Pour un premier film, Francis Veber nous offre une satyre sociale rarement drôle et même souvent cruelle.

Mais au malaise succède souvent l'émotion et une réelle complicité s'engage entre François Perrin, journaliste faussement naïf mais avec le couteau sous la gorge et le jeune Eric, gosse "de riche" pourri-gaté mais en manque d'affection et cachant sa tristesse derrière une méchanceté de façade. Délaissé par un père enfermé dans un cynisme qui lui permet de maintenir d'une poigne de fer le contrôle sur son empire industriel, le fils va trouver en son "jouet" une sorte de père de substitution, qui lui apprendra non seulement à être heureux via des petits bonheurs simples comme manger une glace ou jouer aux cow-boys et aux indiens, mais aussi à se rebeller contre son "monde" pour ne pas "devenir comme son père".

Le film aborde via cette histoire touchante des thèmes sociaux tels que le chômage de masse qui commençait à devenir une réalité en cette fin des 30 Glorieuses, les familles recomposées, la lutte des classes et la puissance de l'argent, l'abus de pouvoir, l'indépendance des médias et plus particulièrement des grands organes de presse... Certaines scènes valent le détour pour les différents niveaux de lecture qu'elles offrent : la garden-party surréaliste, l'achat de la maison sur un supposé coup de tête du fils et le dialogue final entre le père et le fils, conduisant à une fin volontairement ouverte...

Les acteurs jouent souvent très juste : Pierre Richard maladroit mais tendre, Jacques François en rédacteur en chef désabusé, Michel Bouquet en patron tyrannique et froid, et le jeune Fabrice Grecco, espiègle et malicieux dont ce sera le seul et unique rôle au cinéma.

30 ans après sa sortie, le Jouet reste toujours aussi plaisant à voir et reste moins connoté années 70 que nombre de comédies sorties à l'époque. Veber peaufinera par la suite son style satirique et pince sans rire et le portera au sommet avec le Diner de Cons et le Placard.

Activité sur Le Jouet