Après avoir initié sa saga post-apocalyptique Sans un Bruit, voir John Krasinski à la barre d'un film familial pourra être perçu comme, au moins, surprenant. Ce qui le sera moins, c'est la présence dans ce type d'entreprise de Ryan Reynolds, avec des fortunes diverses, l'acteur pouvant se montrer, à l'occasion, un peu trop "débordant", ou marquer une tendance très "bof" dont la plus éclatante illustration restera un Free Guy en forme d'occasion très manquée.

Blue & Compagnie subira-t-il le même sort ?

Les reproches qui seront listés ici ne tiennent pas à la personne du bon Ryan, s'inscrivant ici plutôt dans le registre de la retenue et se montrant assez attachant. Mais plus surement de l'écriture du film, qui peine un peu à associer de manière organique son propos sur le deuil et son argument fantastique concernant les amis imaginaires.

Une telle maladresse plombera tout le début de l'oeuvre, qui oscillera donc de manière mécanique entre ses deux aspects, sans véritable harmonie ni cohésion. Il surnagera cependant les différentes séquences introduisant les personnages fantastiques, culminant avec un véritable numéro enthousiasmant pour investir leur véritable lieu de vie en forme de maison de retraite émulant le décor d'un hôtel Disneyland.

Il faudra aussi avouer que la petite Bea est assez charmante, et que son association avec l'ami Ryan fait plaisir à voir évoluer.

Et je pense qu'il ne s'agira pas de trahir un secret en constatant que John Krasinski voudrait, sans doute, s'inscrire dans les pas du studio Pixar de la grande époque en essayant d'émuler l'émotion de Toy Story, de Monstres et Cie ou encore de Vice-Versa. Il y réussit à l'occasion, le temps d'une scène ravissante de danse nocturne, nimbée de nostalgie qui submerge le coeur, ou encore le temps d'une rencontre ravivant les souvenirs et les sentiments d'un temps lointain.

Mais à nouveau, certaines maladresses se font ressentir, faisant que Blue & Compagnie ne s'impose que comme un film sympa, parfois sincère, mais trop engoncé dans ses aspirations pour convaincre totalement... Jusqu'à cette dernière ligne droite très émouvante qui lâche les chevaux, comme si Krasinski réussissait enfin à embrasser totalement la douceur de ses thématiques intimes, à illustrer à l'écran son coeur, nourri d'un mini twist bien vu.

Une agréable surprise qui conclut le film en beauté, permettant de laisser un bon souvenir à la sortie de la salle, sans pour autant, cependant, atteindre la puissance dévastatrice, sur le même thème, du récent Le Royaume des Abysses, et, plus encore, du formidable Quelques Minutes Après Minuit.

Mais il reste un charme, une tendresse que l'on n'attendait pas du tout. Un petit quelque chose qui réchauffe le coeur et nous fait renouer avec notre part d'enfance émerveillée et un joli message.

Blue & Compagnie réussit donc l'essentiel.

Behind_the_Mask, rhapsodie in Blue.

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