Les meilleurs albums de 2013 selon rnstjmbl

Annotation :

Fuck Buttons fait partie de ces groupes électroniques récents qui savent faire monter la sauce avant que tout n'explose et que leur renommée soit reconnue par tous.
Vu une fois en mai, à Nîmes, et à nouveau en novembre, à Turin, en plus d'avoir pu discuter avec Benjamin Power, ce duo a su m'en mettre plein la vue et me remplir le cerveau de lumières et de nappes épileptiques. A l'occasion de ce nouvel album, il prouve son avancée technique et sa maîtrise du noise-ambient, à la frontière même d'un post-rock électronique.
Il ne serait pas malvenu de qualifier ce bijou (la jaquette le confirme) d'avant-gardiste, une perle dorée et pleine de richesses intérieures venant s'apposer sur la noirceur de la mer d'huile qu'est la techno actuelle (cette dernière ayant tendance à rechercher les variations et la profondeur plutôt que l'authenticité et la fougue audacieuse de sa structure primaire).

9,5/10

Annotation :

Seven lies se révèle au public comme le consécrateur d'un dérivé dubstep qu'on ne voyait plus venir depuis l'original album éponyme de SBTRKT.
Du début à la fin, chaque titre envoie l'auditeur au septième ciel, de par ses nuances d'ambient, ses allures rythmiques typiques du UK-garage, ses sonorités techno, ses influences hip-hop et jazz, ses couleurs indicibles évoquant parfois la house psychédélique de fin de soirée dans ces clubs des années 90, évoquant l'atmosphère d'un Human Traffic.
Il fut conçu et peaufiné de la manière la plus épurée qui puisse être, extrayant le jus de ce type de sons permettant l'extase auditive lors d'expéditions sexuelles avec la donzelle, lors d'une soirée déhanchée aux côtés d'autres génies de la house bien pesée, ou encore à l'occasion d'une soirée canapé et sativa.

9/10

Annotation :

http://www.youtube.com/watch?v=G50ak0JGMEw

Un album de dream-pop très classique, aux influences pop-folk, post-punk à l'ancienne (Cocteau Twins, This Mortal Coil) et twee (de la pop de chambre innocente, en gros), avec une brise écossaise qui semble le parcourir de fond en comble.
L'ensemble forme un bloc très solide, linéaire sans être lassant, chaque titre étant un plausible single, et il se dégage une énergie neurasthénique au fil des écoutes, laquelle s'accorde parfaitement avec un été qui s'éteint ; un automne s'approchant discrètement, prêt à défaire chacun de nos sentiments comme il défait les feuilles de leurs branches.

9/10

Annotation :

http://www.youtube.com/watch?v=Bwu6bZDRWOM

Julia Holter, l'une des artistes les plus créatives de sa génération, livre ce nouvel opus sorti de la pénombre expérimentale qui fourmillait dans son imagination.
Loud City Song est une longue lamentation scintillante, teinte de noirs et de gris plus sombres les uns que les autres. A deux doigts de révolutionner la pop (qui, cependant, ne manque pas d'originalité ces dernières années), l'album aura quand même une certaine peine à se hisser aux côtés des plus populaires, tant les instrumentales sont avant-gardistes, déjantées et au potentiel traumatisant ; à l'instar, finalement, de Kate Bush, ce qui fait de cette oeuvre un disque franchement art-pop.
Il reste cependant l'une des révélations de l'année à mes yeux, tant son concept et son propos sont ténébreux.

9/10

Annotation :

Nightmare ending est certainement l'un des meilleurs projets ambient de cette année, oscillant ostensiblement entre drone minimaliste et classique atmosphérique.
L'album est une ode aux lendemains de soirée, enfonçant son auditeur dans les profondeurs béantes d'une électronique épurée, contentant son public d'une linéarité qui l'emporte à des années-lumière d'une quelconque lucidité, le temps de quelques instants.
A la fois glaçant et réconfortant, Eluvium s'empare du moindre détail environnant pour le sublimer en l'incrustant dans ses compositions, extrayant l'expérimentation partout là où il peut le faire, et présenter une oeuvre post-rock authentique, très relaxante et jouissive pour les oreilles.

