On pouvait critiquer des jeux pour smartphone, des chaînes Youtube et maintenant, on peut critiquer des podcasts ! Bientôt les Skyblog et les panneaux de signalisation.

Ravi cependant de pouvoir donner un avis sur cette émission, dont la personnalité des intervenants me pose parfois problème, mais qui, il faut bien l’avouer, reste suffisamment riche pour maintenir les oreilles actives, et malheureusement trop rare dans le sillon des « formats web » sur le ciné en France.

Première chose à noter : l’articulation du podcast est très réjouissante.

En effet, on a droit en premier lieu à un regard pertinent sur l’actualité ciné de notre bonne vieille patrie au sein de laquelle le monde de la culture est si complexe. Ce n’est pas souvent que l’on entend parler du marché de la vidéo, des distributeurs, des exploitants, des festivals, des avantages et inconvénients de la chronologie des médias, et de manière générale toute la sphère professionnelle qui fait vivre nos salles chéries, temples sacrés de nos petits cœurs de spectateurs. S’en suit alors des critiques et/ou micro-analyses de films frais, puis de films de patrimoine. Encore une fois, tous les ingrédients sont réunis pour l’émission parfaite. J’aime l’idée de demander à l’un des intervenants de choisir un film qu’il aime pour en dresser une critique étayée et réfléchie, avant d’entendre les avis chauds et extérieurs d’autres qui souvent découvrent l’œuvre en question. Se confrontent ainsi le regard de celui pour qui le film a une aura particulière, et les impressions de ceux qui se plient au jeu pour tenter d’en comprendre les raisons. Un spectateur change de point de vue d’un jour à l’autre, ainsi Titanic n’aura jamais la même portée sur un même spectateur à chaque visionnage, car les émotions que peuvent procurer un film se conjuguent avec le parcours spirituel de son public. Le mélange des angles et les nouvelles visions encouragent donc une discussion riche et digne d’intérêt.

Concernant le fond, le constat est évident. Il y a un réel déséquilibre dans la pertinence des intervenants.

Marc et Simon apportent un avis pointu sur les films qu’ils chroniquent en retranscrivant dans les grandes lignes les thématiques chères aux auteurs de ces œuvres, le contexte artistique et culturel qui les entoure, et bien sûr et surtout la mise en scène. Pour résumer : on apprend quelque chose à les entendre parler. C’est bien moins le cas avec des trois autres. Sophie, Clara et l’animateur Victor vont, quant à eux, insister sur leur rapport très personnel aux films et les émotions qu’ils ressentent en les visionnant. Ce n’est pas désagréable dans l’idée, à condition d’éviter de répéter les mêmes phrases, les mêmes blagues, les mêmes anecdotes à chaque numéro. De même, le simple fait de partager ses émotions est loin d’être une chose facile et fait partie selon moi de l'exercice périlleux de la critique. Autrement on laisserait faire BFM TV, et personne ne veut vivre dans ce monde-là. Malheureusement, l’exercice d’échanger ses visions trouve ainsi une limite et ne fonctionne pleinement que dans certains cas : les entendre parler collectivement de La Reine des neiges devient alors plus intéressant et argumenté que lorsqu’il s’agit d’évoquer Claude Sautet. Et c’est quand même un peu balot tant l’objectif d’une telle émission, à mon avis, est aussi d’évoquer une cinéphilie un peu alternative.

De plus, il y a un frein à la bonne conduite de ce podcast : le rire est roi.

Si l’humour est toujours nécessaire, partout, tout le temps, le dosage en est capital. Tout prétexte est bon pour interrompre celui qui parle parce qu’il a fourché, toussé, utilisé un mot récurrent, fait un jeu de mot ou une blague un peu salée, fait référence à un livre (« Simon lit des livres » : le mec est interrompu systématiquement alors qu’à ces moments précis il est juste passionnant). Tout prétexte est bon pour appuyer son rire bien comme il faut, pour marteler des phrases, répéter des vannes qui s’épuisent elles-mêmes (Marc est vieux haha), refaire les mêmes accents, ou encore crier son amitié au micro avec une niaiserie qui fait éternuer. Tout prétexte est bon pour appuyer sa propre image, son personnage, une manière de dire « fuck les rageux » sans interruption, activité dont InThePanda est d’ailleurs coutumier. Son travail est impeccable, pourquoi ressent-il ce besoin constant de répondre à des CM2 sur Youtube ? Il a toutes les raisons d’avoir confiance en lui. Cette immaturité lui est préjudiciable, je le regrette, mais on s’éloigne du sujet. Pardon InThePanda.

Je précise que pour ce dernier paragraphe, l’émission s’améliore légèrement à ce sujet. Il est de moins en moins désagréable d’essayer de suivre. Je recommande donc ce podcast, au concept très prometteur et à l’avenir radieux.

On se retrouve bientôt pour ma critique des carottes râpées de chez Auchan, clairement dans mon top des produits de sous-marques de supermarchés français de 2014.

