Quand on fait un film qui s’appelle Le genou de Claire (Eric Rohmer), personne ne vient te dire : "Attends, moi je la connais Claire, son genou n’est pas comme ça." Moi, c’est tout le temps "l’époque c’est pas ça."

Et pourtant c’en est une, d’époque, qui s’étire encore aujourd’hui dans son propos, que filme Matthieu Bareyre : celle de l’après Charlie, des élections de 2017, de l’affaire Théo, de Nuit Debout, des black blocs et des jeunes sous les lumières nocturnes de Paris, sous les flashs des CRS, sous les néons des raves, les lampadaires des quais de Seine, sur les terrasses de bars, devant les vitrines brisées d’un capitalisme qui ne s’éteint jamais. La beauté de ce documentaire, c’est l’intelligence de sa réalisation : des procédés d’entretien qui déclenchent des émotions vives, une caméra et des micros au plus près de l’humain, des visages, des voix, des histoires, qui font surgir l’intimité dans l’espace public. Et cette nuit, qui libère les paroles, qui donne corps aux échanges, cette nuit où les masques tombent, cette nuit envahie par la jeunesse, par les jeunesses multiples, militante ou fêtarde, violente ou amoureuse, ivre et poète… Une immense sensation de vrai se dégage de l’Epoque. Un grand documentaire de cinéma.

Il y avait l’idée que dans la nuit on va aller chercher la semaine. Qu’est-ce qui, de la semaine, lâche le week-end ? On dit toujours : la jeunesse, l’alcool, les drogues… Oui, mais pourquoi ? Pourquoi on a tant besoin de ça pour supporter le lundi d’après ?

Activité sur L'époque