9/10

Annotation :

Grouper fait partie de ces artistes à l'intimité dense, si inaccessible que seules quelques notes d'ambiance et des paroles à sens multiples sont permises à l'oreille de l'auditeur.
A l'instar de ses compères Julianna Barwick, Mirrorring, Tim Hecker ou Tiny Vipers, elle nous emmène dans les tréfonds d'une musique minimaliste, faisant appel à la nécessité du ressenti plutôt qu'au besoin de plaire.
C'est pourquoi des artistes d'une telle sensibilité ne se feront jamais reconnaître pleinement : d'une, à cause des expérimentations diverses ; de deux, à cause de leur discrétion ; enfin, car il s'agit d'une toute autre appréhension de l'art musical.
The man who died in his boat ne déroge pas à la règle et fait sombrer l'auditeur, aux côtés du compositeur, à travers des nappes progressives, de plus en plus atmosphériques, de plus en plus fignolées dans l'attente, dans l'atteinte de la perfection sonore et corporelle.

9/10

Annotation :

http://www.youtube.com/watch?v=cN2OCcTe8Bo

The Field est l'un des artistes électroniques que je préfère, tant sa musique est enchanteresse et atmosphérique. Chacune de ses oeuvres m'a fait vibrer et m'a emmené dans des contrées sonores que je n'avais jamais perçues autrefois.
Sur ce court mais intense album, l'artiste évolue, intensifie ses expérimentations dans l'entassement progressif des nappes, afin de servir à l'auditeur des boucles rythmiques saupoudrées de variations typiquement trance.
Il me paraît incontestable de définir cet opus comme l'un des meilleurs projets minimale de l'année, tant dans sa structure que dans son authenticité et son côté de plus en plus expérimental, à la limite de l'avant-garde électronique.

8,5/10

Annotation :

Dysnomia est une découverte bien trop rare ces derniers temps, une expérimentation menée avec maîtrise et passion, dans le but de composer un album-concept jouissif de bout en bout.
Les titres s'enchaînent d'une manière très fluide, sans "césure" notable, berçant l'auditeur dans un climat jazz minimaliste, lequel est ponctué d'influences venant d'horizons musicaux éloignés, tels la techno, l'ambient ou le hip-hop.
S'il peut paraître répétitif aux oreilles de ceux qui n'apprécient pas les étrangetés sonores, il s'avère par contre très avant-gardiste pour les autres.
Dawn of MIDI dépose un album expérimental complet dans sa structure et dans son postulat, et concourt sans hésitation au titre de "Meilleur album expérimental de l'année".

8,5/10

Annotation :

Cocorosie de retour en grande forme, ne différant pas réellement de ses précédents albums, toutefois le duo semble plus mature, plus actuel, faisant perdurer leur style résolument pop expérimentale vers des nuances moins intimistes, un côté "folktronique" plus convaincant.
L'ensemble évoque une mélancolie unique, celle que l'on ressent sans trop savoir pourquoi, suite à quelque prise de stupéfiant, après un jour maussade ou lors d'une période d'ennui inexplicable : le vague à l'âme.

8,5/10

Annotation :

L'oeuvre la plus intime d'un des plus grands compositeurs jazz de ces dernières années.
No beginning no end surprend par sa langueur, sa structure classique transcendées par une voix apaisante et un enchevêtrement des titres fluide.
Ses influences, puisant tout autant dans l'acid-jazz que dans le downtempo ou encore le hip-hop, démontrent l'expertise du bonhomme, s'exprimant avec une telle aisance et une telle délicatesse que l'album en devient organique, charnel, libérateur tant dans son écoute solitaire qu'en couple, au chaud, lors d'une soirée voluptueuse.

