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SensCritique

Activité sur Le Port de la Mer de Glace

Les derniĂšres actions

Franck Telmon

a attribué 8/10 au livre

Le Port de la Mer de Glace

livre de Dominique Potard

RĂ©sumĂ© : Une petite merveille d’humour et de poĂ©sie burlesque dont l’action se situe dans un bar de Val MisĂšre... Extrait : "La nuit tomba alors que nous atteignions le sommet de la niche. Une superbe plate-forme, au pied d’un grand diĂšdre qui se perdait dans les brumes et l’obscuritĂ©, fut la bienvenue. Ce grand diĂšdre Ă©tait d’ailleurs la seule information que je possĂ©dais sur le reste de la face. Il fallait le remonter, puis les difficultĂ©s allaient croissantes jusqu’à l’arĂȘte sommitale du Petit Dru, avec de nombreux passages en surplomb
 En hauteur pure, nous avions dĂ©jĂ  gravi plus des deux tiers de la face ; mais en difficultĂ© technique, ce qui nous attendait Ă©tait sans commune mesure avec ce que nous avions franchi au-dessous. Nous n’étions pas prĂšs de revoir une plate-forme comme celle qui nous accueillait ce soir. J’alertai l’attention de mes camarades sur ce seul point. — Bon ben
 on va profiter qu’on puisse encore mettre les verres Ă  plat ! GĂ©rard plongea le nez dans son sac Ă  dos. Fernando avait annoncĂ© au menu des bavettes Ă  l’échalote, avec des frites. Il coupait dĂ©jĂ  les pommes de terre en tranches. J’étais trĂšs curieux de voir comment elles allaient ĂȘtre frites
 La rĂ©ponse Ă©tait on ne peut plus simple. Fernando extirpa de son sac, aussi inĂ©puisable que celui de GĂ©rard, deux litres d’huile et une belle friteuse noire, en fonte
 Devant mon air dĂ©concertĂ© Ă  l’idĂ©e qu’on hissait ça depuis trois jours, Fernando se fendit de son plus beau sourire. — Y’a pas de mystĂšre ! Si on veut manger des bonnes frites, y faut une bonne friteuse ! C’est logique ! L’Amiral, histoire de changer, avait sorti une bouteille de Ricard pour l’apĂ©ro. La premiĂšre fonction du rĂ©chaud fut de faire fondre de la neige pour hydrater la cĂ©lĂšbre boisson sudiste. Il faisait Ă  prĂ©sent complĂštement nuit. Comme tous les soirs depuis notre dĂ©part, le brouillard s’était Ă©paissi, mais la tempĂ©rature extĂ©rieure, l’anis aidant, Ă©tait tout Ă  fait supportable. Cet emplacement de bivouac Ă©tait de loin le plus luxueux que nous ayions connu : une large vire, horizontale, de sept ou huit mĂštres de longueur, bien plate et large de prĂšs de deux mĂštres. Le pastis allait bon train. L’Amiral, profitant de notre soif, exerçait ses talents de barman avec un zĂšle dangereux. — ‘ferais bien une petite pĂ©tanque en buvant mon pastaga, dit-il soudain, les yeux brillants. — TĂ©, ça, c’est une bonne idĂ©e ! Je n’avais pas encore rĂ©alisĂ© qu’il s’agissait d’une proposition sĂ©rieuse, que les deux compĂšres grattaient la neige pour en extraire quelques pierres plus ou moins rondes. — On joue l’apĂ©ro ? Tobby s’était mis aussi, sans savoir pourquoi mais avec beaucoup d’enthousiasme, Ă  fouiller la neige en remuant frĂ©nĂ©tiquement la queue. Quelques minutes plus tard, la partie de boules commençait. Le bouchon de la bouteille de Ricard, de toute façon condamnĂ©e, servait de cochonnet. Le terrain de jeu Ă©tait Ă©clairĂ© par les flammes gesticulantes du rĂ©chaud. — Tire-lĂ  c’te boule ! — Allez, trois au carreau ! En ces hauts lieux, cet univers minĂ©ral, austĂšre, glacĂ© et inhospitalier de la trĂšs haute montagne, on aurait presque cru entendre le chant des cigales. »