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Il est a noter que j'ai relu l'ouvrage avant de rediger la presente critique.

Cefran. Ce premier essai, publie en 2006 est a mon sens le plus profond en l'occurence lorsqu'il s'agit de poser une reflexion sur ce qu'est l'identite francaise.

Cette identite est avant tout definie de facon spirituelle, car comme le souligne fort justement Drac, contrairement a l'Allemagne par exemple qui peut se definir par sa germanite, la France ne peut pas se definir par son caractere ethnique puisqu'elle est profondement metissee des ses origines (de populations blanches europeennes, ne rentrons pas dans des delires de diversite contemporains) ; a ce sujet, je renvois a quelques morceaux choisis concernant l'identite francaise : p. 26-27 ; p. 30 ; p. 34-38 (passage sur la signification du bapteme de Clovis et sur les 7 siecles de consolidation de l'identite francaise depuis ce geste symbolique) ; p. 41-43 (sur la capacite du centralisme d'Etat a se reapproprier l'identite profonde de la France) ; p. 53.

Cette identite francaise est menacee par l'immigration de masse (p. 44-48), encouragee par les avatars du mondialisme (p. 50-54) et sa variante regionale l'euromondialisme (p. 63-68). Le probleme c'est que la situation risque de devenir incontrolable (p. 69-85), notamment parce que le multiculturalisme (sous entendu le multi-ethnicisme) prone par les mondialistes (et euromondialistes) ne produit absolument pas une disparition des identites specifiques mais au contraire des affirmations communautaristes de plus en plus vigoureuses et violentes (p. 54-60). Si le communautarisme peut etre instrumentalise jusqu'a un certain point (horizontalisation raciale des luttes en substution de la verticalite de la lutte des classes ; principe du "diviser pour mieux regner"), cette situation peut tres vite degenerer et devenir totalement hors controle (d'autant que contrairement aux USA les immigrants extra-europeens n'ont generalement aucun sentiment "d'europeanite" ; a ce sujet je renvoie a "La France Interdite" d'Obertone qui argumente serieusement sur ce point). Pour Drac, la catastrophe francaise surviendra tres vite a partir du moment ou le modele social (et surtout son corollaire le clientelisme communautaire) sera a terre (p. 87). Le processus peut encore durer un moment (l'essai est redige en 2006, le modele social "tient" encore debut 2021) mais son manque de perennite a long terme ne fait guere de doute (hormis les raisons economiques il y a les raisons environnementales et energetiques).

La fin de l'essai est plutot decevante, Drac reste finalement assez evasif ou du moins ambigu et flou sur les reponses a apporter a ce constat. En connaissant sa pensee et ses essais ulterieurs (, on peut toutefois facilement conclure qu'il est pour un projet fractionnaire patriote/souveraine s'organisant autour du concept de BAD (repris et elabore par Piero San Giorgio dans son bouquin "Survivre a l'effondrement economique") et de ses propres reseaux economiques educatifs, securitaires et cercles de reflexions au dela meme de la France (il doit etre encourage une coordination entre patriotes/souverainistes de differents pays europeens). Et ce afin de faire perturder l'identite francaise, la francite. Il ne sert a rien de sauver la France telle qu'elle qui ne peut selon lui que tomber et ne pas non plus s'opposer frontalement a un systeme economique, etatique, mediatique trop puissant et broyeur. Il faut toutefois noter que des 2006 il anticipe le tournant autoritariste que prendront de plus en plus franchement les pays d'Europe et les USA dans les 15 annees suivantes et il souligne la necessite pour les patriotes/souverainistes de s'appuyer sur le soutien russe qui, comme il le souligne dans son essai de 2015 "Triangulation" n'est plus la puissance en lambeaux de 2006.

De la Souverainete. Ce deuxieme essai (le seul redige en collectif), publie en 2008 et a mon sens le plus pamphletaire et le moins qualitatif (moins de profondeur analytique), meme si paradoxalement sa forme pamphletaire peut lui donner un resonnance particuliere, puisque invitant si ce n'est a la revolte du moins a l'action. A vrai dire il est meme dommage qu'il n'est pas ete publie separement, a la maniere d'un manifeste du parti communiste.