8,5/10

Annotation :

http://www.youtube.com/watch?v=7uwROgvGO9M

Ikonika, figure de proue emblématique de la musique électronique actuelle, et pourtant trop méconnue, se fait remarquer grâce à cet Aerotropolis, bien moins porté sur le dubstep et autres genres grignotés jusqu'à l'os par une industrie toujours plus populaire.
Cet album est l'un des tournants les plus singuliers de l'artiste, qui se détache des codes habituels afin de se livrer à un avenir prémédité, entre synthé ultra-futuriste, beats typiques du trap (et donc du hip-hop à venir), nappes de basse vibrantes, mélangeant ainsi le neuf comme le vieux, voire le survolé, en musique électronique.
L'auditeur possède donc un véritable ovni entre house, trap, disco, vaporwave, psychédélique et electronica, qui a le pouvoir de le plonger dans cette dimension tordue et floue de son imagination, celle où, dès la première écoute, il apercevra, dans toute sa nostalgie, la ville angulaire de son enfance bercée par les jeux-vidéos.

8/10

Annotation :

http://www.youtube.com/watch?v=yMsCqswqW1M

Era s'impose comme l'une des renaissances du post-punk de cette année, genre musical qui reprend une importance de plus en plus cruciale au sein de la scène rock.
Opérant un mélange audacieux et savoureux de psychédélisme, d'expérimentations oniriques et d'instruments crachant une énergie typique du garage-rock, Disappears s'inspire des grands d'autrefois (Joy Division, Nick Cave, The Jesus and Mary Chain ou encore Jefferson Airplanes, pour ne citer qu'eux) en y ajoutant leur sauce rythmique et progressive.
L'album en soi ne contient que des pépites reliées par un fil doré et lisse, un album punk psychédélique qui s'écoute aisément en boucle.

8/10

Annotation :

http://lustmord.bandcamp.com/track/babel

Lustmord est l'une des références du dark-ambient, genre foutraque mélangeant ambient, noise, drone, industriel, parfois de la folk, parfois du métal, soutenu d'autres fois par des nappes vocales prolongées, telles des lamentations désespérées ou des incantations sataniques.
Cet album ne déroge pas à la règle, et Lustmord apporte à l'auditeur de quoi étancher sa soif de sérénité diabolique, au sein d'une année centrée ambient et techno.
On ne sort pas indemne de l'écoute de The word as power, tant sa puissance est retenue, dissimulée, latente : l'effet papillon en musique, consistant à faire ressentir à l'auditeur une multitude d'émotions avec un minimum de sonorités, c'est grâce à cela qu'on peut reconnaître les vrais artistes.

8/10

Annotation :

Nostalchic se présente comme un album varié, à la croisée des genres musicaux, et un projet explosif, de surcroît.
Si Lapalux peinait à donner un style uniforme, authentique, spécifique à ses précédents EPs, son album, lui, est incroyablement fluide, jonglant entre les pistes et embaumant l'auditeur d'un travail gargantuesque, entre samples vocaux maîtrisés, batteries électroniques renouvelant l'IDM, nappes d'ambient s'apposant à la rythmique et autres caractéristiques atypiques d'un genre particulier (on a droit à de la pop, du r'n'b, du downtempo, du UK-garage, etc).
L'enchaînement évoque une évasion soudaine dans une jungle nocturne et en pleine floraison, psychédélique et onirique, effrayante et apaisante à la fois, rappelant par ailleurs les univers si spéciaux de Holy Other ou Balam Acab.

