Un film de Claude Lelouch, c'est toujours un événement, sauf pour moi, car je suis un inculte qui n'avait vu aucun de ses films jusqu'à maintenant, par pur désintérêt je dois l'admettre, mais ce film risque certainement m'orienter vers le reste de sa filmographie. Pas parce que le film m'a bluffé de A à Z, mais parce qu'il m'a suffisamment convaincu sur le talent du monsieur pour que je m'intéresse un peu plus à son travail, car en 50 ans de carrière, il y a peu de chances pour que je ne trouve pas chaussure à mon pied.
Mais passons l'introduction pompage de dard et attardons nous sur le film en lui-même si vous le voulez bien. Un Plus Une suit Antoine, interprété par Jean Dujardin, un compositeur de musiques de film qui part en Inde pour travailler sur un nouveau projet, et qui va tomber amoureux d'Anna, jouée par Elsa Zylberstein. Le hic étant que les deux sont en couple, l'un avec Alice, une pianiste française, (Alice Pol), l'une avec Samuel, ambassadeur français en Inde (Christophe Lambert).
Si les scènes ne sont pas improvisées, de l'aveu du réalisateur, elles sont écrites d'une telle façon à ce qu'on puisse croire qu'elles le sont. Les acteurs disparaissent totalement derrière leurs personnages, et l'alchimie entre Elsa Zylberstein et Jean Dujardin transperce l'écran. Seul Christophe Lambert est parfois à la ramasse, voire presque gênant sur la fin. La relation entre les acteurs permet de rendre ce film réaliste, ça plus le choix de tourner directement en Inde, sans figurants, la scène du pèlerinage pour rejoindre Amma est ainsi totalement vraie, les acteurs ayant dû faire la queue comme tout le monde pendant des heures pour recevoir le darshan, Amma ayant accepté de jouer son propre rôle à la condition que le tournage ne bouleverse rien. Le film nous propose ainsi une petite réflexion sur la spiritualité, sur ce qui pousse les gens à voyager à l'autre bout du monde dans le simple but de rencontrer une entité quasi divine.
Mais avant tout ce film est une histoire d'amour, pas le genre d'histoire d'amour qu'on peut trouver dans le nombre incroyable de mauvais téléfilms qui pullulent sur TF1 et M6 en début d'après-midi, mais un histoire réaliste. Deux personnes en couple qui s'entendent parfaitement dès le premier regard, qui savent ce qu'ils sont en train de faire mais se retrouvent obligés d'affronter leurs sentiments. Deux personnages vivant un amour éphémère, mais qui restera longtemps ancré au sein de ces personnages.
Je retiens aussi de ce film la lettre d'amour du réalisateur envers les compositeurs de musiques de film, qui semble particulièrement destinée à son collaborateur privilégié Francis Lai, à travers le personnage principal déjà, mais aussi grâce à de nombreuses citations au cours du film qui mettent en valeur l'importance culturelle des compositeurs actuels. Un film superbement orchestré (eheh), par une mise en scène très rythmée, Lelouch préférant montrer plutôt que raconter, le tout sans un repère visuel nous signifiant que le film fait un bond dans le passé, même chose pour les scènes de rêves. Le film donne ainsi l'impression de ne jamais s'arrêter, sans en être écœurant. Le tout est sublimé par la superbe photographie de Robert Alazraki, certains plans étant à tomber par terre.
Au final, Un plus Une est une excellente surprise, si le film est loin d'être un chef d’œuvre, je le trouve quasiment dénué d'imperfections, il aborde avec justesse différents thèmes et nous propose un voyage à travers l'Inde en suivant un casting très convaincant. Assurément l'un des meilleurs films français sorti cette année, une belle bouffée d'air frais qui devrait en ravir plus d'un (plus une).