Très grand coup de cœur pour cette websérie où on rit et s’identifie beaucoup.

Les dialogues sont extrêmement bien ciselés, fins et percutants aidés par un jeu d'acteur juste et réaliste. Les sujets développés sont en prise totale avec notre génération Internet et leur rapport au sexe est commun et libéré comme le nôtre. Il n'y aucune pression ou sorte de fausse subversion dans la façon dont il parle de cul, la série illustre simplement la décomplexion des personnes de notre génération. Et ce qui est cool, c'est que ce n’est justement pas montré comme "un truc cool". C'est montré comme normal, sans être érotisé à l’excès, sans être tabou. A l’image, il y a toujours quelque chose de stimulant à voir : son colloc' qui bidouille un ordi, sa copine maman qui s'amuse avec les jouets de ses enfants… Il y a une grande attention aux détails, visibles aux travers des affiches, des t-shirts, de la déco, vecteurs de nombreuses références qui font plaisir aux initiés : Tyler The creator, T-Shirt Montreuil...

Le fait de voir au travers des yeux de l'actrice accentue le sentiment d'identification et le cadre met souvent en évidence des éléments du décor auparavant hors champ et qui prennent sens rétrospectivement (sorte de mini-mindfuck), preuve d'un certain travail en amont dans le scénario.

Ce qui vient parfaire le sentiment d'identification que l'on peut (ou pas...) avoir en regardant cette série, c’est cette illustration des textos que l’héroïne échange et de la scène qui se passe simultanément dans la réalité. L'agencement de ces messages virtuels est original et élégant, ils s'affichent avec un timing parfait et nous permet de suivre ces 2 mini-histoires en parallèle. C’est une ingénieuse façon pour dynamiser une scène et remplacer une voix off qui aurait fait doublon avec les dialogues de la scène.

Ce principe de visions parallèles ne s’essouffle pas car il est alimenté au fil des épisodes par de nouveaux éléments visuels : des sites Internet originaux, des memes, des applis, des recherches Google... On remarquera que l'Internet montré est particulièrement fidèle à la réalité (peut-être même plus que Bref), par exemple le Facebook que l’on voit est bien celui qu'on pratique tous les jours : il y a des vieux gars qui commentent des trucs tout pétés, pas marrant et/ou avec des fautes d'orthographe etc…

Le montage est hyper dynamique et switche d'une scène à l'autre comme lorsque l’on discute par messageries instantanées. Bel exemple de ce type de montage parallèle dans l'épisode 10 saison 2.

Le plus rafraîchissant dans cette série c'est qu'il n'y ait pas de grand arc scénaristique, c'est juste la vie d’une trentenaire, on ne nous dit pas "Alice cherche ceci ou Alice cherche cela". Et c’est vrai que dans la vie ça marche comme ça, il n'y a pas de grand scénario qui nous dirige.

Les musiques sont très appropriées et en phase avec les goûts musicaux des personnes concernées par cette série, ce sont des morceaux à tendance hip-hop ou électro et principalement absents des grandes stations de radio, sans qu'ils soient trop hipster. Ma seule critique serait que cette série reste très parisienne/citadine et il faut connaitre certaines références pour l'apprécier d'avantage. En tout cas, mille bravo à l'équipe réalisatrice et à Angela Soupe, qui renouvelle et rafraîchit le genre de la websérie, son œuvre mérite le même succès que celui qu'a rencontré Bref.

Activité sur Les textapes d'Alice