N'écoute que moi: tome 5 dans l'ordre chronologique de la saga Disney Vilains mais étant paru en troisième dans l'ordre de sortie.

Après un premier tome pas terrible et un tome un peu plus travaillé que le précédent sans être brillant, N'écoute que moi est le premier tome de la saga des méchants à avoir les qualités qu'aura Miroir, miroir par la suite (paru après Les Etranges Soeurs); une histoire bien travaillée, un manichéisme aux abonnés absents ainsi qu'une empathie envers un méchant/anti-héros au passé tragique contraint, selon lui, à faire des actes répréhensibles que l'on comprends tout en les montrant comme inexcusables.

De plus, le background de notre protagoniste/anti-héros (ou plutôt anti-héroïne) est encore plus tragique que celui de la Méchante Reine.

En effet, alors que la protagoniste/anti-héroïne de Miroir, miroir était menée à sa perte en devenant folle et jalouse après un traumatisme et une perte chère, celle de N'écoute que moi, ici Gothel, ne peut échapper à l'inévitable réservé aux méchants Disney à cause de l'égoïsme du monde jugeant et regardant de haut la vulnérabilité.

Aspects représentés par la stupidité humaine ayant peur de la magie, symbolisant ici la discutable peur de l'inconnu, et une mère pas sympa et violente de la protagoniste/anti-héroïne n'étant pas la seule victime de cette horrible mère.

Sans compter que notre protagoniste/anti-héroïnes subit non pas une mais plusieurs pertes chères.

(à savoir deux soeurs et un ami)

Ce qui, hélas, fait sombrer notre personnage principal dans le désespoir la menant à commettre l'irréparable. Mais surtout, à cause de malheureuses circonstances hasardeuses, pourtant pleines de bonnes intentions envers d'autres personnes, l'empêchant d'atteindre son but.

Ici, ce n'est pas la folie qui amène à faire des actes répréhensibles plus que discutables mais bel et bien le désespoir d'une personne que l'on prend pour une méchante alors qu'elle essaie juste de ramener les êtres chers à qui elle avait promis d'être toujours à leurs côtés.

Hors, qui ne serait pas capable de faire les pires choses par amour pour ses proches ou pour tenir une promesse sans se rendre compte que, parfois, toutes les promesses ne peuvent être tenues?

Ainsi dans la version de Serena Valentino, Gothel n'est plus une méchante très méchante obsédée par la jeunesse éternelle enfermant une enfant dans une tour par pur égoïsme pour ne jamais vieillir mais un personnage moralement gris faisant des actes répréhensibles pour ses sentiments envers les autres.

Avec ces circonstances, durant la lecture de N'écoute que moi, on peut se poser la même question que l'on avait en tête lors de la lecture de Miroir, miroir

Les héros ont-ils raison de juger les méchants et les condamner directement ou indirectement à des sorts funestes sans se demander s'ils le méritent vraiment ou pas?

Enfin, c'est bien joli d'avoir une histoire sympathique ainsi qu'un personnage central réussi mais qu'en-est-il du reste?

Et bien, nous avons toujours notre trio de soeurs sorcières perfides en pleine forme qui, ici, ne sont pas envahissantes tout en devenant des personnages importants du récit. Encore mieux alors que dans les tomes précédents, elles étaient pleines d'assurance, dans cette histoire-là, elles deviennent vulnérables et perdent de leur confiance en elles suite à des problèmes personnels graves.

Sans compter le fait que leur soeur, Circé, personnage apparu dans le tome L'Histoire de la Bête a délaissé le côté obscur pour basculer du côté clair abandonnant ainsi ce trio d'ordures à leur sort.

Toutefois, elles ne perdent pas leur classe pour autant et sont toujours des odieuses semeuses de zizanie jouissives à suivre.

De plus, des personnages originaux sont exceptionnellement inventés pour cette histoire. Tous sont plus attachants les uns que les autres malgré le fait qu'ils soient du côté d'un personnage central accomplissant des actes discutables. Le meilleur d'entre eux est Jacob, à la fois attachant et émouvant...

...qui, hélas, mourra au cours de l'histoire.

En dehors de tout ceci, on peut se réjouir d'une chose: le retour de la violence morbide des contes de fées classiques que l'on retrouvait dans Miroir, miroir; alors que cette même violence avait été moins présente dans les tomes précédents où l'on sentait plus l'aspect Disney adoucissant les récits célèbres que dans les autres histoires de Serena Valentino. Histoires n'hésitant à pas à aller, parfois, dans le trash que ce soit d'oeuvres inspirées de Disney ou des récits originaux de l'autrice.

Mais malgré tous ces excellents aspects, N'écoute que moi n'est pas aussi bon que le tome 1 de la saga Disney Vilains. En effet, alors que le tome 5 de ces mésaventures aurait pu égaler, voire surpasser, Miroir, miroir, il n'y parvient, hélas, pas.

En effet, contrairement à Miroir, miroir pouvant être lu indépendamment des autres volumes de la saga, N'écoute que moi est difficile à comprendre si l'on ne s'est pas penché, au préalable, sur Maîtresse de tous les maux se déroulant en parallèle de ce récit.

De plus, Blanche-Neige fait à nouveau un petit coucou et semble être bien partie pour devenir un personnage important de la saga Disney Vilains alors que les histoires de ces mésaventures doivent être, avant tout, centrées sur les méchants comme le sous-entend le titre ci-dessus.

Bref, c'est une histoire réussie et plaisante à lire mais gâchée par le fait qu'on soit obligé de lire tous les tomes de ces mésaventures pour en apprécier, ne serait-ce qu'une seule (à part Miroir, miroir) alors qu'on a pas forcément tous les récits sous la main et que les tomes sortent dans le désordre.

Activité sur N'écoute que moi