5/10, car pour faire vite, on est pris dedans, c'est nerveux, on sait mettre de la tension, c'est parfois drôle, mais pas plus parce que le fond semble tout de même n'aller que dans un sens.

Je ne ferai pas ici le laïus tout aussi orienté de Liberation criant au fascisme. Mais effectivement il y a un petit problème si on veut un film plus honnête.

Que nous dis ce film ? Effectivement, il prend le parti de la police. Plus particulièrement, de la police de terrain, et pas plus. Ce qui mène d'ailleurs à des critiques de l'IGPN, que certains diront démagogues, mais le problème est peut-être bien l'existence de cette institution qui remplace en première instance les juges, mais passons. Ce film, il nous dit que des quartiers sont perdus, aux mains de dealers qui y ont le monopole de la violence légitime. Mais que la police ne peut plus intervenir. Ce film nous parle d'un dilemme pour les policiers de terrains : abdiquer ou continuer à essayer de faire respecter la loi et l'ordre, sans bavure mais en faisant du chiffre ? Parce que abdiquer, comme le rappelle l'une des discutions entre l'un des flics et son indic, c'est rendre ces quartiers invivables pour les habitants, pour la majorité. Le film le martèle : on ne sait pas ce que c'est que de vivre ces quartiers. Et c'est vrai. Ici, on ne vient jamais ajouter de politique ou de religieux sur la table : le film montre simplement les conditions d'existence de certains quartiers où le trafic fait la loi. Et c'est violent. C'est un choix, qui oublie les consommateurs, qui oublie la misère sociale. Ce choix lui peut être contestable. Mais est-ce faux en soi ?

Moi, le problème que je vois, c'est que ça ne va que dans un sens présenté selon ce choix. On ne voit pas de bavure policière car tout est toujours moralement justifié d'un point de vue machiavélien. Dans le film, les policiers de terrain subissent les quotas absurdes, ils subissent le politique qui leur demande beaucoup mais s'acharnent contre eux dans les médias, la hiérarchie les lâche : bref les policiers sont en souffrance. Et c'est un des gros point fort du film, montrer leurs dilemmes (agir en coutournant les règles ou laisser empirer). Mais le gros problème du film est qu'il ne montre pas la misère en face, donc le film presente des bons gars (l'un vient d'être papa et a une belle copine, Adele Exarchapoulos qui joue un peu une simple boniche quand même) qui commettent un truc pas légal mais pas si grave pour effectuer une mission très importante que la hiérarchie et le politique leur ont demandé de faire. Et quand ça se sait ils sont écroués, lâchés par les officiers, les politiques et on apprend même qu'ils étaient sur écoute : on voit des gars sur qui on s'acharne quoi. Le film incite donc à la compassion pour les trois héros. C'est là où certains seront gênés, parleront d'incitation au fascisme. Mais enfin le film ne demande pas non plus à ce que la police ait un blanc seing. Il demande surtout à ce qu'on sache quoi faire de ces situations, où les policiers sont pris en étau. Ce qui me gêne moi, c'est le manque de vision globale, et de demi mesure : il y a bien des sales flics, des bavures et des vraies certaines couvertes par l'IGPN, mais ici on ne les voit pas.

Alors 5/10, car le film pouvait complexifier tellement mieux. Mais 5/10 tout de même, parce qu'en tant que moment à passer, c'est plutôt bon en surface. C'est nerveux, y'a de la tension, c'est parfois drôle, ça montre autre chose que Paris et ça a le mérite de montrer certaines choses sur lesquelles fermer les yeux est pire. Mais c'est trop construit pour soutenir une seule cause dans un sujet bien plus complexe.

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