Après une attaque de loups géants, Van est le seul survivant de la mine où il était retenu prisonnier. Il s’échappe avec une petite fille et est recueilli dans un village d’éleveurs. La guerre entre Aquafa et son envahisseur, l’empire Zol, est pourtant terminée, mais ces étranges loups géants surgissent d’une brume noire et dispensent une terrible maladie mortelle. Par ailleurs, bien que Van ait été mordu, il a survécu et a même développé un curieux pouvoir. Un médecin part à sa recherche, persuadé que le fugitif détient peut-être la clé du remède contre ce mal.

Masashi Ando est un directeur d’animation qui a participé aux plus grandes œuvres nippones comme Princesse Mononoke, Le voyage de Chihiro, Paprika ou encore Your Name pour n’en citer que quelques-uns. Ce vétéran a par ailleurs pris part à de vieilles légendes comme Porco Rosso ou Ghost in the Shell : Innocence. Fervent admirateur de Hayao Miyazaki, il passe pour la première fois à la réalisation avec Le roi cerf.

Techniquement, l’œuvre est irréprochable. Masashi Ando reprend la méthode de son idole et utilise comme décors des tableaux peints pour chacune de ses scènes. Certaines passent même trop vite pour qu’on en savoure tous les détails. Le réalisme de la peinture est impressionnant, quoique manquant parfois un peu de contraste. L’animation est évidemment parfaite dans les scènes d’actions, mais également de la vie quotidienne (comme un homme couché qui se retourne à moitié ou les mouvements d’une femme enceinte). Par ailleurs, l’effort pour reproduire une société occidentale est réussi (en particulier pour les armures assez réalistes à la différence de beaucoup d’autres œuvres asiatiques qui ont beaucoup de mal avec les harnois).

Si l’histoire provient d’une série de romans, elle ressemble énormément à Princesse Mononoke et son adaptation accentue cette similitude.

Les loups géants ressemblent aux kamis loups. Van possède de nombreux points communs avec Ashitaka : il souffre d’une maladie apportée par la guerre qui le rend très fort, il chevauche un pyuika très similaire au Yakkuru et cherche à arrêter la guerre. Les plans des flèches sont pareils et leurs dégâts tout aussi puissants. La forêt est mise en valeur avec les animaux qui remplacent les kodamas. Enfin, le titre même du film fait référence au dieu-cerf.

Ces correspondances sont telles qu’elles s’approchent du plagiat et freinent l’immersion dans l’histoire. C’est d’autant plus dommage que le scénario est pourtant bon avec en particulier une enquête médicale plutôt originale. Il manque tout de même des explications sur ce mystérieux maître des loups, son rôle ainsi que les créatures qu’il commande. La chute est également expédiée et ne justifie que très sommairement le titre du film.

Par ailleurs, la fin sabre inutilement la relation entre Van et Yuka qui a pourtant déjà perdu ses parents. Un happy end aurait été préférable à mon humble avis.

Sinon les personnages sont bien travaillés et certaines scènes sont proprement adorables (notamment entre Van et Yuka). Les montagnes sont splendides et subtilement fantastiques par l’architecture des arbres. Il aurait fallu creuser de ce côté-là plutôt que de reprendre le monde de Miyazaki.

Le roi cerf n’est pas un chef d’œuvre, mais reste un excellent film pour une première réalisation. Il est injuste de le comparer avec ceux de Miyazaki ni même de reprocher à Masashi Ando de s’être inspiré de ce grand maître. Ce premier film démontre tout son talent ; il lui faut maintenant oser voler de ses propres ailes et réaliser des histoires originales. Avec son expérience, il doit regorger d’imagination ; j’attends avec impatience ses prochains films.

Activité sur Le Roi cerf