Persuasion - le roman qu'on déteste et adore.
Bien étrange ce roman posthume de Jane Austen qu'elle n'a, par conséquent, pas pu retoucher avant sa parution. Bien étrange également nos réactions en le lisant.
De fait, je l'aime moins et bien plus que les autres (oui Madame Contradiction).
Les premières impressions que font ce livre, c'est qu'il s'agit d'un exercice d'écriture. Ecrire à la manière d'Austen. Bien que très réussi (bien que les critiques disent que c'est un roman qui ne reprend pas la trame des autres). Et à la suite de cette première idée on remarque que ce livre est bien moins ancré dans le XIXème siècle, il pourrait très bien être transposé au début du XXème ou encore de nos jours. Ce qui est déroutant et plaisant.
Ce livre m'a d'ailleurs fait penser à un scénario de film, j'y voyais déjà les séquences, les champ/ hors champ, les retournements de situation. C'est donc à la fois un livre très austenien et beaucoup plus que cela (j'ai pas encore tranché).
Néanmoins les dialogues et remarques sont moins mordantes, c'est un ouvrage plus posé et moins critique. Ce qui peut plaire car l'enthousiasme chaleureux de la famille Musgrove, qui peut parfois être déplacé pour l'époque, est absolument adorable et j'étais ravie que l'acerbe écriture de Jane Austen ne l'entaille pas.
Mais après un temps (un ou deux jours), après avoir vibrée à la fin (les palpitations avant chaque fin austenienne étaient quand même présentes) on est pris d'élans d'amour frénétique pour l'ouvrage.
Pourquoi ?
Parce que cette héroïne est fantastique. Beaucoup plus libre, plus intelligente, plus intéressante, jamais cruche et plus débrouillarde que toutes les autres héroïnes lues jusqu'ici. Malgré son père baronnet, elle ne rentre pas dans le carcan des mœurs fermées de l'époque et comme elle est invisible aux yeux de sa famille elle gagne en liberté. C'est une fille discrète, maline qui ne se fait pas remarquer et pourtant au fil de l'histoire on se rend compte que tout le monde l'aime et reconnait sa supériorité.
Les personnages, toujours haut en couleur, sont présents comme de coutume, personne n'est particulièrement détestable, seulement ridiculement drôle pour certains et d'une joie communicative pour d'autres.
Et surtout il y a dans dans Persuasion de la virilité... Et oui parce que l'univers féminin de Jane Austen manque un peu de points de vue masculin (j'aurai aimé qu'elle écrive un livre avec un homme pour narrateur). Il y a enfin de la testostérone ! Bon n'allez pas imaginer des duels, du sang versé, l'honneur vengé mais il y a au moins l'évocation de vie aventureuse, des hommes qui ont vus du pays grace aux nombreux marins (seul type de personnage qui regroupe toutes les qualités humaines, les seuls a ne pas en prendre pour leur grade avec la plume de l'auteur). Les personnages masculins en sont bien plus attractif que ceux régissant un domaine ou forcant un jeune homme à épouser sa filles. C'est ce qui m'a plus aussi chez Anne (âgé de 27 ans - très vieille dame vu de mes 26 ans) c'est que les personnages ont du vécu.
Et il y a le Capitaine Wentworth... Ah... Je ne dirai qu'une chose, c'est que je ne pensais pas possible qu'un jour Mr Darcy ne tienne plus la première place dans mon petit cœur de lectrice... Mais j'ai bien peur qu'elle lui ai été ravie.
Je conseil donc Persuasion à ceux qui n'aurait pas aimé un autre livre de Jane Austen.