Derrière Ars Goetia (le bien nommé) on retrouve la figure de Baptiste Miny accompagné de 2 acolytes (programmation / musique). Baptiste sait programmer, il sait dessiner et décide de combiner ces 2 passions dans un jeu qui s'assimile presque à une BD interactive.

Côté graphisme, le jeu est de toute beauté pour peu qu'on soit sensible à une esthétique comics, du genre Mignola ,tout en restant assez personnel. On évolue dans un univers qui évoque des Comics (The Preacher, Hellblazer) et des jeux de rôle (INS/MV, World of Darkness). Les écrans sont de toute beauté, rehaussés par des jeux de lumières qui confère des allures cyberpunk à la ville morne qu'on traverse.

On est d'abord surpris du look très statique des écrans. Les personnages n'ont pas d'animations propres, ils ne se déplacent pas d'un lieu à l'autre, au mieux ils se téléportent. Les scènes d'action sont traitées avec des vignettes en BD.

Ce que j'ai pris d'abord pour le signe d'une production fauchée, est peut-être le choix le plus judicieux. Ca renforce considérablement l'impression de dérouler une BD interactive, animée et en plein écran. Les écrans ne sont pas complètement figés : les personnages respirent par une animation simpliste, et les lumières chatoient et clignotent. Ca donne suffisamment de vie à l'ensemble. On en prend plein les yeux à scruter les petits détails et le plaisir est là.

L'histoire -un envoyé du ciel descend sur terre pour extirper la corruption démoniaque à grand coup d'épée- est relativement simple mais efficace. La narration est très correcte ; les personnages sont certes caricaturaux mais bien campés. Quelques touches d'humour surprenantes dans un univers autrement bien dââârk, mais pourquoi pas. Sans crier au génie, j'ai apprécié.

Le titre n'est malheureusement pas parfait et c'est du côté du jeu que l'ensemble montre ses limites. Les énigmes ne sont pas passionnantes et parfois frustrantes (tel objet qui ne devient ramassable seulement après qu'il devienne utile, c'est une mécanique généralement assez peu réussi dans les point & click). Peu d'inventaire, beaucoup de mini jeux, pas bien passionnants non plus et qui tombent de nulle part : des problèmes mathématiques pour faire fonctionner un tableau électrique, un jeu de vitesse pour appeler l’ascenseur... ça n'a pas vraiment de sens.

On se rassure en se disant que ce n'est pas là que réside l'intérêt du titre.

Si Baptiste Miny a voulu réaliser une BD interactive, le pari est réalisé haut la main et fera date tant je ne vois pas d'équivalent aussi poussé. S'il souhaitait créer un point & click dans un format comics, le résultat est un peu plus nuancé mais reste de bonne facture. Bref, le titre vaut le détour pour découvrir cette production atypique.

Comptez 6 heures bien rythmées.

Activité sur The Blind Prophet