La Claire Fontaine
7.1
La Claire Fontaine

livre de David Bosc (2013)

En 1873, Gustave Courbet, qui avait déjà purgé une peine de six mois de prison à Sainte-Pélagie deux ans auparavant, pour sa participation active à la Commune, fut abusivement condamné par Mac-Mahon à rembourser les frais de reconstruction de la colonne Vendôme, frais estimés à 323 000 francs.

Il préféra alors se refugier en Suisse, où il mourut en 1877, un exil et une fin de vie évoqués dans ce récit, sous une plume au toucher précis et soyeux de pinceau, par un écrivain qui a l’œil d’un peintre. Ces dernières années ne furent sans doute pas les meilleures du peintre Gustave Courbet, tentant sur les bords du lac Léman de trouver des sujets «vendables» et peignant à la chaîne.

Mais David Bosc donne chair à un homme qui, lorsqu’il ne peint pas – isolé et englouti dans la grande Nature -, devient un fanfaron, vantard certes, mais généreux et drôle, qui dévore la vie avec exubérance, un amoureux des baignades et de la vie sociale, un homme qui ne demande rien, et qui est avant tout épris de liberté.

«Courbet porte témoignage de la joie révolutionnaire, de la joie de l’homme qui se gouverne lui-même, et c’est une source vive. Il chérissait le souvenir des heures de la Commune où le gros ver de la peur, enfin, creva sous le talon des femmes en cheveux, des hommes en bras de chemise, et des enfants sur lesquels chacun veillait.»

«Après avoir dûment constaté la mort du peintre, le 31 décembre 1877, le docteur Paul Collin rédigea pour mémoire un témoignage honnête, un examen du corps et de l’esprit de son patient, le rapport minutieux des circonstances de l’agonie. Décrivant Bon-Port, il s’émut de ce que, «détail assez triste», le lit de Courbet «n’avait qu’un seul matelas». Une ou deux chemises, un matelas, point de breloques au gilet comme en portait Bruyas, point de montre, ni flanelle sur les reins ni zibeline au col. Ils furent nombreux à relever le dénuement de cet étrange contemporain. On en était d’autant plus frappé, et pour tout dire, blessé, qu’il semblait volontaire, ou pire, la conséquence d’une liberté. Les pauvres avaient au moins le tact d’avoir envie de toutes les choses dont ils étaient privés. Tandis que celui-là vous gâchait le plaisir par son indifférence, par ce ni chaud ni froid que lui faisait toute marchandise.»
MarianneL
7
Écrit par

Créée

le 30 oct. 2013

Critique lue 850 fois

7 j'aime

1 commentaire

MarianneL

Écrit par

Critique lue 850 fois

7
1

D'autres avis sur La Claire Fontaine

La Claire Fontaine
Rasp
5

Critique de La Claire Fontaine par Rasp

C'est la biographie romancée de Gustave Courbet (ses cinq dernières années, en Suisse, où il s'exile après la Commune). Le style, économe et un peu précieux, n'est pas déplaisant, mais aurait...

Par

le 27 sept. 2013

2 j'aime

La Claire Fontaine
ALIQUIS
6

Critique de La Claire Fontaine par ALIQUIS

Le style m'a empêché de rentrer pleinement dans ce livre. J'ai trouvé ça un peu trop lyrique, trop ampoulé, ce qui fait perdre de l'impact à cette jolie histoire. Néanmoins, on sent une maîtrise et...

le 15 févr. 2015

La Claire Fontaine
jerome60
7

Critique de La Claire Fontaine par jerome60

Juillet 1873. Gustave Courbet passe la frontière suisse avec son élève Marcel Ordinaire. Le maître fuit la France et les tracasseries causées pas sa participation à la Commune de Paris. Condamné par...

le 19 janv. 2014

Du même critique

La Culture du narcissisme
MarianneL
8

Critique de La Culture du narcissisme par MarianneL

Publié initialement en 1979, cet essai passionnant de Christopher Lasch n’est pas du tout une analyse de plus de l’égocentrisme ou de l’égoïsme, mais une étude de la façon dont l’évolution de la...

le 29 déc. 2013

36 j'aime

4

La Fin de l'homme rouge
MarianneL
9

Illusions et désenchantement : L'exil intérieur des Russes après la chute de l'Union Soviétique.

«Quand Gorbatchev est arrivé au pouvoir, nous étions tous fous de joie. On vivait dans des rêves, des illusions. On vidait nos cœurs dans nos cuisines. On voulait une nouvelle Russie… Au bout de...

le 7 déc. 2013

35 j'aime

Culture de masse ou culture populaire ?
MarianneL
8

Un essai court et nécessaire d’un observateur particulièrement lucide des évolutions du capitalisme

«Aujourd’hui il ne suffit plus de transformer le monde ; avant tout il faut le préserver. Ensuite, nous pourrons le transformer, beaucoup, et même d’une façon révolutionnaire. Mais avant tout, nous...

le 24 mai 2013

32 j'aime

4