8/10

Annotation :

http://www.youtube.com/watch?v=hRzlbh4or3c

Le jeune King Krule s'illustre sur la scène indépendante avec un premier album très intime, très brut et dénué de toute prétention.
Le bonhomme pose sa voix rauque et cinglante sur des instruments aux sonorités minimalistes, presque des fioritures, si on les compare à la puissance de son éloquence.
L'ensemble est structuré d'une manière assez homogène, sans qu'on ait à parler de linéarité ou d'ennui. KK sait équilibrer son art, et il en ressort une oeuvre à mi-chemin entre la beauté des mots de Kings of Convenience et l'énergie vocale de Darwin Deez.

8/10

Annotation :

Book of hours est un album discret, s'étant dévoilé timidement aux débuts du printemps, oscillant entre sensibilité vocale et arrangements soignés pour poser les bases d'un premier projet aux semblants fragiles mais à la solidité infaillible dans la découverte progressive des titres.
On est transcendé par la délicatesse maîtrisée des bonshommes, berçant l'auditeur dans un océan acoustique aux limites inconnues, à la profondeur insondable.
L'ensemble suit une progression étrange : on est constamment enveloppé par des nappes d'ambiance lancinante, lointaine et pourtant sans écho, cependant les genres musicaux défilent sans qu'on parvienne à définir concrètement l'album (est-ce de la soul ? est-ce un travail acoustique du type field-recording vocal ? est-ce de l'ambient à la croisée du dubstep, projet comparable à celui de James Blake ?).

8/10

Annotation :

Le retour de John Roberts, être gracieux maniant la mélodie comme il manie sa table, pour un album complétant la noirceur glaciale de son Glass heights avec un exotisme maladif et entraînant.
La deep-house servie sur cette oeuvre offre à l'auditeur des saveurs tribales, un lounge plus accessible et plus déhanché, moins statique. Elle absorbe toute oreille pour lui faire explorer ses profondeurs IDM et ses expérimentations qui gagnent en puissance au fil des écoutes.
Sans être meilleur ou pire que son prédécesseur, Fences se découvre au moment opportun, avant de se délecter d'un été plus très lointain, digne flambeau s'allumant pour éclairer le talent de son créateur.

8/10

Annotation :

http://www.youtube.com/watch?v=bW89Pv8QrX4

iamamiwhoami est sans doute l'un des buzz musicaux les plus réussis du web. Outre le mystère ayant plané sur l'artiste durant des mois, ce sont deux albums majestueux en moins de deux ans qui ont fait de cette inconnue l'impératrice de la pop électronique actuelle.
Cet album en particulier n'est que la compilation des quelques titres ayant fait leurs premières apparitions sur youtube, lors de son dévoilement face au grand public.
L'auditeur y surfe sur des vagues atmosphériques qui s'entassent soit d'une façon frivole pour laisser place à un ambient aux paroles contées, soit d'une façon plus franche dans l'intention de créer des pistes plus dansantes et résolument plus pop.
Il faut toutefois noter que l'enchaînement est bien moins efficace que sur l'autre album, car il ne s'agit que d'un rassemblement de ses premiers titres, mais la consistance n'en est pas affectée. Les basses rondes englobent les oreilles de l'auditeur, les voix perçantes et cristallines lui chatouillent les tympans, tandis que les clochettes et les notes prolongées du synthé lui anesthésient le cerveau dans une ultime jouissance.

7,5/10

Annotation :

http://www.youtube.com/watch?v=XGyGix5MF08

Bien qu'il n'y ait rien de très original dans cet opus de Dettmann, il se classe néanmoins aisément dans un top de l'année, tant sa structure et sa complexité sont réfléchies et intelligentes.
Dettmann II mise toutes ses cartes sur l'efficacité de la répétition nuancée par des variations, des nappes, de la délicatesse électronique. Outre son ambiance ténébreuse et mécanique, ainsi que son hypnotisme typique de la dub-techno, on perçoit chez l'oeuvre de l'artiste une certaine confiance, un professionnalisme qui se fait rare dans la techno actuelle, qui délaisse ses génies au profit de gus à la tendance mainstream.

7,5/10