EDIT du 10 août 2023

Cher journal, c'est fou ce que le monde a changé depuis notre dernière rencontre. L'après Covid ? Oh, assez décevant. Je pensais qu'on allait tous fêter ça dans une sorte de Woodstock du nouveau millénaire, genre tous à poil au parc des Buttes Chaumont, finalement on nous a juste fait comprendre que les masques étaient plus trop obligatoires mais un peu quand même mais en fait pas trop trop. Du coup je crois que c'est fini, mais qu'il n'y aura pas de Woodstock. Un final digne d'une série en pleine grève de scénaristes. Bref.

Ce qui est arrivé à cette bande de joyeux lurons ?

Bah leur chef en fait c'était un genre de violeur, enfin un type pas très recommandable (on n'est qu'à moitié surpris), et donc ses potes l'ont lâché - alors qu'ils le savaient depuis toujours mais on peut dire merci à Twitter pour les faire se bouger le 'uc - pour créer un autre podcast à côté, la même formule mais sans lui. Et bah c'est vachement mieux. Comme quoi il suffisait de pas grand-chose.

Déjà, le nouvel animateur il est pas du tout cancel, et en plus il est très cultivé (ça change énormément de choses quand même un type cultivé dans une émission culturelle) et même un peu drôle, ce qui n'est pas négligeable. C'est un scientifique en plus le mec, on peut le voir sur le Cercle sur Canal+ mais aussi à la télé en tant qu'intervenant pour parler des fonds marins, c'est un fou ce gars !

Ils ont gardé Simon Riaux, toujours le gars le plus pertinent de la bande, qui semble étonnamment tête sur épaules garder, malgré le sentiment de type malsain qu'il dégage en permanence (bientôt cancel lui aussi à tous les coups, c'est sûr qu'il a des casseroles, on s'en reparlera dans un prochain édit cher journal, les temps sont durs pour les casseroles - j'ai toute une histoire sur Darmanin et les casseroles à te raconter d'ailleurs, tu vas voir c'est complètement con). Ils ont gardé Sophie aussi, à qui on donne la parole à chaque fois qu'il s'agit de parler des persos féminins dans un film parce que c'est elle l'experte askip, c'est un peu la Iris Brey du groupe, enfin c'est surtout LA fille quoi, donc c'est à elle qu'on demande ça. Et elle raconte toujours autant sa life, ce qui n'est pas désagréable mais nous voilà bien avancés... Enfin ça dépend ce qu'on vient chercher dans un podcast de critique ciné quoi, vous venez chercher quoi, vous, par exemple ?

Alors ils ont ajouté un type assez antipathique qui récite ses cours de ciné et qui commence toutes ses phrases par "ouaiiis alors euuuh" alors qu'il sait déjà par coeur ce qu'il va dire. Et y a un autre gars de Kombini là qui connait vraiment rien au ciné pour le coup mais qui a l'air tout gentil donc ils le gardent quand même, faut juste pas qu'ils lui laissent la parole trop longtemps parce que ça se remarque un peu vite. Mais comme il bosse à Konbini peut-être qu'il des... kombines... HAHAHAHAHAHAHAHA [accent espagnol] [blague sur Spielberg] [Simone 45 ans ou j'sais pas quoi] HAHAHAHAHAHA

Alors depuis, le panda là, bah c'est plus un panda, il officie maintenant avec son vrai nom, sur sa chaine Youtube, après avoir expliqué dans une vidéo - dans le même template que tous les mecs du web accusés de viol, en mode portrait sur fond blanc et un visage grave en vignette - que toutes ces accusations étaient fausses et que ses potes bah c'est plus ses potes et puis de toute façon ils sont bizarres et tout bouh méchants pas beaux. Sur Twitter y a des gens qui aiment bien dire ironiquement "ah ouais ces fameuses carrières brisées par metoo laissez-moi rire hahaha lol", mais en vrai le type il va pas aller bien loin. On a tous vu qu'il valait pas grand-chose sans son crew, qu'il ne suffisait pas de voir plein de films pour savoir en parler, et que bah on l'aime pas quoi. Les gens l'ont suivi à l'époque parce que les autres youtubeurs étaient aussi nuls que lui, mais maintenant c'est plus le cas, Panda.

Et le podcast a l'air de bien marcher. Il est nettement plus agréable à écouter, moins agressif aux oreilles. Il est moins difficile d'extraire quelques bonnes infos dans un brouhaha de connerie. Et un épisode spécial dédié au cinéma de patrimoine, ça fait toujours immensément plaisir. On change presque pas une équipe qui gagne !

Bon bah je te laisse, journal, il faut que j'aille faire mon classement des meilleurs babyfoots. Le top du top c'est le classique Bonzini tmtc le sommet du top111 des babys, la concurrence est en jachère aaaaïïï.

Allez, mille bises (bise'millah).

Activité sur Pardon le Cinéma