Trust me, I'm a psychopath
Si vous chercher un roman sur le dédoublement de la personnalité, 9 personnes sur 10 vous conseilleront L’Étrange Cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde, de Stevenson (la dixième vous recommandera quelque obscur pamphlet d'un auteur bolivien du 20ème siècle, écrit avec des larmes et du freundisme latent lors de la deuxième guerre mondiale, bref). Considéré comme un classique du roman d'épouvante, Jekyll&Hyde ont subi au cours des décennies d'innombrables remakes, toutefois celui dont la critique fais l'objet diverge très sensiblement du récit victorien d'origine.
Déjà, on retrouve Steven Moffat dans l'équipe, qui a entre autre pris en charge Doctor Who, le dernier Tintin et probablement d'autre trucs qui mériteraient de finir gravés sur sa tombe en lettre d'or. Ensuite, l'intrigue se déroule au 21ème siècle (avec quelques allers-retours au 19ème, mais vous verrez ça plus tard), ce qui est un sacré avantage lorsque l'on veut présenter une organisation secrète dotée de moyen illimitée (ce qui signifie caissons d'isolements, grande cave blanche avec des murs immaculés, des machines à cafés et des vans). Autant dire que la série prends un très, très bon départ.
Toute l'intrigue nous est servie en 6 épisodes, ni plus ni moins, ce qui donne à la série un rythme rapide sans pour autant qu'on se perde dans le scénar, et il n'est pas difficile de se rappeler qui est qui. Les acteurs sont excellents, énorme mention spéciale à Nesbitt, je ne sais pas si c'est dur de jongler entre deux personnages avec autant d'aisances mais de l'un à l'autre, sa prestation est sans faute.
Parlons des personnages principaux, justement. Outre les personnes d'horizons et de sexualités aussi divers que variées, on n'a aucun mal à se rappeler du rôle de chacun et tous sont pleins de surprises (malheureusement, pas toujours dans le bon sens du termes). Afin de ne pas placer cette critique en catégorie adulte, j'éviterais de placer ma réelle opinion sur la femme du héros pour préférer la définir comme étant "Une gentille niaise".
Parlons du personnage principal tiens. On a donc Jackman, enfant trouvé et père de famille, largué par les événements malgré une surprenante organisation avec son double, Hyde. Difficile de le décrire en quelques mots. On est bien loin du petit homme trapu des origines ou du Hulk plagié de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, ici il est décrire comme une version plus séduisante, plus intelligente, plus forte, plus rapide, plus cruelle, et surtout plus déjantée que Jackman. Les deux personnages partagent le même acteur, mais à aucun moment on ne confonds les deux, sauf si telle est la volonté du scénariste. Chacun retiendra son interprétation très enthousiasme de "Le Lion est mort ce soir" lancée à tue-tête après avoir dézingué ("massacré" serait plus judicieux) le roi de la savane d'une façon que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi avant de s'en servir comme timbre. En résumé, un Jim Carrey couplé à un Joker offrirai une assez bonne vision du jeu de l'acteur.
Évidemment, une bonne série se doit d'être diversifiée, et, dans les scènes avec Hyde, il n'est pas rare de passer à l'excitation à la peur au rire noir, en moins d'une minute, et pas nécessairement dans cette ordre. La réplique donnée en titre à cette critique est d'ailleurs une des paroles lancée joyeusement par l'alter égo qu'on aimerais tous cacher dans un coin de sa cervelle.
Au niveau des musiques, je suis loin d'être un spécialiste, mais je n'ai eu aucun problème de ce côté-là. Tout colle, c'est tout ce que l’inculte moi peut vous dire. Ais-je mentionné un caméo répété de Crazy Frog ?
Au fil des épisodes, la série passe du "simple" cas psychologique incongru au paranormal assumé (qui atteint son point culminant dans la scène du QG dans le sixième épisode, mais chut). Si j'avais du écrire cette critique en moins de 2 lignes j'aurais probablement dit : Regardez. Le premier épisode vaut le coup d'être vu et instaure déjà le scénario, faites-le pour vous, pour moi, pour Hyde.