Il m'aura fallu deux grosses années pour finalement me décider à voir The Menu, design alléchant, acteurs pas trop dégueulasses et surtout la sensation qu'au bout du repas (jeu de mot de merde) un petit thriller psychologique à la Jordan Peele pourra nous sustenter.

Résultats : l'entrée est alléchante, le plat plutôt savoureux mais pas assez relevé, quant au dessert... Un café court et puis s'en va...

Je m’explique, visuellement, le film réussi son pari qui est de filmer un univers gastronomique avec minimalisme, sobriété et élégance. Que ce soit les palettes de couleurs des aliments ou la délicatesse de tous les mouvements, tout est fait pour que notre oeil soit hypnotisé. Le film ne fait pas forcément l’éloge d’une cuisine prétentieuse et pleines d’interprétations, elle est juste un biais pour faire passer certains messages…

Et c’est là un point positif du film, les messages qu’ils véhiculent. Ça pourrait paraître moralisateur pour certains (et on pourrait difficilement leur donner tort) mais moi j’y ai trouvé une part de vrai. La gastronomie est utilisée comme biais pour faire ressortir les basses morales des personnages composant ce film. Vanité, prétention, égocentrisme et mensonges sont soulignés avec une acidité brutale. Je trouve même que le film va dans le vrai quand ils avancent le fait que nous sommes plus ou moins obnubilé par notre nombril et concentré sur le paraître plutôt qu’être dans le vrai, le réel, dans l’instant présent à vivre l’expérience à fond. Moi, ça me parle…

Mais là où le film perd des points, et c’est plus dommageable, c’est dans sa volonté d’installer climat de suspens qui se veut psychologique et stressant mais qui en réalité ne prend jamais forme. Il y avait un potentiel pourtant énorme, un huit clos, une île, un chef complètement fou obnubilé par une idée aussi folle que meurtrière, mais je trouve le tout trop… gentil. J’aurai préféré plus de suspens, de traque, de sueurs, de larmes ou d’angoisse… Le film penche ainsi plus comme film de genre impressionniste qu’un thriller psychologique « d’horreur ».

C’est dommage, car le casting est très bon avec des performances plus que réussies. « Chef » Ralph Fiennes en tête de file installe clim sur clim avec un charisme dictatorial ! Anya Taloyr-Joy comme à son habitude hypnotise et attire les regards sur elle à travers son élégance.

Enfin bref, The Menu aurait pu être l’un des meilleurs repas cinématographiques que j’ai expérimenté, mais la mayonnaise a eu du mal à prendre. Le soufflet est retombé. Enfin, vous avez saisi l’idée.

Si vous aimez la gastronomie et les belles assiettes, vous allez être servi par une belle gymnastique culinaire qui ravira vos yeux. Pour ce qui est du goût, ça manque de sel…

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