Oohhhh le calvaire que voilà.

Le méchant truc tout boursouflé, qui a complètement oublié sa nature de petit film d'exploitation percutant depuis un moment pour devenir un Disneyland du cinéma d'action, où tout le monde vient faire coucou parce qu'il y a du pognon derrière.

Je devrais être content, j'aime ça le cinéma d'action. Mais alors là, bon dieu quel ennui.

Déjà faut se cogner leur sempiternelle mythologie tout droit sortie d'un échange dans une cour de récré, avec Keanu Reeves qui va buter 4 figurants dans le désert pour qu'un méchant pas content fasse péter la base et rendez-vous compte, il y a plus rien qui va et il faut que la terre entière bute ce bon vieux John (mais c'est le cas depuis 3 films donc ça change pas grand chose).

Le film manque vraiment d'un producteur et d'un monteur devant leur indulgence à t'envoyer 30min d'exposition vide pour avoir l'air sérieux, alors que tout ça tient sur un timbre poste, dans leur univers factice où tout le monde est un tueur et tue en public, en boite de nuit, dans un hôtel, au beau milieu de Paris, dans le plus grand des calmes.

Et quand ça se tire dessus, c'est presque pire.

La pire idée de la saga, à savoir les costumes pare-balles, est déployée tout azimut, et tu passes la plupart du film à voir des mecs se tirer dessus quasiment à bout portant en se protégeant du revers de leur veste, juste pour crever au bout de la 5ème ou 6ème balle en HS avec le même effet numérique de projection de sang, très soft au demeurant.

Déjà, c'est ridicule, il ne manque limite plus qu'une barre de vie au dessus de leur tête, mais surtout ça enlève considérablement le poids de l'action, vu qu'un tissu à la con annihile une balle. J'ai eu l'impression de voir des mecs jouer au air soft pendant DEUX HEURES QUARANTE, rongeant jusqu'à la moelle trois idées de chorégraphie, avec une mise en scène en mode automatique qui filme tout pareil, sauf UNE scène en plongée avec des flingues qui font du feu, pfiou, 2 minutes un peu originales dans ce tunnel interminable, merci c'est fort aimable.

Et tout est comme ça. TOUT.

Tu vois un héros se prendre un trilliard de balles mais rester debout, ce qui déjà enlève tout sentiment d'impact, de coup, de poids, de DANGER.

Donc zéro peur pour le mec, vu qu'il enquille les mêmes inconnus tout du long, comme si le casting était composé de stormtroopers, ou en tout cas de silhouettes interchangeables toutes justes bonnes à tomber dans le plan.

Reste deux trois cascades rigolotes, mais systématiquement noyées dans ces fusillades interminables, toutes trop longues, toutes déjà vues au sein même de cette franchise, sans parler des références balancées ultra ouvertement (le cut de Lawrence d'Arabie, pitié...).

Le pire étant que les rares bonnes idées n'émergent pas en conséquence de ce trop plein, comme le gag des marches, plutôt efficace, mais qui pousse à se retaper la même scène de montée, déjà rincée la première fois.

Autre exemple : le passage à Etoile, où les mecs arrêtent illico plusieurs véhicules mais ça continue à tourner à pleine bourre pendant 5 minutes.

Les parisiens conduisent mal, mais là ils ne pourraient plus passer. Ou des gars qui ne bougent pas en se prenant une balle dans la jambe à 2m grâce à leur costard magique, par contre un coup de nunchaku de Keanu au même endroit, aïe aïe aïe !

C'est vrai que le mec a sûrement plus de force de frappe qu'une BALLE DE FLINGUE.

"Ouais mais attend, la suspension d'incrédulité, on s'en fout c'est John Wick !"

On a beau avoir moqué le script du premier film, son prétexte fonctionnait complètement, et ça filait droit avec la retenue nécessaire pour garder de l'efficacité jusqu'au bout, où le mec enquillait les cadavres qui tombaient lourdement sur le sol, sans détour, sans fioritures.

Aujourd'hui, il ne reste que ça, les fioritures...

Scott Adkins a beau être tout content d'être là (et pourtant dieu sait que c'est complètement contreproductif de lui coller un fat suit alors que le mec est sur ressort...), tout comme Donnie Yen qui cachetonne salement, j'ai eu l'impression au final de voir une presque parodie du cinéma d'action, qui le réduit inlassablement à un gimmick éreinté avant même le début du film, qui oublie à quel point ce cinéma là est précieux parce qu'il est inventif et fourmille de petits détails qui renouvellent ses combats et ses fusillades, sans même parler d'une dramaturgie pour le sous-tendre, ici portée disparue.

A l'image d'un Keanu Reeves plus mauvais que jamais, incapable de sortir une réplique juste (il a un flingue dans le sphincter ou quoi ?!), voilà un film dont vous avez déjà tout vu avant même de le démarrer, et qui vous le rappelle inlassablement.

Un peu comme un débile qui te répète la même phrase en boucle. C'est usant.

Activité sur John Wick - Chapitre 4