Pour etre equitable, l'Etape 1 (l'equivalent deu chapitre 1) de l'essai (p. 107-116) presente de facon tres synthetique, articulee, claire et argumentee l'articulation qui existe entre souverainete nationale, locale et personnelle et ce que sont ces souverainetes.

Le constat est ensuite fait que ces souverainetes sont abolies dans le cas de la France ; l'analyse nitzscheenne de pulsion de mort des Europeens subsequente a la Grande Guerre est evoquee (p. 125-126). Le projet mondialiste est egalement evoque, beaucoup plus longuement. Contrairement a un Pierre Hillard qui voit dans le projet mondialiste des objectifs essentiellement religieux (tel que l'objectif de la kabbale frankiste de repandre le mal et le malheur y compris pour les juifs pour faire subvenir un bien subsequent), le projet mondialiste presente ici est certes egalement apprehende d'un point de vue religieux (puritain-pharisien) mais il lui est prete des objectifs beaucoup plus prosaiques tant intermediaires (l'extension du domaine marchand et le profit) que finaux (separation en deux de l'humanite entre l'infime minorite des detenteurs du capital le plus concentre et les autres ; en bref un Elysium ; voir p. 138). Cette dualite voulue par les detenteurs du capital le plus concentre (je reprends ici volontairment le vocabulaire d'Annie Lacroix-Riz) rencontrerait des frictions du fait de la necessite de maintenir une petite classe intermediaire hautement qualifiee techniquement pour faire fonctionner la machine qui serait tenue par l'absence d'enseignement de la sublimation et la peur constante du declassement (p. 151-152).

Je trouve que la presentation du modus operandi des acteurs du mondialisme par rapport a ce qu'on peut retrouver dans ``Crise ou Coup d'Etat ?'' est un peu legere : la reticularite des multinationales (p. 130-141) ne suffit pas, il faut egalement s'appuyer sur l'influence politico-militaire d'une organisation politique en l'occurence les USA pour avancer un tel agenda. D'ailleurs j'ai repere une contradiction majeure : le projet mondialiste est d'abord decrit comme n'ayant aucun centre, puis, p. 171, l'Amerique est reconnue comme le coeur du mondialisme. Je pense que cette incoherence trahit la difficulte plus generale de cohesion interne pour des ecrits rediges collectivement.

Je passe assez vite sur les arguments consistant a expliquer pourquoi le projet mondialiste aurait une dent particuliere envers l'Europe et la France en particulier (je renvoie aux p. 157-158 et p. 203-204 pour plus de details) et sur les deux avenirs probables : i)le declinisme (pourissement lent de la situation ; le pire des scenarios) ; ii) le catastrophisme (terrible a court terme mais nourricier de fenetres d'opportunites a plus long terme).

La solution avancee pour faire face au declinisme et/ou au catastrophisme est le projet fractionnaire (p. 187) que j'ai deja evoque pour ``Cefran'' ; un projet fractionnaire en organisant des reseaux de securite et d'education prives ainsi que des reseaux d'entreprises et d'association de consommateurs visant a la resilience et a l'autonomie (p. 209-216) ; les aspects mediatiques (p. 220) et de legalisme, de communautarisme revendique et de parasitisme, c.a.d developper un reseau fractionnaire/ferme au sein d'un reseau ouvert (p. 223-227) sont egalement abordes. Je remarque avec "amusement" les paralleles qui existent entre un tel projet fractionnaire et le separatisme d'un Malcolm X (meme si dans le cas de Malcolm X le retour a la Terre des ancetres restait possible alors qu'ici les fractionnaires doivent apprendre a vivre en minorite sur leur propre sol ou en exil).

La Question Raciale. Ce troisieme essai, publie en 2008 est mon prefere et a mon sens celui qui a le meilleur niveau d'analyse generale. Par ailleurs, le referencement bibliographique est tres interessant. Si je ne devais en conseiller qu'un parmi les cinq ce serait celui la. Dommage qu'il ne soit que tres difficilement trouvable en format individuel a prix abordable.

