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Activité sur Décoloniser l'imaginaire : La Pensée créative contre l'économie de l'absurde

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Nicolas-Z
Décoloniser l'imaginaire : La Pensée créative contre l'économie de l'absurde

livre de Serge Latouche

Résumé : Décoloniser l'imaginaire La pensée créative contre l'économie de l'absurde Serge Latouche, Editions Parangon, 2003 (Ce qui suit sont mes notes de lecture de l'ouvrage mentionné en en-tête. Elles sont forcément biaisées par ma vision et mon interprétation des propos de Serge Latouche. Elles contiennent aussi parfois mes réflexions personnelles. Ne les prenez donc pas comme un résumé précis du livre, ni comme un écrit direct de Serge Latouche. Certaines phrases sont citées de Latouche in extenso, d'autres sont des citations d'autres auteurs utilisées par Latouche, la plupart constitue ma propre reformulation.) Chapitre 1: La tyrannie de la rationalité Le problème de l'économie actuelle n'est pas la mondialisation en soi (le commerce est mondial depuis longtemps), mais la marchandisation globale, c'est-à-dire le fait que tout est à vendre et à acheter, y compris le vivant, voire même les ressources fondamentales du monde dans lequel nous vivons (l'eau, par exemple). On peut retracer l'émergence du modèle économique actuel à Adam Smith, qui postula la séparation de la sphère privée et de la sphère économique. Cette dernière était, selon Smith, forcément vertueuse par le biais de la "main invisible", c'est-à-dire la redistribution des richesses. Ainsi, l'économie ne peut jamais être immorale. Par ailleurs, aux XIXe siècle, les économistes affirment que les ressources naturelles sont remplaçables par le travail et le capital. Il n'y a donc pas besoin de s'en soucier. On aboutit ainsi à une économie déconnectée des ressources naturelles. Cette notion des hommes séparés de la nature est renforcée par la vision cartésienne de Francis Bacon: "La nature est une femme publique; nous devons la mater, pénétrer ses secrets et l'enchaîner selon nos désirs." Avec les Lumières, la raison prédomine. Descartes veut créer une philosophie mathématiquement démontrable. Or, pour les Grecs, la raison prenait deux voies: la rationalité et la sagesse (ou le raisonnable). Le capitalisme s'appuie sur un droit rationnel, sans mystique ni tradition. Ainsi, tout devient calculable. On réduit le bonheur au plaisir, le plaisir aux besoins matériels et le besoin à la quantité consommée. La rationalité uniformise les goûts pour vendre le meilleur produit, mais il ne s'agit que d'un message publicitaire. Il n'y a pas de réflexion sur le pourquoi du meilleur. La disparition de la religion et des traditions laisse un vide, car tout n'est pas rationnel. L'homme a besoin de retrouver une foi, mais pas une religion. Chapitre 2: La banalité du mal et l'économie Les sociétés industrielles deviennent des mégamachines où l'homme n'est plus qu'un rouage. Certaines mégamachines, comme le socialisme soviétique, se sont effondrées, mais l'économie de marché en établit une forme plus stable, plus insidieuse. Et sans objectifs: l'homme n'est qui rouage qui fabrique d'autres rouages. La fin des régulations nationales représente la disparition des derniers vestiges de l'esprit communautaire. L'économie, émancipée de toute règle, se développe pour elle-même. Le social a été vidé de toute substance. Les progrès techniques permettent de produire toujours plus vite. La science peut mesure des intervalles de temps de plus en plus courts. Le rythme de la société entière s'accélère. Nous vivons en permanence dans l'urgence. Les prémisses de la mondialisation remontent aux XIIe-XIIIe siècles, quand les grandes foires étaient déjà internationales. La mondialisation s'est affirmée avec la découverte des Amériques et de la rotondité de la Terre. On est passé désormais à la vitesse supérieure. Plutôt que de "globalisation", qui peut laisser entendre des effets positifs, il vaut mieux parler de "marchandisation". C'est un processus de domination et d'exploitation à l'échelle planétaire. Ses visages sont le G8, le FMI, la Banque Mondiale, mais aussi diverses entités supranationales de régulation (faible) et