Il est rare de se retrouver dans des séries qui s'imposent la contrainte d'une action qui se déroule à huis clos. Mais malgré cette difficulté, la série est brillamment réussie. Ce qui n'est guère étonnant pour une série diffusé par HBO. Comme d'autres programmes HBO (Six Feet Under, You Don't Know Jack, Etc), bien que le sujet traité soit difficile à mettre en images le réalisme des situations demeure saisissant. On est véritablement ancré dans l’intimité de ce psy et de ces patients. Comme si ils existaient réellement.
Vous vous doutez bien qu'elle ne pouvait être une série réussie qu'avec des acteurs de grandes qualités puisqu'on ne s'intéresse qu'à ça, et c'est clairement le cas. Ceci dit, ce n'est pas parce que la série ne se déroule qu'avec quelques plans de caméras qu'il n'y a pas pour autant la recherche du plan parfait pour nous faire partager au mieux les émotions des acteurs.
Avant de parler des acteurs/personnages de cette série, il faut bien expliquer une chose : Chaque jour de la semaine (du lundi au jeudi) est destiné à une patiente, qui a son rendez-vous à horaire fixe. Quant au vendredi, c'est Paul Weston qui consulte à son tour. Et c'est là que l'on trouve l'idée extrêmement ingénieuse de la série. Si du lundi au jeudi, le psy a un regard extérieur, objectif, presque impassible devant les patients, la séance du vendredi nous permet d'en savoir beaucoup plus sur les jours précédents puisque Paul Weston peut s'exprimer à son tour sans limite.
Ainsi, on se retrouve devant une autre prouesse : Il est tout à fait envisageable de ne regarder les séances que d'un seul patient (et zapper les autres) puis de passer directement au vendredi. Vous ne perdrez jamais le fil de la série. Simplement, l'expérience deviendrait alors différente : Nous prendrions le même point de vue extérieur de la psy de Paul pour nous baser uniquement sur le regard qu'il porte vers les patients afin de les imaginer. Ce qui aurait une forme encore plus "littéraire" que la série ne l'est déjà. L'idée m'aura d'ailleurs effleurée un moment.
Cette solution pour le moins originale, si j'en parle, c'est que certains patients sont malheureusement moins intéressants que d'autres. Les séances du lundi et mardi se dévorent avec excès, et c'est d'ailleurs celles-ci qui occupent la majorité des discussions lors de la séance du vendredi (Paul Weston et sa psy).
Brièvement, les personnages, en commençant par les deux plus intéressantes selon moi :
Laura, une femme "perdue" dans sa vie, ses sentiments, qui s'est vu fixer un dernier ultimatum par son mari : Le mariage ou la séparation. La tension est forte avec Paul, puisque celle-ci est amoureuse de lui. Laura est interprétée par l'excellente Melissa George à voir dans la série australienne The Slap ()http://www.senscritique.com/serie/The_Slap/critique/12851336 ou Mullholland Drive : Son jeu d'actrice ne peut laisser insensible.
Alex, un pilote d'avion de la Navy qui revient de la guerre en Irak. Il y a tué 16 jeunes mais il ne se sent pas coupable pour autant : Il a exécuté les ordres des supérieurs avec une précision chirurgicale, c'est tout. Paul Weston va peu à peu réussir à briser ce mur inébranlable qui fait face à lui.
Sophie, une jeune fille avec un radieux avenir dans la gym mais qui vient d'avoir un accident. Si elle vient alors voir Paul, dans un premier temps, c'est par obligation : Il lui faut un bilan (positif) de sa santé mentale avant de reprendre la compétition. Car en effet, l'accident n'en était pas un : Sophie l'a volontairement provoqué. Pourquoi ?
Jake & Amy : Ils sont là pour une thérapie de couple, Jake est touchant, moins Amy. Les situations sortent moins de l'ordinaire que les précédentes et ne prennent pas une place aussi grande dans l'esprit de Paul Weston. C'est pourquoi cette journée reste moins intéressante. D'autant plus que le lendemain est la journée où Paul Weston consulte à son tour une psy pour reprendre confiance en son travail avec les patients, et sauver son couple. La situation est donc plus ou moins similaire à celle de Jake & Amy. Cependant, n'allez pas croire que cette journée ne réserve pas des moments d'émotions. Ils sont bien là, mais moins fréquent, et arrivent plus tard.
Dans tout les cas, une part de vous se retrouvera forcément dans l'un de ces personnages. Parce que dans In Treatment, il est à peu près question de tout ce qui fait la vie - sauf si la votre est parfaite, ce que je vous souhaite. Ainsi, si ma critique des personnalités ci-dessus me semblent objective, cela n'empêchera pas certains d'entre vous d'être plus sensibles à une adolescente en souffrance avec elle-même et ses parents ou à un couple qui s'est aimé mais désormais perdu plutôt qu'à une femme "déraisonnablement" amoureuse de son psy.
En condensé, si il y'a beaucoup d'éloges à faire sur cette série gardons à l'esprit qu'elle doit se consommer avec modération du fait de son concept particulier (huis-clos) et de son rythme lent. Contrairement à d'autres séries, et même si je l'ai parfois fais pour cette série, se faire une soirée "In Treatment" en passant plusieurs heures de suite dans une salle de psy n'est pas à la portée de tous. Il faut d'ailleurs savoir qu'elle a été diffusé en respectant l'échelle du temps de la série : Un épisode par jour du lundi au vendredi pendant 9 semaines (43 épisodes dans la saison 1). Et là, c'est vraiment l'idéal à faire. J'en serai même jaloux de ces américains qui ont vécu la série au jour le jour.