On ne connait pas toutes les intentions d'AMC et des producteurs, mais on retrouve sans un doute des points communs avec la série Mad Men. Halt & Catch Fire à la lourde tâche de la remplacer dans le paysage télévisuel, et dans nos coeurs.
Tout d'abord, les deux séries reprennent une époque passée, dans des décors majoritairement en milieu clos. Ici, on se contente souvent d'une maison, un appart' de geek. L'une comme l'autre intègre au centre de la narration un profil masculin séducteur et manipulateur cachant un passé sombre. Pour autant, les femmes sont au centre du scénario. Comme progressivement ce fut le cas dans Mad Men, la série met en avant l'ascension de deux femmes. Ce n'est pas ce que laissait penser notre vision de l'Histoire de l'Informatique.
A partir d'un synopsis qui ne semblait pas être grand chose, une magie identique à celle de Mad Men prend forme. Dans un premier temps, on peut déjà souligner que la narration autour des différents projets informatiques des personnages est réussie. On est à une époque où l'informatique en est à ses débuts, ce qui permet de laisser le spectateur dans l'inconnu et la surprise. La lutte des classes et intellectuelle entre les "premiers geeks" et les premières grosses entreprises (IBM, plus tard Apple). On ne peut pas prédire de quoi sera fait le lendemain (et donc le prochain épisode). Il y'a donc une dimension dramatique pertinemment utilisée d'épisode en épisode. Et mieux, la série vise plus large que le public geek, ce qui n'est pas forcément le cas de la série "Mr Robot". Halt & Catch Fire veut rester à la portée de tous.
Si l'informatique est au centre de la série, c'est aussi le prétexte pour raconter une lutte qu'on pourrait tout à fait appliquer à partir d'un autre thème. On se prend d'amitié pour ces personnages passionnés, qu'importe que le sujet soit l'informatique et qu'il ne vous passionne peut-être pas. Il y'a une question philosophique là-dessous. Ils sont prêts à lutter pour leurs idées et mourir avec, bien que confrontés à de nombreuses difficultés (économiques, matérielles) qui sont le départ d'une bonne partie de la "drama" de la série. Pour le coup, ce rythme de vie professionnel est incomparable à celui des "Mad Men", et a plus de chances de séduire ceux qui auraient pu s'ennuyer devant la série culte d'AMC.
Le temps passant, les personnages se développent et d'autres enjeux naissent (sentimentaux, etc) autour de chacun des personnages principaux (on peut en compter 4). De quoi de plus en plus se prendre au jeu...
A tel point que cela vient (étrangement) de me rappeler le poème de Rudyard Kipling "Tu seras un Homme mon fils" avec toute la notion de rêve entraînant destruction et reconstruction, pertes et gains mais toujours en conservant sa bravoure, son courage et sa tête. Je trouve que ça résume bien l'esprit des personnages et des précurseurs de l'informatique. On le ressent à travers les différents états émotionnels par lesquels ils passent.
La saison 1 était un petit coup de coeur, mais devant l'originalité du sujet des réserves devaient être gardées. La saison 2 m'a fait me poser LA question : Et si, l'air de rien, H&CF était en train de s'imposer en digne successeur de Mad Men ? En tout cas c'est certain, H&CF est largement sous-cotée.