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Carnaval

2019 • livre de Jonathan Bougard et Jean-Luc Coudray

Résumé : Ce petit livre nous donne à voir et à lire, dans leur disposition en vis à vis, 20 tableaux de J. Bougard accompagnés de 20 courts textes en prose de J.-L. Coudray. Dans sa préface à l’ouvrage, Luc Vidal écrit: « Jean-Luc Coudray a longuement observé les oeuvres de Jonathan Bougard. Par ses textes-poèmes il dit les forces telluriques qui envahissent les tableaux du peintre. » Et plus loin il ajoute: « Je suis touché par cette profusion, par cette vivacité offertes par les visions et les gestes du peintre. Les couleurs vives choisies font l’amour à la terre et au ciel. Je suis ému par la traduction en mots de cet univers de fête. » Il est vrai encore que la peinture de Jonathan Bougard, qui fait aussi sa part au fantastique (en usant d’un bestiaire nombreux, improbable mais a priori jamais inquiétant), nous propose une imagerie délirante, tout entière soumise aux jeux de ces métamorphoses où masques et visages se confondent, où les corps déformés sont tout autant figures fantasmatiquement érotiques que traduction d’une innocence originelle qui s’exalte dans l’exubérance de la danse. Corps de femmes surtout, qui échappent le plus souvent au réalisme de la représentation et aux lois de la pesanteur, deviennent corps jaillis d’un imaginaire hérité de la richesse de ces « arts premiers » océaniens ou africains qui jouent sur la limite et sur la confusion de la figuration animale et humaine, pour mieux déjouer les lois de l’anthropomorphisme, et nous donner à voir ici, dans son élan de « force primitive », le pouvoir absolu de la femme, déesse-mère ou tentatrice, détentrice de ces mystères, maîtresse des désirs de l’homme. Un pouvoir que celui-ci n’a jamais cessé, au fond, de craindre et de vouloir s’approprier en faisant de la femme l’objet de sa domination. Mais « Les mots du poète, écrit encore Luc Vidal, abordent aussi l’art de peindre de J. Bougard, cet art de mettre sur le même plan et des plans différents les formes et les couleurs, les forces sensuelles et les forces mystiques du ciel et de la terre, les forces du monde végétal et les forces du monde animal. » Et en effet, dans ces tableaux, comme nous le disions plus haut, règnes humain, animal, végétal, se trouvent non juxtaposés, mais confondus et alignés dans une même perspective de regard et de pensée qui nous renvoie à une vision mythique du monde, celui où hommes, animaux et plantes se partageaient le même espace et parlaient une même langue. Il nous semble pourtant que J.-L. Coudray ne se contente pas de poser ses mots sur les images de J. Bougard, mais nous en propose une relecture qui se superpose à celle des tableaux, sans en détourner ni en trahir le sens, mais en y ajoutant un angle de regard qui ouvre à d’autres interprétations. Extrait d'un article de Michel Diaz publié dans la revue Diérèse N° 77 (automne-hiver 2019)