Quel malheur ! Miserere ! Quand le froid te prend à la gorge à l'entrée dans la rivière, ta poitrine se comprime se compresse comme écrasée par une presse invisible ou les griffes puissantes d'un dragon et tu te prends à rêver aux jours de bonheur malgré la douleur, ce froid intense. La bonté de la détresse t'échappera toujours et tu te concentres pour résister au lieu de laisser aller vers le fond. N'aie pas peur il te recrachera un jour comme on crache avec négligence un pépin de raisin. Tu t'immergeais en conscience comme dans un doux rêve un voyage à l'origine dans cette eau lustrale sans prendre garde aux sirènes de la mort si lointaines et diffuses. Le courant te prenait te malmenait, tu apprenais à nager sur le tas et te surprenais à plonger sous les remous, les aspirations, les succions. Tu en voulais à la vie, tu voulais la briser te détruire comme on détruit un morceau de pain pour donner aux oiseaux et les miettes ressemblent à de la poussière. C'est si simple tous les moyens sont bons, rapidité du poison lenteur de la Junk Food entre les deux un peu de temps...si peu ! Maintenant tes tympans réduits en esclavage te dictent chaque seconde un nouveau tempo, ressassent le bruit des flots qui monte et qui descend encore et toujours. La messe est dite, les Dieux du vide te propulsent loin si loin. Ta promise s'en va dans le chant des vagues et il te faut la suivre, reconstituer le berceau qu'alimente le Diable du fond de sa caverne, ne pas pleurer jamais, elle l'avait voulu et tu l'avais reçu comme une offrande du temps qui s'éternise quand tu regardes sa photo. Ta mère aussi était si belle recluse en sa folie quand brisée par la vie ton père la séquestrait, pas physiquement c'est sur mais il la tenait dans sa main comme on tient une poupée de chiffons et tous les pauvres enfants auraient pu pleurer ça n'aurait rien changé pas plus que les coups reçus en échange de la résistance au tyran. Il frappait avec rage et une impuissance aveuglée de bêtise, de mièvrerie et de mesquinerie collante comme un miel faisandé qui empuantit l’atmosphère. Alors tu cries à la face du Monde et tu gerbes sans pouvoir contrôler le flux qui te tord les boyaux percés par tant de misères. Tu le ravales les yeux ouverts, les mains suppliantes et ton visage s'efface biffé irrémédiablement de cette page triste. La page, le livre petit à petit tout est gommé. Pourtant, seul contre tous tu voudrais jeter des barrières, contrôler les idées, les personnes et la haine, cette envie de réussite qui broie les gens en fait des comparses serviles indolents désobligeants et si lents à comprendre leur état, la stase de leur organes vitaux. Tu n'es sur de rien, je ne suis sur de rien, personne...finalement tu prends le loop, le tourbillon et tu dégages, vil pou de la Terre vers le Népal ou ailleurs, tu tournes tu tournes tu tournes tu tournes tu tournes tu tournes tu tournes......

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