Un + Une, la comédie romantique de Claude Lelouch n’est pas, selon moi, un film que les spectateurs retiendront cette année.

Le film ne m’a pas paru « prise de tête », l’intrigue n’est pas lourde, plus comiques que romantiques, les acteurs sont drôle et naturels, le paysage est agréable, l’ambiance est gaie. Je suppose que le tournage a dû être plaisant, l’équipe du film s’est constituée d’elle-même, les acteurs, eux, n’ont plus rien à prouver (à part Alice Pol peut-être) et ils ont eu le privilège de tourner dans un pays asiatique (l’Inde), tout en étant rémunéré et sans avoir trop de texte à apprendre. On a vraiment l’impression qu’ils se sont dit : « on fait ce voyage, et puis on emmène la caméra, on verra bien… ». Positif ou non, cela se ressent dans le film. J’aurai tendance à dire que les scènes ont plus étés choisies pour les bonnes blagues de Jean Dujardin que dans l’intérêt global du film. L’aspect décousu dans l’agencement des séquences fait que le film manque parfois de rythme, donnant souvent l’impression d’être assis devant un reportage. En effet, l’image est belle mais le manque de dispositif technique (la caméra souvent épaule notamment) ne parviens pas à faire resurgir toute la beauté de certaines scènes dans la monotonie esthétique générale du film. Une partie de cet engagement reste néanmoins maîtrisé, puisque le travail de Lelouch étant de jouer sur le charme brut de moments simples, mais forts. La défaillance de Un + Une se situe, à mon gout, dans sa fin. « Scénaristiquement » parlant, elle est trop simple, donne vraiment l’impression d’avoir été faite parce qu’il fallait clore le film à un moment donné. De plus, on voit bien que les acteurs y sont moins naturels, cette partie, la seule vraiment écrite peut-être, tranche trop avec la légèreté de l’improvisation et du naturel que nous offre le couple durant tout le film. Cette fin donne aussi le signe, en elle-même, d’être abrégée, arrangée au montage, affirmant encore ce sentiment de cassure. Dommage qu’Un + Une se finisse sur cet arrangement de circonstance, les choses sont plus belles quand elles restent instinctives et naturelles jusqu’au bout (c’est comme le montage des documentaire animaliers en fait).

Ma seconde manière de voir Un + Une fut une lecture d’un film ostentatoirement touristique. Opinion strictement subjective, qui me fait reprocher cinéma français son faux-scepticisme (en comparaison, ce serait un manque tout court de scepticisme qui, selon moi, caractériserai le cinéma hollywoodien). Le film de Claude Lelouch sonne un peu faux dans le sens où il tourne en dérision tout le spiritualisme indouiste. Non pas que cela soit très grave, mais il me semble que les personnages du film profitent plus du voyage qu’ils n’en apprennent. Toutes les scènes un peu moqueuses (que l’on voit dans la bande annonce) où Dujardin fait le pitre : détruisent littéralement la crédibilité d’instants qui devraient être magnifiques. Pour moi, c’est le symptôme « Rendez-vous en Terre Inconnue ». On arrive dans un endroit splendide, différent, on fournit au spectateur son quota d’émotions, on se remet un peu en question face à une telle différence, mais bon, pas trop non plus. Eh bien, dans Un + Une, on fait un câlin à Amma, certes on trouve ça beau, mais on en profite pour en rire un peu et puis on s’y attarde pas trop non plus, on passe vite à autre chose. Le film de Lelouch fait partie de ces films qui ne montrent au spectateur que ce qu’il a envie d’en voir. J’ai la sensation qu’Un + Une part d’un sentiment positif, qu’il veut communiquer un message correct, mais je suis toujours convaincu que cela ne fonctionnera jamais sous l’enveloppe du film « pas prise de tête ». J’ai l’impression que c’est un film où les acteurs et le réalisateur se sont bien amusés, en oubliant de traiter convenablement l’histoire et le sujet.

Un + Une est un film convenable, pas vraiment fait pour surprendre, ni pour éduquer. C’est certes une bonne partie de plaisir pour tous, mais ça manque un peu de convictions.

Activité sur Un + une