Quel hommage.

J'ai depuis 2 ans plus de 20 ans, et pourtant Charles Aznavour ne m'était avant que le film commence que très peu familier (j'ai d'ailleurs hâte de lire les avis de ses fans inconditionnels, et j'espère qu'ils aimeront ce film autant que moi). Au fait malgré tout de certains de ses refrains les plus connus, je ne savais rien de sa vie et très peu de son oeuvre. L'attente pour moi n'était que plus grande, je n'allais pas seulement voir un film, j'allais découvrir un artiste.

Dès les premières images, on sait à quoi s'attendre : un énorme travail de mise en scène et de photographie. Medhi Idir et Grand Corps Malade ont su quoi faire de leur caméra en réalisant ce biopic, s'adaptant à toutes les scènes et étapes qui ponctuent la vie d'Aznavour. Que ce soit lors des scènes de concert, dont certaines sont absolument extraordinaires de beauté, lors des passages en intérieur (appartements et bureau), ou dans les rues, lors de voyages, entre autres, le spectateur est toujours gratifié d'une caméra qui bouge comme il faut et qui filme ce qu'il faut, sans jamais tomber dans l'outrancier, ni se contenter du banal. L'objet de l'image est par ailleurs souvent très bien choisi, les séquences les plus fortes émotionnellement étant souvent celles qui cherchent à capter le regard, le regard de celui qui admire, qui est touché, captivé.

Dès la première scène, ce regard admiratif du petit Charles pour ses parents qui dansent et qui chantent plonge le spectateur dans l'histoire, l'implique, l'emporte, pour ne plus le lâcher. Et ensuite, le regard de cet homme homosexuel qui découvre sans pouvoir retenir ses larmes Comme ils disent à la télé.

Au niveau du scénario, le choix de raconter sa vie de façon quasi-exclusivement chronologique, malgré quelques exceptions, fonctionne, grâce à un rythme intelligent, et des choix pertinents sur l'histoire et ses rebondissements. Si quelques passages semblent parfois un peu longs, et n'apportent pas énormément de choses à l'histoire et à la compréhension du personnage, jamais on ne s'ennuit, en particulier grâce aux performances parfaites de l'ensemble du casting, à la diversification large mais jamais déboussolante du nombre de personnages, et à des séquences chaque fois très belles tant pour les yeux que pour les oreilles. L'humour du film tombe par ailleurs toujours juste, à noter ici l'intégration absolument géniale d'Edith Piaf à l'histoire, interprétée par Marie-Julie Baup, et au duo Tahar Rahim - Bastien Bouillon qui fonctionne à merveille. Tahar Rahim ressort évidemment particulièrement de ce film, avec une personnification de son personnage complètement bluffante, parfaitement immersive, et on peut en profiter ici pour saluer le talent de l'équipe technique. Il me semble aujourd'hui être le grand favori pour le César 2025, tant sa performance est aussi juste et subtile que généreuse.

L'intégration des musiques à ce film presque parfaitement mené de bout en bout achève d'en faire un délice cinématographique. J'ai été tout simplement enchanté de découvrir toutes ces musiques extraordinaires, au fil de l'écoulement de la vie de Charles Aznavour. Contrairement à d'autres biopics dans lesquels les musiques sont simplement déposées au montage sans aucune autre forme de réflexion, ici tout est travaillé, une chanson n'arrive jamais par hasard, et s'intègre pleinement dans l'histoire de Charles Aznavour. Ce travail de réflexion sur l'origine des musiques d'Aznavour, sur la réponse aux questions "pourquoi cette chanson est-elle arrivée dans sa vie à ce moment-là ? Quel rôle a-t-elle joué ?", apporte un supplément d'âme au film, lui offrant une cohérence globale, une homogénité, faisant de l'expérience de ce film en salle un plaisir absolu, un plaisir de cinéma.

J'espère que Monsieur Aznavour rencontrera le succès au box-office, étant donné son sujet je suis plutôt optimiste. Foncez voir ça au cinéma, il s'agit clairement de l'un des grands films français de l'année !

Merci beaucoup pour votre lecture, vous pouvez me retrouver sur instagram juste ici, on y parle de cinéma :)

Activité sur Monsieur Aznavour