Le pari était de base suicidaire: faire une suite, enfin un préquel mais qui est aussi un séquel, d’une adaptation déjà moyenne sur Blanche Neige et le tout sans Blanche-Neige. Vous suivez toujours ?

Contrairement à beaucoup, je n’avais pas détesté Blanche-Neige et le Chasseur en 2012. Sans pour autant l’adorer, je m’étais laissée emporter dans cette épopée fantastique sauvée par le jeu de Charlize Theron, et j’étais quasi-sûre que sans le piètre choix de l’actrice principale, j’aurais aimé.

Donc, à l’annonce d’une suite portant sur le chasseur, cette fois sans Kristen - cette dernière n’ayant pas su garder les cuisses fermées avec le précédent réalisateur - je me suis dit pourquoi pas.

Pourquoi pas. Mais pourquoi surtout.   Y avait-il vraiment quoique ce soit à raconter sur le chasseur ? Quatre ans plus tôt, Sanders donnait une dimension nouvelle au personnage interprété par Chris Hemsforth. En gros, le mec en question était un ivrogne au passé trouble qui se retrouvait malgré lui à combattre au côté de Blanche Neige, en qui il revoyait sa femme décédée. Oui parce que si on résume, non seulement Kristen est plus belle que Charlize Theron, mais elle fait aussi penser à Jessica Castaing.

Mmh.

Cela ne veut pas dire que je m’attendais à ce que le film ne se vautre pas. Juste pas à ce point. Tout n’est pas à jeter, pourtant. Les effets spéciaux sont toujours beaux, même avec quelques 50 millions de dollars de budget en moins, et la photographie dorée/argentée est loin d’être dégueulasse. Côté scénario, les quinze premières minutes sont étonnamment bonnes.

Mais c’est tout. Passé ça, on a vite l’impression que la soit disant histoire du chasseur qu’ils voulaient raconter, ils n’avaient pas de quoi tenir deux heures alors ils ont dû faire un combo avec un autre de leurs projets: une adaptation dark fantasy de La Reine des Neiges. Au final, il n’y a que deux éléments en lien avec Blanche-Neige: les nains et le miroir. Parce que les chasseurs… Pourquoi ils appellent ça des chasseurs, déjà ? Ce sont des soldats, même la voix-off le dit.

Pour le casting, c’est mitigé. Charlize Theron éblouit bien sûr toujours à chacune de ses apparitions, et Emily Blunt remplit aussi très bien son rôle en Elsa qui cherche à s’assumer. Mais bon, c’est pas comme si ces deux actrices avaient encore quelque chose à prouver.

Pour ce qui est de Chris Hemsforth… bah, il n’est pas mauvais, c’est plus son personnage qui l’est. Ou plutôt qui l’est devenu. Qu’il ait évolué entre temps, je veux bien. Il y a eu un happy end après tout, il retrouve sa copine, il n’est plus obligé d’être la même loque portée sur la bouteille qu’il était au début du premier film. Mais au moins là dedans, il était le seul « gentil » à avoir un degré de complexité, réussissant même à rendre certains passages avec Kristen Stewart supportables. Là, il se contente d’être un héros qui ricane à chaque phrase de sa go et sauve le monde en balançant des vannes. Et ce film est supposé lui être dédié.

Et puis il y a Jessica Chastain.

Bordel de dieu, qu’est-ce qu’il lui ont fait ? Bien sûr elle campe le rôle de la bad-ass, et comme tel, fait ce que toute femme bad-ass fait dans les block-busters: porter du cuir, se battre avec les poings et tirer à l’arc. Il était idiot de s’attendre à autre chose. Mais son jeu ? La talentueuse actrice qui subjuguait dans La Couleur des Sentiments n’arrive même pas à feindre une larme à la prétendue mort de son chéri (« tu pleures ? »). Incompréhensible.

Je vais vite passer sur la romance entre ces deux acteurs qui sont pourtant de talent: c’est bâclé, mal amené, et entre eux et les nains qui tombent amoureux parce qu’ils trouvent tous les deux que le sel donne soif, difficile de savoir qui sont les plus crédibles.

En parlant des nains, ils sont bien sûr soit à cheval, soit en trois quart pour ne pas qu’on voit que ce ne sont pas de vrais nains. Pour le reste, on a Sam Clafin qui fait un caméo, et un black qui, à part pour avoir la rédemption la plus rapide de l’histoire, n’est présent pour remplir le quota d’afro-américains.

En résumé, Blanche-Neige et le Chasseur, c’était une adaptation dark fantasy du célèbre conte avec une fin féministe, tapant de façon plus ou moins assumée sur Le Seigneur des Anneaux, Narnia, et j’en passe. Le Chasseur et la Reine des Glaces, c’est une « chronique » du conte au dixième degré, avec la même morale que Frozen - l’amour triomphe de la glace - et des allures de Hansel et Gretel: Witch Hunters. Sauf que les nains ont remplacé les trolls, que les sorcières sont belles et que Hansel se tape Gretel.

Activité sur Le Chasseur et la Reine des glaces