de normalisation (souhaitable pour les marchés globaux). Dans l'inconscient collectif, alimenté par les discours politiques, le phénomène est généralement considéré comme inéluctable. La finance prédomine. Les états-nations se sont ruinés en titrisant leur dette. D'un bout à l'autre du globe, les marchés financiers ne dorment jamais. Les sommes échangées quotidiennement sur ces marchés sont très largement supérieures à la valeur globale de l'économie réelle. Le risque de bulle spéculative (donc d'éclatement de cette dernière et de crise) est permanent. On nous fait croire que la liberté est celle des marchés, que le bonheur vient de pouvoir tout vendre et tout acheter. Il ne s'agit pas de prôner le retour à l'âge de la pierre. Certaines avancées technologiques actuelles n'ont rien à envier aux révolutions que furent le feu ou la roue. Par contre, ces technologies sont maintenant développées par des entreprises dont le seul but est le profit, ou par des bureaucraties qui ne recherchent qu'une efficacité sans âme. Chapitre 3: L'hydre du développement Le développement est avant tout celui de l'Occident. Il est centré sur l'économie. Il charrie les valeurs de progrès, d'universalisme et de rationalisme. Le reste du monde a été converti par la colonisation ou par le marketing. La voie royale pour parvenir aux délices de l'Occident est l'industrialisation. Cette dernière détruit les forces économiques antérieures, entraînant avec elles les croyances et les mythes fondateurs. Ne reste plus qu'à remplir ce vide avec le crédo consumériste occidental. La plupart des tentatives d'industrialisation échouent. On ne devient pas une société technicienne du jour au lendemain. L'industrialisation est accompagnée par l'urbanisation, qui ne mène généralement qu'à plus de pauvreté et de violence. L'état du tiers-monde est souvent "nationalitaire" (contraction de nationaliste et totalitaire). Il n'est pas le fruit d'une maturation historique et doit s'inventer une identité. Il est généralement le résultat de la décolonisation. Le développement, tel qu'il est conçu actuellement, ne peut pas être durable, car il implique une croissance continue et s'appuie sur une économie déconnectée des ressources naturelles (voir chapitre 1). Le PNB est la seule mesure reconnue, qui inclut toutes les productions et toutes les dépenses, y compris celles qui sont nuisibles. Les tentatives de prendre en compte les coûts environnementaux débouchent généralement sur une réduction du PNB plutôt qu'un accroissement. Chaque culture a une vision de comment elle aimerait vivre, sa "civilisation". C'est cela dont nous avons besoin et non de développement, fut-il durable. Chapitre 4: La Machine infernale Nous sommes tous des chercheurs d'or, désirant la satisfaction au meilleur prix. Le coût environnemental n'entre pas en ligne de compte (si ce n'est un vague début de prise en compte sous forme de coûts externes, telle l'énergie grise). L'hégémonie de la société de consommation lamine la diversité culturelle de par le monde. Le vide qui en résulte peut se traduire par des mouvements nationalistes, ethnocentriques, qui fleurissent de partout. Les gouvernements nationaux en sont réduits à l'état de préfectures par rapport à l'autorité transnationale du jeu capitaliste. Les droits de l'homme ne peuvent pas se développer dans la misère. Le morcellement des états sous les poussées "particularistes" rappelle le régime féodal. Les élus sont otages du système, la politique est vidée de sens. Les gens renâclent à payer des impôts, car l'Etat semble impuissant. Au final, c'est le social qui en pâtit. Il est privatisé, ce qui a un impact négatif sur les plus pauvres. L'employé n'étant plus qu'un rouage de la machine de production, il n'a plus l'énergie à consacrer à autre chose. En particulier, à être un citoyen. La démocratie s'en trouve affectée. L'humain reste le grain de sable dans la machine, il reste capable de lutter contre le système. Malheureusement, il faut généralement des catastrophes pour déclencher un changement. Nous devons lutter contre le système, mais aussi contre nous-mêmes, car notre imaginaire est colonisé par la société de consommation. Chapitre 5: La mondialisation et l'impérialisme de