Les albums de Lucky Luke peuvent se regrouper en trois catégories.

1/ Des albums plutôt de "Bandits", qui sont certainement les plus célèbres de la saga : Les Dalton, Billy the Kid, Calamity Jane, Jesse James,...

2/ Des albums que l'on pourrait qualifier de "Far West" avec tout l'imaginaire qui entoure cet univers : La Diligence, La Caravane, Ruée sur l'Oklahoma,...

Ces thèmes se sont très bien portés aux talents de Goscinny et Morris et resteront le cœur de la mythologie Lucky Luke.

3/ Une troisième catégorie est arrivée tôt mais a pris au fil des décennies de plus en plus de place : les albums sur le "Progrès et la Civilisation" de l'Ouest américain : Des Rails sur la prairie, Des barbelés sur la prairie, mais aussi Le Fil qui chante, Le Pony Express,...

La Daily Star appartient à celle-ci, en pleine décennie 80, qui signe le déclin scénaristique post-Goscinny.

Une quatrième catégorie apparait depuis quelques années sur les sujets "Sociétaux" : Un cow-boy dans le coton, l'Arche de Rantanplan,...mais ceci est une autre histoire.

Le Daily Star donc, s'intéresse lui à la naissance de la presse dans le far west. Et comme dans tout album de ce type, l'arrivé du progrès est d'abord vu comme une remise en question de la tradition, des coutumes et des baronnies en place. Ici ce sont le barmen, l'épicier et le croque-mort qui tiennent la ville de Dead End City et qui s'allieront pour contrer le journalisme d’investigation du sympathique Horace Greely, soutenu par Lucky Luke et Jolly.

L'histoire comporte de très bons aspects :

- la thématique de la presse est très bien exploitée, passant en revue les matières premières (papier, encre, presse) pour mieux mettre en avant le journalisme : investigation, scandales, faits divers, prémices de la radio...

Même l'économie de la presse est traité : distribution des journaux, gratuité, qualité du journalisme. C'est parfois assez fin avec des traits d'humour (notamment dans les brèves de journaux!).

- les scènes d'action sont réussites avec une attaque de train (Planches 5 à 9), échanges de tirs dans le saloon (p. 11, 37, 42-43) et échanges de tir dans Dead End City (p. 40 à 42). Lucky Luke tire vraiment plus vite que son ombre ! (p. 3, 11 et 37)

- enfin, le dessin est bon, dynamique, varié, coloré avec de belles cases muettes : case 1 planche 37 et case du bas planche 40.

On reprochera un côté très linéaire et répétitif dans le scénario. Les stratagèmes contre Horace sont faciles, convenus. Les acteurs manquent de charisme ; les notables de la ville n'ont pas de particularités qui les distinguent et Horace Greely, bien que sympathique est parfois un peu trop naïf. Cela peut dans un certain sens être vu comme desservant l'histoire car trop enfantin mais dans le même temps cela opère un contraste intéressant avec les brèves de journaux qui élèvent le niveau de lecture.

Un album qui ne fait pas intervenir de célébrités (Belle Star par les mêmes auteurs 10 ans plus tard fait un peu l'inverse avec une galeries de portraits...) pour mieux mettre en avant la thématique. Assez rafraichissant, avec un deuxième niveau de lecture appréciable, même si l'album manque d'originalité. Au final, ni bon, ni mauvais, sans fausse note mais qui s'oublie certainement un peu vite, en ne marquant pas la saga de son encre.

Activité sur Le Daily Star - Lucky Luke, tome 53