Lu dans une librairie. Ç'aurait été bien, je l'aurais achetée, mais avec Zidrou, je préfère lire avant désormais : il a de bonnes idées mais peine toujours à les exploiter, les approfondir, du coup chaque fois que j'ai lu un de ses albums, je me suis retrouvé déçu... et celui-ci ne fait pas exception.

L'intrigue est très faible. Zidrou part d'un point de départ intéressant, mais dès le premier chapitre, il fout tout en l'air avec cette double voix off permettant de 'comprendre' ce que ressentent les deux personnages. C'est fait avec tellement de niaiserie, de bons sentiments que ça en paraît faux. L'auteur adopte pourtant un ton décomplexé comme pour annoncer à son lecteur qu'il va parler d'un sujet vrai dont souffre plein de gens, mais ça ressemble plus à un fantasme (un peu comme l'idée qu'on se fait qu'un vieux ou qu'un enfant est automatiquement bon). Le deuxième chapitre ne fait que confirmer cette impression de superficialité, même si on quitte les terrains de la voix off pour avoir du vrai dialogue ; les personnages vivent leur romance, c'est mignon, mais c'est trop facile, les conflits manquent cruellement, les résolutions sont trop faciles et quand arrive la fin, on se demande si l'éditeur n'a pas oublié d'imprimer quelque chose. Le pire, c'est qu'hormis les premières pages impudiques, on ne creuse jamais les personnages et encore moins les thèmes. Et lorsque le retournement de situation bien préparé arrive, on est vite le cul par terre parce qu'on dirait que Zidrou ne sait pas quoi en faire...

Graphiquement, c'est très joli. Et si l'album reste lisible, c'est certainement grâce au travail effectué par le dessinateur. Bon, c'est parfois un peu maladroit, un peu comme le séquence de sexe hors cases qui est assez longue, répétitive, trop romantique et mal amenée, mais la décomposition du corps de l'héroïne, par exemple, est assez admirable. C'est d'ailleurs une des rares pages (en fait il s'agit même de deux pages) à rappeler le thème de base, à savoir vieillir (et dommage qu'on n'ait pas eu droit au même constat pour le mec). Le trait est efficace, le découpage lisible, les couleurs chaleureuses.

Bref, c'est naïf, facile, parfois un peu vulgaire (et pas parce que les personnages le sont, simplement , parce que l'auteur ne creuse pas ses personnages et donc la vulgarité des personnages apparaît comme gratuite et non pertinente), ça manque d'une histoire avec de vrais conflits et d'un approfondissement des thèmes. Le dessin sauve un peu la mise, mais pas assez.

Activité sur L'Obsolescence programmée de nos sentiments