L'étranger, roman d'Albert Camus, a été publié en 1942. Il a pour "héros" Meursault. qui est le narrateur du roman. Au début, il apprend que sa mère est morte, il doit l'enterrer. Aucune émotion ne rejaillit dans l'incipit. Ce manque d'empathie lui sera reproché quelques temps plus tard quand il commet un meurtre sur une plage d'Alger qu'il ne regrette pas. Ainsi résumé, ce roman paraît bien abrupt; pourtant il a fait, fait et fera encore couler beaucoup d'encre. Il a donné lieu à des oeuvres cinématographiques entre autres, souvent inintéressantes. Même la musique s'en est inspiré comme Robert Smith dans "Killing an arab".

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A quoi, à qui est-on étranger?

Le titre du roman est déjà une interrogation. Qui est l'étranger dans le roman? Meursault, le personnage-narrateur semble étranger à sa propre existence. Il ne témoigne d'aucune émotion. Il semble étranger. Mais, à la fin du roman qui relate le procès de Meursault à travers lui, le lecteur ne peut que s'interroger. N'est-il pas l'étranger lui-même? Et où se situe la normalité? La mort de Meursault serait une sorte de catharsis qui permettrait à nous lecteur dit "normal" de nous sauver. Ou, au contraire, à travers le procès de Meursault et son exécution ne serait-ce pas le procès d'une humanité incapable de voir l'absurdité de l'existence?

Meursault répond à Marie qui veut se marier: "J'ai dit que ça m'était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait" . On peut penser alors que c'est un monstre froid sans sentiment. Mais cette indifférence est plus complexe. Par l'indifférence, on pense à l'absurdité de l'existence. Mais cette indifférence ne vient-elle pas du fait que le monde ne donne pas à l'être humain de réponse. C'est "le silence têtu du monde" selon Albert Camus. L'humanité se trouve sans aucune réponse face à l'absurdité des événements, à sa quête de sens. L'indifférence de Meursault ne serait-elle pas une réponse à l'Absurde, au fait que l'on tue ou pas, que l'on aime ou pas, il n'y a pas de réponse. "Ca m'était égal " serait en définitive une forme détachement. En réalité, Meursault n'est pas si insensible que cela.

Y-a-t'il un sens au monde?

L'actualité est tellement absurde, ne faudrait-il pas mieux être indifférent aux malheurs dont nous sommes abreuvés 24/24. Albert Camus décrit le moment où la mécanique de l'Absurde se casse, quand surgit la question du Pourquoi.

Meursault ne meurt pas malheureux. Il semble avoir dépassé dépassé le stade de l'Absurde, au contraire de ses contemporains. Camus considère qu' « il faut imaginer Sisyphe heureux ». Sysiphe est un personnage de la mythologie grecque. Il est surtout connu pour son châtiment, consistant à pousser une pierre au sommet d'une montagne, d'où elle finit toujours par retomber. Comment pourrait-il être alors heureux? En fait, l'absence de sens ne serait pas une malédiction. Elle permettrait à l'homme d'être libre.

Albert Camus écrit sur le monde contemporain. Il saisit des invariants humains comme le fait que dans la polémique on insulte l'adversaire en refusant de le voir, de le reconnaître comme son égal. C'est ce qui se passe aujourd'hui à travers les réseaux dits sociaux.

Il est à noter également que chez Camus le monde est ambivalent et même ironique. Ainsi, le soleil réchauffe, il est vital ; mais il peut également tuer. Le soleil éblouit Meursault lors de son acte meurtrier. A la fin quand le soleil se couche, Meursault réalise dans sa cellule qu'il a été heureux. L'absurde est contenu dans le soleil.

Activité sur L'Étranger