne m'y attendais vraiment pas. Plus que la quête du cochon perdu, il s'agit d'une quête de soi pour les deux personnages qui vont s'appuyer l'un sur l'autre pour aller de l'avant et se découvrir ou redécouvrir. Loin des sentiers battus du cinéma hollywoodien, on a droit à un Nicolas Cage dans un rôle comme on aime le voir, sensible et intelligent. Je conseille ce métrage, en particulier à ceux qui aiment les films poétiques et relativement calmes. Une belle découverte.