WARNING : La meilleure manière d’apprécier cette série est de s’y jeter avec le moins d’infos possibles. Je ne divulgâche rien ici, mais je m’en voudrais de ne pas le préciser tant j’ai apprécié la découverte de cet univers.

Le short originel

La série a été créée par Joseph Bennett & Charles Huettner. Les deux compères travaillent ensemble depuis très longtemps sur des courts métrages et c’est donc Adult Swim qui les approchent au départ pour un short. Au moment du pitch, la chaine ne capte pas grand-chose, mais vu le budget ridicule (14.000 $), l’équipe a droit au greenlight ainsi qu’à une liberté totale. Ce qui donne le court-métrage Scavengers diffusé en 2016 sur Adult swim et Toonami.

Le succès étant au rendez-vous, entre 2018 et 2019 le duo travail sur un pilote afin de partir sur une série. L'équipe d’Adult Swim devient ensuite frileuse, ne voyant pas où le programme pourrait s’insérer dans la grille.

Scavengers reign begins

Après quelques années de flottement, c’est HBO Max qui reprend le flambeau en commandant 12 épisodes et après deux ans de travail, nous y voilà.

Diffusée du 19 octobre 2023 au 09 novembre 2023 avec un rythme de 3 épisodes par semaine sur la plateforme Max aux US. De notre côté, on est toujours dans l’attente d’une offre légale. À part pour Rick & Morty, la traversée de l’Atlantique est toujours assez compliquée pour l’animation chez Warner. Vive les VHS XD

Je crois que c'est bien

En tout cas, j’ai maintenant pu voir les 12 épisodes et c’est l’heure du verdict.

La série démarre avec une courte conversation extrêmement froide entre deux employés d’une station spatiale. Le constat : l’inventaire est fait, tout est ok, sauf pour un des vaisseaux, le Demeter 227. Il a disparu, c’est chiant, mais bon la boite ne va pas mettre de la thune pour un sauvetage. Espérons qu’il n’y ait pas de survivants.

Une fois ces bases rapidement posées, on peut rencontrer la véritable star du show, la planète Vesta. C’est sur celle-ci que l’on va suivre les quelques personnes qui ont survécu au crash et dont le but va être de retrouver leur vaisseau (ou ce qu’il en reste) et se barrer.

La première chose qui m’a marqué avec la série, c’est justement cette importance primordiale apportée à la narration environnementale. À la manière de Dark souls ou Bioshock côté Jeu vidéo, nul besoin d’exposition à outrance, car c’est en parcourant le monde, et dans le cas présent en voyant l'écosystème de la planète se dévoiler au fil du périple de ces scavengers, que l’on arrive à mieux comprendre l’univers.

Ah oui au fait ! J’ai précisé que c’est BEAU !? La série est une coproduction entre Green street pictures (studio d’animation indé basé à LA) et Titmouse (Compagnie de production dans l’animation avec des studios basés à LA, New York et Vancouver).

Cocorico ! En effet, Bennett précise que parmi la grosse équipe d’animation internationale, une bonne partie est de chez nous, donnant à l’œuvre une influence Française associée à un style Coréen.

Moebius est quant à lui cité en tant qu’inspiration dès le short originel.

Au-delà de l’aspect ludique du récit et même s’il y a de temps en temps quelques flashbacks pour mieux comprendre les enjeux des personnages humains, le type de narration principalement utilisé permet d’être constamment sur le qui-vive, car on ne sait jamais ce qui peut se passer. Rien n’est forcé, tout est sensoriel et organique. Que ce soit la découverte de Vesta ou l'attachement progressif aux différents protagonistes.

Fun fact, mais Bennett avait au départ pitché le projet sans aucun dialogues. À force de compromis, cela ne s’est pas fait, mais c’est grâce à cet état d’esprit que Scavengers Reign se démarque à de nombreux moments avec des séquences à la fois intimistes et grandioses (l’une d’entre elles dans l’épisode 3 me donne encore des frissons dès que j’y repense). Jamais troublé par une blaguounette pour désamorcer la situation ou une explication pompeuse qui dirait en filigrane au spectateur “t’es un peu con, donc je vais t’expliquer”. L’œuvre se prend au sérieux et respecte par la même occasion son audience.

De manière bien plus extrême qu’avec Pandora dans Avatar, ici la planète Vesta nous fait très vite comprendre notre statut de parasite. Malgré tout, s’adapter sans l’exploiter devrait nous donner une chance d’évoluer et passer du parasite externe nuisible au microbiote bienveillant.

Voilà mon humble avis sur cette série.

Épilogue (12/11/2023) : Infos saison 2 // Révolution actuelle de l’animation et la place de Scavengers Reign dans tout ça

Saison 2

Pas encore de greenlight, mais l’équipe est prête. Nouveaux persos et nouvelle planète confirmée. La réception critique est incroyable, maintenant, on croise les doigts et on attend le retour côté HBO Max.

Révolution esthétique

C’est déjà bien documenté donc pas besoin de trop revenir sur l’impact qu’a eu Spider-verse dans le domaine du long-métrage d’animation occidentale, redonnant ainsi un coup de boost esthétique et créatif au milieu. Je me permets quand même de citer Lego the movie qui fait office de bêta-test quelques années avant ainsi que SPA Studios (Klaus chez Netflix) qui prend carrément un autre chemin en rajoutant texturing et lighting à la 2D tradi.

Je suis personnellement assez amoureux de cette nouvelle vague qui vient donner une esthétique totalement différente à chaque œuvre, la ou depuis quelques années, il devenait quasiment impossible de faire la différence entre les productions de différents studios.

Révolution de l’animation pour adulte (Non pas celle-là, l’autre) XD

On est en France, on aime le Japon, on adore l’animation Nippone.

Les Japonais ont une industrie de l’animation extrêmement rodée avec des catégories distinctes, des studios d’animations connus et reconnus ainsi que leurs auteurs Stars.

Côté occidentale, au-delà de South park, des Simpson et généralement de l’humour, il est bien plus compliqué de voir l’animation se prendre au sérieux et s’attaquer à d'autres territoires comme la SF ou le genre en général. Pas d'attente pour les nouvelles productions d'un studio comme c'est le cas pour un Mappa, un Trigger ou Madhouse (à l'époque).

C’est maintenant en train de changer ! Je ne vais pas m’aventurer à désigner un pionnier, mais pour prendre quelques exemples : Studio Je suis bien content (FR) avec Lastman en 2016 // Powerhouse animation (US) avec Castlevania en 2017 // Love death and robots qui vient ensuite mettre une claque en début d’année 2019 // Puis c’est le mastodonte de Genndy Tartakovsky, PRIMAL qui vient finir l’année 2019 en beauté grâce au talent du studio (encore une fois FR) La cachette (studio qui a également participé à la première saison de Love death and robots) // Studio fortiche (FR) qui vient tout rafler en 2021 avec Arcane // En 2023 on a eu droit au retour de Bobbypills (Studio FR, je fais vraiment pas exprès je vous jure) en feat avec Adi shankar (showrunner et prod exe sur Castlevania) pour la série Captain Laserhawk: A Blood Dragon Remix qui vient dynamiter les licences Ubisoft dans un trip esthétique et régressif extrêmement jouissif.

Un peu à part, mais mention spéciale au studio Australien Glitch productions dont les séries sont directement disponibles sur leur chaine Youtube et qui est aussi à l’avant front côté animation indé.

C’est donc dans cette liste que vient s’ajouter Scavengers Reign qui est pour moi un jalon supplémentaire dans cette petite histoire des révolutions récentes de l’animation.

Activité sur Scavengers Reign