Un film qui repose uniquement sur une situation qu'il exploite avec plus ou moins de bonheur : un pape est nommé. Mais la nouvelle de sa nomination provoque chez le vieil homme un effondrement psychique complet. On fait venir un psychanalyste. Le vieil homme prend même la poudre d'escampette, et le porte-parole du Vatican va jusqu'à cacher au conclave cette absence. Comme la résurrection du Christ, ce moment de suspension complète dure trois jours.

Ce n'est pas foncièrement un brûlot anti-Vatican. Il y a même une forme de tendresse à voir ce collège de vieux garçons déboussolés par la situation (avec toutes les savoureuses scènes de Moretti, le psy athée, qui meuble le temps avec eux. Il y a bien sûr de l'ironie, beaucoup, par exemple sur le fait que le Pape rêvait au fonds d'être acteur. Mais les Italiens ont un rapport particulier au Vatican, disons qu'ils adorent se moquer de cette institution. Et sans doute auront-ils

un point de vue particulier sur ce film.

Piccoli est parfait en vieillard déboussolé, dépressif, pris d'accès de fureur incontrôlable sur laquelle il n'a pas de prise.

Tout le film rappelle une pièce de théâtre (notamment cette situation du conclave, qui doit respecter l'unité de lieu). C'est une force mais aussi une faiblesse.

J'ai vu le film en VF. Je n'ai pas de préjugé anti-VF, mais là on parle de l'italien, une des plus belles langues du monde. J'ai sans doute un peu perdu au change, notamment dans l'abattage des répliques.

Habemus papam mélange habilement un propos assez grave (mais profond je ne sais pas) sur la dépression et des saynettes comiques autour d'une situation de passation de pouvoir qui déraille. Le film; assez académique; est plutôt réjouissant, mais il n'est pas mon Moretti préféré non plus.

Activité sur Habemus Papam