En une phrase, je dirais que c'est ce qu'aurait ete "Homo Deus" si ce dernier eu ete un bon livre. Si je devais mettre en lumiere certains passages : p 237-239 (Drac explique sa demarche methodologique) ; p. 286 (l'eclaircisement de la pensee rousseauiste) ; p. 302, 309-310, 316-319 (passages sur la paideia) ; p. 321-334 (coeur de la these). Si je dois emettre une reserve, je dirais avec un peu de recul que je suis tres sceptique sur la conclusion p. 349-350. Et ce pour la double raison suivante :

i) une partie de ceux qu'il appelle les racialistes moderes (la mouvance identitaire au sens large) est de plus en plus en phase avec ceux qu'il appelle les racialistes extremistes (l'hyperclasse mondialisee pour reprendre la terminologie d'Huntington) concernant les bienfaits de separer l'humanite future en deux lignees irremediablement separees a savoir des humains "augmentes" technologiquement d'une part et des masses avilies et deracinees d'autres part.

ii) je ne vois pas de mouvements chez ceux qu'il appelle les antiracialistes moderes (les assimilationnistes republicains) en faveur de la "democratisation des augmentations" technologiques" (exiger que les futures augmentations technologiques ne concernent pas que l'hyperclasse mondiale mais tout le monde) ; les assimilationnistes republicains en France sont en effet parmi les plus farouches opposants au transhumanisme, meme si par ailleurs je vois tout a fait la convergence d'interet objective qui existe entre eux et les identitaires (tout comme en miroir il existe une convergence d'interet objective entre l'hyperclasse mondialisee, et le haut antiracialisme extremiste c'est a dire la classe mediatique et intellectuelle pro ideologie du metissage/homme nouveau et le bas antiracialisme extremiste c'est a dire les indigenistes et le lumpenproletariat ethnique).

Je renvoie egalement a l'ouvrage "La Démocratie Directe contre la Sécession des Elites" et plus precisement a la sous-section "La fausse utopie de l’angle mort technologique" qui recense une synthese critique de cet essai qui semble essentiel a mes yeux.

Crise ou Coup d'Etat ?. Ce quatrieme essai a ete publie en 2008, c'est probablement le plus facile et rapide a lire. Sur la forme, les differents graphiques qui servent en appui de l'analyse sont techniquement realisable par un etudiant en 2eme ou 3eme annee de licence d'economie (ce n'est pas insultant : la simplicite technique a l'usage de la clarete est bien plus pertinente que la complexite technique sans profondeur analytique). C'est egalement l'essai le mieux source. Sur le fond, l'analyse est digne voire superieure a celle d'un thesard ou d'un professeur d'universite specialise en economie financiere (ce qui n'est pas necessairement un compliment vu le niveau de nullite de certains dans ce millieu). Quatre passages particulierement eclairant sur le fond de l'analyse :

1] "Crise ou Coup d'Etat ?, ou comment les classes dirigeantes du capitalisme contemporain tentent de prendre appui sur la faillite de leur systeme pour conserver le pouvoir." (quatrieme de couverture).

Pour etayer un peu plus

2] "Toute la politique americaine de ces dernieres decennies, et d'une maniere toute la politique des elites occidentales, doit etre analysee a la lumiere de cette realite : l'interet de nos `elites' n'est pas d'aligner les pays pauvres [inegalites relativement fortes] sur la structure sociale des pays riches [inegalites relativement faibles] dont ils ont la charge. L'interet de classe de nos elites est de faire le contraire [entre autres parce que la rarefaction energetique va rendre impossible a terme une prosperite partagee d'ou le choix de s'orienter vers des structures sociales de plus en plus inegalitaires en profitant de chaque crise majeure dans cette optique, bien que la planification de la gestion de chaque crise se rapproche plus du pilotage a vue et des rapports de force du moment que de la planification minitieuse preetablie]." (p. 426).

3] "Pourquoi la crise [des subprimes] a t'elle eclate maintenant ? Parce que le systeme est arrive au bout de son rouleau, tout simplement. Quand on met bout a bout la premiere partie (graphes 1 a 29, croissance de l'endettement pour compenser la derive inegalitaire) et les graphes 30 a 41 (acceleration de la derive inegalitaire du fait de l'accroissement de l'offre mondiale de main d'oeuvre bon marche, et simultanement, basculement du centre de gravite mondiale de l'economie productive vers les pays possedant cette main d'oeuvre additionnelle), on aboutit logiquement aux graphes 42 a 44 (le systeme craque en realite des 2000, la periode 2001-2007 correspond a une fausse reprise orchestree, l'organisation du systeme de credit ayant ete concue pour rendre les Etats necessairement solidaires des banques)." (p. 444-445).