l'économie L'économie est devenu le visage de la rationalité. Chacun se définit avant tout en termes économiques, quelque soit sa position: salaire perçu, impôts payés, subventions reçues, etc. La mondialisation exacerbe la concurrence. Elle pousse les pays du Nord à manipuler la nature de façon incontrôlée et ceux du Sud à épuiser leurs ressources non renouvelables. Le FMI, la Banque Mondiale et l'OMC sont les instruments de la pénétration du néo-libéralisme dans les pays sous-développés. Leurs stratégies ne mènent qu'à plus de misère et d'exploitation. Comme l'a si joliment dit Helmut Kohl: "La morale est une chose, les affaires en sont une autre." La transnationalisation de l'économie la détache des territoires. Les nations perdent ainsi leur souveraineté économique et subissent la loi des marchés mondiaux et des entreprises multinationales. Ceci induit aussi la dépolitisation des citoyens mentionnée précédemment. Dans l'imaginaire de l'économie de marché, le triomphe de cette dernière aurait dû nous mener à une ère de paix et de prospérité. Or, la discorde, la misère et l'exclusion vont croissantes. Il faut se débarrasser de l'illusion qu'il existerait un "bon" universalisme qui s'opposerait à la "mauvaise" mondialisation. La mondialisation a mené à la destruction des cultures locales, qui reviennent, perverties, sous forme d'intégrisme et de repli sur soi. Le bon universalisme est un mirage ethnocentrique occidental. On voit bien que la démocratie, les doits de l'homme et autres valeurs des Lumières ne suivent pas dans le sillage de la mondialisation. La mondialisation entraîne une guerre économique permanente, amplifiée par chaque progrès technologique. Une guerre avec peu de vainqueurs, transformés en héros par les médias. Cette chance de réussite, infime mais non nulle, entretient le mythe et continue ainsi à faire tourner la mégamachine. La culture de la performance contient inévitablement une culture de l'échec. Une culture doit normalement contribuer à bâtir une société. Au contraire, la culture de la mondialisation entraîne une destruction de la société, de par les inégalités qu'elle engendre en masse. La génération des Trente Glorieuses a connu un âge d'or. Hélas, cela s'est fait au prix d'une domination de l'Occident sur le reste du monde et d'un massacre écologique. La gueule de bois est là au réveil. Le marché a continué à s'imposer et à miner les Etats qui ne sont plus des contrepouvoirs. Les structures alternatives (coopératives autogérées, communautés néo-rurales, SEL, etc.) sont intéressantes comme forme de résistance à la marchandisation. Mais le danger est qu'elles deviennent une niche, dans le sens écologique d'une structure qui évolue au sein d'un milieu (hostile). Au lieu de se battre pour conserver son créneau dans le marché, il faudrait définir cette niche, pour pouvoir la protéger, la renforcer et la développer. Réussir à imposer des produits équitables dans les supermarchés, par exemple, ne constitue pas un bon objectif. Il vaudrait mieux s'assurer du caractère équitable de toute la filière, du producteur au consommateur. Ceci exclut d'emblée le supermarché, mais élargit le champ d'effet de la rechercher d'équité. Les relations entre toutes ces initiatives doivent être renforcées afin de créer un véritable tissu. Atteindre une cohérence permettrait de propose une vraie alternative au système dominant. Il s'agit de coordonner la protestation sociale avec la protestation écologique, avec la solidarité envers les exclus du Nord et du Sud, avec toutes les initiatives associatives pour articuler résistance et dissidence, et pour déboucher à terme sur une société autonome. Chapitre 6: L'autre Afrique et la culture du don L'Afrique semble être un continent en échec. Mais ce n'est que son occidentalisation qui a échoué. Les Africains ont une forte vie sociale, qui permet de s'entraider et de survivre hors de la logique du marché. C'est un peu comme une famille, très étendue. Ces "familles" se structurent souvent autour d'un clan, d'une ethnie, d'une religion. La mémoire est très importante dans ces familles. Il faut connaître tout le monde et savoir surtout à qui l'on est redevable. Il y a des endroits en Afrique où l'activité économique