« Rajoute ”Salope” ça aura plus d’impact »
J’ai re-terminé Bayonetta, titre que j’avais déjà adoré lors de mon premier essai il y a de cela facilement 3 ans. Je ne vais pas tergiverser, j’avais adoré Bayonetta pour une raison qui m’échappait jusqu’à maintenant. La seule chose dont j’étais sûr, c’était de la présence de ce petit rictus au coin de mes lèvres lorsque les crédits de fin ont décidé de remonter le long de mon écran de télévision.
La raison pour laquelle j’ai aimé ce jeu au final ? C’est simple, je l’ai maitrisé ! Bien que cela puisse paraître complètement égocentrique il n’en est rien. Bayonetta est un jeu qui ne fait pas de cadeau. La première fois que vous jouez, en mode normal, vous allez vous faire démonter dès le début du jeu. C’est sa façon de vous dire qu’il va falloir apprendre à maitriser la belle qui vous sert d’avatar. Les game-over s’enchainent, on s’accroche, on lâche pas, on va le faire flancher le jeu, au bout d’un moment ça va passer.
A titre d’exemple, la seule chose qui change vraiment entre les premiers chapitres et les derniers, c’est les nouveaux ennemis, en dehors de ça, rien de nouveau sous le soleil. La différence véritable ? Vous-même, manette en main, esquives parfaites, combos dévastateurs appris sur le bout des doigts, enchainements impeccables, bref la maitrise. Et le jeu nous récompense car dès lors qu’on revient au début du jeu, on réussit à, au moins, avoir les médailles d’or. Rien n’est plus agréable que de sentir le jeu nous caresser les cheveux en nous murmurant doucement qu’on est devenu meilleur, pas forcément bon, juste meilleur. Et c’est là que se trouve tout le plaisir du jeu. Dans cette connaissance que l’on construit au fur et à mesure, dans cette puissance que l’on acquiert par nous-même, dans cette facilité à faire danser Bayonetta lors des derniers niveaux. Bien sûr vous mourrez, mais vous apprendrez de vos erreurs, vous pesterez contre vos ennemis avant d’avoir le plaisir de les voir exploser comme une grenade remplie de sang.
Ce qui est d’autant plus intéressant c’est qu’à peine vous aurez maitrisé quelque chose, que le jeu vous mettra un obstacle encore plus grand devant vous. Mais cet obstacle en plus d’apprendre à le surmonter, vous allez devoir faire appel à vos connaissances juste acquises. Tout cela pour dire que le gameplay est parfait. Il est à la limite, il marche sur la frontière de la simplicité et la profondeur. Car, comme tout le monde, au début vous allez jouer de manière simple, puis peu à peu vous comprendrez que jouer avec les différents sets d’armes n’est pas aussi inutile que ça, pire encore, cela rend l’ensemble encore plus jouissif.
De plus, le jeu ne se repose pas sur ses acquis et tente de se renouveler en permanence avec, par exemple, une espèce de course folle en moto, un combat sur un skate ou alors une scène sur un missile lancé à toute allure. On est surpris, tout le temps par l’inventivité des différentes scènes proposées.
En ce sens, le scénario sert parfaitement le jeu puisqu’il permet le grand guignol, le débile et vous met face à des ennemis au design complètement dingue (le sens que pourrait prendre ici le mot vous revient de droit). Du coup le joueur lèvera tout juste le sourcil quand il tombera face à des boss qui font 200 fois sa taille. Après tout le scénario est débile, je ne vois pas le problème.
