Très bon recueil de Junji Ito une fois de plus, sorti chez Mangetsu.

On Commence avec "L'amour et la mort": une histoire en 5 parties qui nous racontent l'histoire de lycéen(ne)s obsédés par l'amour et qui veulent donc savoir ce que leur réserve la vie de ce côté là. C'est pour cela qu'ils s'adonnent à un jeu très populaire: attendre à un coin de rue qu'un passant arrive et lui demander par surprise ce que leur avenir amoureux leur réserve; une sorte de bonne aventure hasardeuse car ils ne savent jamais sur qui ils vont tomber (un peu comme dans une boîte de chocolat, cf Forrest Gump).

C'est dans ce contexte et dans cette ville de Nazumi très brumeuse qu'un passant particulier va faire son apparition: le charmant jeune homme à la croisée des chemins. Beaucoup lui demanderont la bonne aventure; ils ne répondra que pas de sombres présages. Et la terreur commencera...

On continue avec "La famille Hikizuri": suite au décès de leurs parents, 6 frères et soeurs se retrouvent livrés à eux-mêmes. Ca pourrait sembler triste raconté comme ça, mais ça ne l'est pas; c'est même plutôt drôle, même si vous vous en doutez, avec Junji Ito, ça va plutôt être un humour noir et malsain. Nous nous retrouvons donc avec une sorte de famille Addams en bien plus trash et gore, pour 2 histoires assez déviantes et dérangeantes, mais plutôt drôles, ou en tout cas moins sombres qu'à l'accoutumée (cf "L'amour et la mort" cité juste au dessus, réellement sombre et pessimiste).

Ensuite, "La maison des douleurs fantômes" est une histoire qui nous raconte la souffrance d'un jeune homme qui ne souffre pas seulement depuis son propre corps mais également depuis l'extérieur de son corps. C'est pour cela que sa mère doit engager beaucoup de personnel pour lui faire des massage là où son fils souffre: dans la salle à manger, dans la cave, dans la chambre, etc... Et c'est aussi pour cela qu'elle a dû murer toutes les fenêtres: pour ne pas que la douleur s'échappe au loin et qu'elle soit impossible à soulager. Encore une histoire inventive et malsaine...

"Les côtes" est l'histoire suivante dans laquelle Junji Ito dénonce en quelque sorte le dictat de la beauté. On se retrouve avec 2 filles dont l'une est jalouse de l'autre qui a réussi à être élue Miss Nakayama grâce à sa taille de guêpe. Tellement complexée par cela, elle va aller voir un médecin pour se faire enlever des côtes dans le but d'obtenir elle aussi cette taille de guêpe tant convoitée. Et vous vous doutez bien que ça ne va pas se passer comme prévu...

Enfin, une histoire très courte de 4 pages, plus présentée comme un gag qu'autre chose, "le souvenir de l'étron plus vrai que nature" nous raconte l'histoire d'un garçon qui veut acheter une crotte en plastique qui fait "ultra-vrai" sur le stand d'un marché, mais qui n'ose pas car il a un peu honte...

J'ai vraiment adoré ces histoires (sauf peut-être la toute dernière mais c'est négligeable). C'est toujours très bien dessiné, certaines planches sont terrifiantes, les personnages sont immédiatement attachants, et on les identifie bien, donc aucun souci de compréhension. L'imagination de Junji Ito est toujours aussi démentielle, et bien malin celui qui arrivera à deviner ce qu'il va se passer dans les 2 pages suivantes tant tout est inattendu.

Peut-être juste un petit bémol sur la fin de chacune des histoires, car on a souvent l'impression que Junji Ito ne sait pas comment terminer et ça se finit souvent de manière très abrupte. Mis à part ça, la qualité de ces récits me semble plutôt irréprochable.

Activité sur L'Amour et la Mort