Je ne connaissais que Anna Karénine et La mort d'Ivan Ilitch, que j'avais trouvés incroyablement puissants et en avance sur leur temps. Je découvre Tolstoï le moralisateur, appauvri de tout style au profit d'un message. Et que l'on ne me dise pas que c'était "l'époque qui le voulait" son message conservateur et barbant, le génie qui a pondu Anna Karénine aurait pu avoir une autre vision pour la femme que la maternité et l'allaitement.

On trouve dans cette courte nouvelle les prémices d'un moralisme puissant et obsédant. Macha, la jeune femme qui épouse le meilleur ami de son père, s'ennuie à la campagne. Son nouveau mari l'amène découvrir "le monde".

Evidemment, elle y perd le sens des réalités, met en périle sa fidelité, et fini par se rendre à l'évidence de Tolstoï : son bonheur passera par... la maternité ! Toutes les autres facettes de sa personnalité pourront disparaitre, en tout cas, c'est ce que l'on comprend des trois dernières phrases de la nouvelle.

Toilstoï lui-même n'était pas fier de cette nouvelle, et on le comprend. Le personnage de Macha n'est crédible que si l'on imagine toutes les femmes bêtes, naïves, frivoles, le personnage de son mari incarne le mâle-qui-sait-mais-qui-n'aide-pas-sa-femme-car-elle-doit-découvrir-pour-elle-même. C'est une construction assez pauvre. Évidemment, cela reste du Tolstoï, donc il y a de très beaux passages. Mais dans l'ensemble, mieux vaut lire ses chefs d'oevres autrement plus puissants que cette nouvelle à la limite de l'essaie.

Autant dire que je sors de cette lecture déçu et sur ma faim, à la fois artistiquement (c'est le plus grave) et intellectuellement.

Activité sur La Sonate à Kreutzer • Le Bonheur conjugal • Le Diable