est officiellement quasi-nulle, mais où se passent pourtant beaucoup de production et de transactions. La pauvreté n'est pas de manquer d'argent, mais de ne connaître personne. Sans forcément travailler, les gens passent beaucoup de temps à se rencontrer, discuter, échanger, bref entretenir leur réseau. Les fêtes peuvent paraître disproportionnées par rapport aux moyens économiques, mais elles sont essentielles au réseau. L'argent est très concret en Afrique, pas des chèques ou des cartes de crédit. Il est facilement mis en commun dans les tontines, car chacun sait que lui-même peut en bénéficier à tout moment. Il y a une grande responsabilité, car personne ne veut dilapider l'argent de la tontine. Tout le monde se connaît. Ce n'est pas comme un prêt provenant d'une entité étrangère comme une banque (ni même le micro-crédit). Ce genre de relation a été qualifié d'économie informelle, mais c'est très réducteur de considérer cela d'un point de vue uniquement économique. L'aspect social est plus important, d'où l'échec des programmes d'ONG, de la Banque Mondiale ou du FMI tentant de transformer tous ces petits artisans en entrepreneurs. Leur but n'est pas de maximiser leurs gains, mais de vivre et survivre, et d'être utiles à leur réseau. Toute cette activité est organisée par les femmes. On est dans une logique de don. Il faut savoir donner, recevoir et rendre, sans considération directe de la valeur marchande, ni échange monétaire. Dans cette culture du don, le lien remplace le bien (note personnelle: on retrouve cette philosophie dans l'open source). Les méfaits des rapports marchands s'en trouvent minimisés, assurant une garantie minimale contre l'exclusion économique et sociale. Une étude de 1992 au Canada, évalue l'importance du travail non rémunéré à 34% du PIB. Ces échanges peuvent être structurés dans les SEL, où l'aspect relationnel est aussi important. Par contre, en Occident, il faut quantifier, contrairement à la culture d'entraide des sociétés vernaculaires. La pression sociale décourage les abus. Nous redécouvrons ce qui est au coeur des réseaux informels africains. Les SEL encouragent l'économie locale. La théorie du libre marché veut que tout produit tende vers le prix juste. On voit que ce n'est pas forcément le prix juste d'un point de vue social, car certains travailleurs ne sont pas rémunérés suffisamment. La charité est censée y pallier. Elle est encouragée sous les régimes néo-libéraux pour faciliter le démantèlement de l'état social. Un problème des SEL est la détermination de la valeur du travail selon les qualifications de chacun. Le meilleur système semble être la fixation de ces valeurs en assemblée délibérative. Le commerce équitable permet de ramener la politique dans la science économique. On affirme que le prix du marché n'est pas tout, mais que l'on souhaite que le producteur puisse vivre décemment de sa production. Malheureusement, l'opinion publique est manipulée par la publicité. Et trouver des produits qui correspondent à nos souhaits éthiques est souvent difficile. Dans bien des domaines, ils n'existent même pas (voitures, frigos, etc.). Le commerce équitable ne peut pas tout résoudre, même s'il devenait demain le système dominant. Il faut encore revoir le fonctionnement du marché global. Que nous, Occidentaux, consommions plus localement, et que des pays lointains produisent moins pour l'export. Il faut rebâtir les sociétés locales qui sont détruites ou en cours de destruction. L'économie alternative doit développer sa niche et y prospérer, pour féconder le désert du marché mondial. L'agriculture alternative doit pouvoir passer par une distribution alternative et faire ses affaires avec une finance alternative. Un biotope complet doit se développer. Il ne faut pas voir l'économie alternative comme un créneau, forcément petit et confiné. Chapitre 7: "Faire sortir le marteau économique de la tête" S'il semble si difficile de sortir du système actuel, c'est essentiellement dû à la force des croyances, au poids des idées reçues. Il faut commencer par penser autrement, il faut décoloniser notre imaginaire. Les valeurs économiques ne doivent plus être centrales, elles ne sont qu'un moyen et non une fin. Cela, non seulement