Mais vous vous en doutez bien, il y a un problème. Les cinématiques sont bien trop longues et le scénario a tendance à se prendre trop au sérieux. Bien sûr l’ensemble permet des boss de folie, cela permet aussi de donner la réplique à Bayonetta qui campe parfaitement le rôle de sorcière hyper-sexualisée – je trouve d’ailleurs que c’est un magnifique pied de nez à God of War. Mais le scénario s’attarde trop à développer son propos pendant des cinématiques pouvant durer jusqu’à 10 minutes. Dans ces cas là, c’est juste long. Car oui en dehors du grand guignol qu’il permet, le scénario est assez grave dans ce qu’il essaie de traiter. Je ne dis pas que les thématiques sont profondes bien sûr, je dis juste que la trame de fond est sérieuse. Et le problème c’est que Bayonetta, malgré ses excellentes répliques, ne peut soutenir cette histoire bancal à elle seule. L’ensemble est finalement assez débile ce qui, paradoxalement, est une bonne et une mauvaise chose à la fois.
Le débile et le côté over-the-top sont d’autant plus accentués avec la musique. Je dois dire que je m’attendais pas vraiment à entendre du jazzy ou du… n’importe quoi. Tenter de décrire la musique de ce jeu c’est un peu comme comprendre la fin de Mulholland Drive, c’est impossible. Ca part dans tous les sens et pourtant ça reste étrangement cohérent dans sa finalité. Se côtoient donc trompettes, guitares, synthés et autres instruments qui donnent une identité musicale très marquée. Du coup faire du lap-dance pour latter les ennemis en entendant une musique funky dans le fond ne gênera personne.
Mais pendant les boss, le jeu sort le grand jeu. On range le guignol, on sort le piano, les violons et les chœurs. Là où les autres combats sont des entrainements, les boss sont le vrai défi, donc il faut une musique sérieuse, il faut que le joueur se concentre car la vie descend très vite et malgré tous ses efforts, s’il n’est pas à fond dans le combat, il aura de grandes chances de perdre. Du coup le néo-classique – je sais que ce n’en est pas vraiment - semble adapté à ces démons paradisiaques pas dénués d’une certaine classe.
En parlant de cela, les graphismes sont tout aussi particuliers. Le jeu est assez fin mais donne une impression baveuse. Le côté terne est peut-être la raison de ce ressenti mais je n’arriverais pas à dire si le jeu est beau ou moche, il est spécial. Le chara-design est fabuleux et les décors sont beaux et pourtant l’ensemble ne fait jamais rêver. Volonté des graphistes ou ressenti totalement personnel ? Je ne saurais le dire. Il est juste à noter des baisses de frame-rate parfois gênantes sur PS3, la version ayant été faite au rabais.
Bayonetta n’est pas sans défaut pour sûr. Le plus gros et le plus frustrant reste ces QTE de la mort. Elles apparaissent au beau milieu d’une cinématique, dans ces moments où vous avez lâché la manette et ne laissent qu’une demi-seconde pour être exécutées sans quoi vous mourrez. Et quand on sait qu’une mort coute très cher au tableau des scores à la fin, il y a de quoi rager.
L’autre défaut, un peu plus mineur, reste ces deux chapitres hors-sujet qui permettent aux développeurs de réutiliser certains décors. Au moment où l’on foule pour la première fois ces niveaux, on a tendance à se dire que le rythme du jeu retombe un peu et qu’il y a du remplissage. Et à vrai dire ce n’est pas tout à fait faux.
Mais au diable ces petites tares et cette caméra qui se perd de temps à autre, saluons plutôt les prouesses du jeu. Le gameplay aux petits oignons qui n’est rien d’autre qu’une lettre d’amour destinée à ceux qui aiment le beat’em all. Cela ravira tous les habitués du genre qui trouveront assez de profondeur pour suffisamment s’amuser, encore plus dans les difficultés supérieures, et les novices pourront finir le jeu sans pour autant dire n’avoir rien compris aux combos. C’est à coup de coups de pied dans la gueule, de tirs de shotgun à bout portant et de lames qui tranchent l’estomac que Bayonetta marque sa présence sur la 7ème génération de console s’inscrivant ainsi parmi les meilleurs du genre. Et à vrai dire, c’est aussi pour cela et pour son rythme effréné lors des combats que le jeu m’aura conquis.