U Are the Universe commence comme toutes ces histoires de huis clos spatial, que ce soit en mode action et spectaculaire, comme Gravity, ou de manière plus contemplative, tel Space Man ou Ad Astra.

Non, à la réflexion. Car cette petite featurette d'animation rappellerait presque celles de Wall-E, consacrée à une entreprise qui œuvre supposément pour notre bien être. Même s'il s'agit finalement de polluer un satellite d'une autre planète reculée en y larguant nos déchets nucléaires.

Un voyage sidéral au cinéma se doit de mal tourner. Ici, le quotidien mécanique et solitaire d'Andriy est bouleversé par la nouvelle de l'explosion de la Terre, victime de la folie des hommes. Après un brin d'ironie aux racines enfantines, Andriy réalise qu'il est le dernier survivant de la race humaine. Il évolue dans un cadre de science fiction des plus old fashion, accompagné d'un robot tout aussi vétuste, majordome programmé pour prendre soin de lui, tel un parent de substitution.

La nouvelle de cette destruction est un premier point de bascule du film. Car si la solitude est pesante et la situation vertigineuse, ce drôle de duo fait naviguer le film dans une drôle de comédie contenue dans quelques mètres carrés.

Avant d'entamer un autre virage, tout droit hérité du magnifique Her, quand les échos d'une voix féminine défie la distance et le vide de la vie d'Andriy. Du drame de la solitude, U Are the Universe glisse vers une comédie romantique rappelant l'élan des premiers émois adolescents. Ceux à l'occasion desquels on rechigne tout d'abord à sortir de sa coquille. Avant de finalement se prendre au jeu, rêver de l'autre, s'impatienter, s'inquiéter.

Voilà le véritable cœur de U Are the Universe : l'humain. Qui nous rappelle notre peur de l'inconnu, d'être perdu dans un vide qui nous dépasse, qui nous rappelle à quel point nous pouvons être minuscule et inutile aux yeux de l'univers. Notre fragilité et notre besoin de se raccrocher à quelque chose.

Car Andriy s'accroche désespérément à cette voix, qui lui fait espérer, comme à nous tous, que quelqu'un nous attend quelque part et a envie de nous connaître et de nous aimer.

Par la magie d'une voix chaude aux inflexions douces, aux éclats de rire rebondissants et cristallins, Pavlo Ostrikov nous emmène avec lui dans un univers qui semble animé de tout son intime et qui, de manière étonnante, trouve un écho dans notre réalité, puisque lui aussi, il n'a jamais vu l'actrice qui lui offert sa performance vocale, délivrée et enregistrée malgré la distance et la violence de l'actualité.

U Are the Universe constitue un drôle de mélange. Les sourires devant les éléments de comédie seront nombreux et rassurants. Tandis que les émotions, prendront plus d'une fois le public par surprise, et toucheront au cœur de manière immédiate.

L'utilisation de la chanson immortelle Voyage Voyage illustrera parfaitement ce double mouvement. D'abord blague potache aux allures incongrues, elle illustrera ensuite de très jolies images de l'espace en épousant à merveille le cœur battant d'un film qui n'en manque pas.

Et si cela apparaîtra sans doute bien naïf aux yeux des plus cyniques, U Are the Universe viendra rappeler avec une poésie fulgurante, dans la chaleur de l'eau qui a embué les yeux du masqué comme par surprise, qu'en amour, le plus difficile est toujours le premier pas.

Behind_the_Mask, qui espère que dans l'espace, personne ne le verra verser sa petite larme.

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