pour éviter la destruction de notre environnement, mais pour sortir de la misère psychique et morale contemporaine. Une nouvelle culture doit émerger, avec une renaissance du politique et une nouvelle éthique. Ce changement est difficile, car on ne peut pas décider, du jour au lendemain, de changer d'imaginaire. L'économie alternative ne doit plus être un alibi, mais acquérir un vrai sens, forcément ancré dans le local. Cette prise de sens aidera à changer l'imaginaire. Parmi les solutions globales, Latouche supporte la taxe Tobin et l'annulation massive des dettes publiques, par lesquelles les états sont les esclaves du système financier. A défaut de pouvoir changer les mentalités d'un coup de baguette magique, Latouche verrait une forme de protectionnisme européen, qui remettrait les valeurs sociales et environnementales au centre. Or, le protectionnisme est devenu un concept tabou. Il faut aussi remettre en question l'extension de la marchandisation à tous les secteurs de la vie. Toute production pouvant se faire à l'échelle locale pour des besoins locaux doit être réalisée localement. Une population ne peut pas vivre dans la dignité si elle ne produit pas, au moins en partie, les produits dont elle a un besoin essentiel. Ni le corps, ni la terre, ni les biens environnementaux ne devraient être normalement considérés comme des marchandises comme les autres puisqu'ils concernent l'homme, sa vie, sa culture et ses attaches. La concurrence ne devrait pas porter sur le prix du travail et donc de la vie des hommes. Il faudrait instaurer un revenu de citoyenneté, pour déconnecter le revenu de l'obligation de travailler. De même, on pourrait instaurer un revenu maximal, afin de limiter l'hubris. Certaines avancées scientifiques, en particulier dans les biotechnologies, devraient pouvoir être débattues démocratiquement. L'auto-limitation de nos sociétés prédatrices se traduirait immédiatement par une amélioration de la qualité de vie dans les pays du Sud, en recentrant la création et l'utilisation des ressources sur les besoins du local. L'encouragement des sociétés viables doit être préféré à l'imposture du développement durable. Tout ceci ne sont que idées ou des exemples ce qui pourrait se faire. Le catalogue peut paraître utopiste mais le détail de son contenu n'est pas le plus important. Il est surtout urgent d'organiser un contre-pouvoir au FMI, à la Banque Mondiale, à l'OMC et autres grands prédateurs de la finance internationale. Beaucoup passe par l'éducation. On ne peut simplement interdire à nos enfants de suivre les diktats de la publicité, par exemple. Il faut non seulement enseigner aux enfants la pensée critique, afin qu'ils puissent se défendre contre les pensées reçues, mais aussi leur donner confiance en la possibilité de créer une autre société. Les intellectuels ont le devoir de démystifier la mégamachine. En guise de conclusion: Il faut jeter le bébé plutôt que l'eau du bain Le reproche qui est généralement fait à la philosophie de la décroissance, ou de l'aprèsdéveloppement (terme que préfère Latouche), est de ne pas résoudre les "vrais problèmes", tels que la faim, la misère, l'illettrisme. Cela vient surtout du fait que les solutions proposées ne sont pas formulables en termes technocratiques et ne s'inscrivent pas dans les glorieuses stratégies de développement vantées par les gouvernements et les instances internationales. Les opposants à la mondialisation doivent faire attention à ne pas sombrer eux-mêmes dans les travers de l'ethnocentrisme. La plupart des critiques de la mondialisation provienne d'Occident. Or, il n'existe pas une unique solution. Il faut remplacer le rêve universaliste défraîchi par un "pluriversalisme", une véritable "démocratie des cultures". La colonisation de l'imaginaire par le développementisme est telle qu'il faut affirmer la rupture de façon radicale, et donc l'afficher aussi au niveau du vocabulaire. Pour décoloniser l'imaginaire, il est donc aussi nécessaire d'éviter les mots que nous utilisons, souvent même à notre insu, et qui polluent notre perception du monde ("développement", par exemple, ou encore pire "développement durable"). Le développement et l'économie sont le problème et non la solution