4] Un retour utile sur le systeme monetaire international a partir des annees 1960 (p.446-448).

5] Enfin l'integralite du passage des p. 470-486.

Crise Economique ou Crise du Sens ?. Il s'agit du dernier essai publie chronologiquement (en 2009) et de loin le plus conceptuel/abstrait sur le fond (pas necessairement le plus spirituel). Ce qui tranche assez franchement avec l'essai precedent, meme si les deux sont finalement complementaires. Drac parle ici non pas stricto sensu de la crise du sens mais d'un aspect particulier de la crise du sens, qu'il appelle la crise du surcodage. Pour tenter de resumer le plus succintement possible ce qu'est cette crise du surcodage :

1] Un systeme complexe et organise comme nimporte qu'elle societe humaine (y compris la plus "primitive") a besoin de representations unificatrices (ou disons communes), ce que Drac appelle le "codage" pour fonctionner.

2] Dans une societe hierarchique/verticale il y a tres schematiquement 3 categories de populations : i) les populations productives, ii) les populations qu'on dirait de nos jours intellectuelles qui generent du codage et iii) les dirigeants qui produisent le decodage. Le codage a donc besoin de s'appuyer sur une realite materielle.

3] Dans les societes traditionnelles (au sens commun du terme) "l'exces de codage" est reverse dans le domaine spirituel, en alimentant le corpus philosophico-theologique par la transcendance ou le corpus philosophique par l'immanence. Les pratiques spirituelles au sens large (comme la meditation ou la priere) sont concernees par le "recyclage d'exces de codage".

4] Dans les societes contemporaines, l'exces de codage produit du surcodage n'alimentant plus le domaine spirituel mais une creation de valeur artificielle dans le champ economique : la virtualisation des economies de l'Anglosphere en est l'illustration paroxystique. Dit autrement, la carte (du codage) devient plus grande que le territoire (la realite materielle qu'elle est cense englober).

5] Outre cela, les empires seraient naturellement voues au surcodage : leur territorialite n'etant pas delimitiee et ayant vocation a s'etendre indefiniment le besoin de coder devient un processus autoalimente, sans limite. Cettre crise du surcodage serait particulierement nuisible a la vitalite des coeurs imperiaux (en aspirant les forces vitales, en premier lieu les populations jeunes et productives). Ainsi l'Empire espagnol appauvrissant la nation d'Espagne au profit de la conquete du Nouveau Monde, donnant faussement a l'or extrait une capacite d'enrichissement en soi que le colbertisme francais ou la reticularite maritime des anglais et hollandais parviendront effectivement a realiser. Applique a l'Empire thalassocratique contemporain ayant son coeur aux Etats-Unis, on constate un appauvrissement des Etats-Unis suite a la desindustrialisation massive des annees 2000 au nom de la globalisation (logique d'expansion imperiale) mais egalement au nom de la turbo-tertiarisation de l'economie (numerique et finance) largement virtuelle (largement productrice de valeur purement comptable). Ce constat doit alerter les Europeens car faisant partie de la peripherie de l'Emprie thalassocratique ils servent regulierement a "payer les additions" (comme a la suite de la crise des subprimes). Enfin un effondrement de l'Empire thalassocratique serait potentiellement beaucoup plus ravageur que l'URSS car contrairement a celle-ci au moment de son effondrement les entreprises disposent de degres d'integration verticale relativement faibles et les populations sont beaucoup plus dupes des systemes de codage que les sovietiques en leur temps (les lois du marches sont inconsciemment reconnues comme indepassable alors que le Gosplan ne dupait pas grand monde a partir de Brejnev).

6] Pour sortir a son niveau de la crise du surcodage, Drac d'agir en ce qu'Howard Bloom appelle l'introverti faustien dont il donne la definition a la toute derniere page.

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