Faire une suite à ce chef d'oeuvre qu'est "Sicario" (mon film n°1 de 2015)? Sans son personnage central incarné par Emily Blunt? Sans Villeneuve aux commandes, sans Deakins à la photo, sans (évidemment) Jóhannsson à la musique? Seul Taylor Sheridan reste à l'écriture...

Bon oui, j'étais perplexe.

Je le suis toujours d'ailleurs, avec ce seul mot à la bouche : pourquoi?

Pourquoi livrer une suite à un film qui se suffisait à lui-même et laissait une fin ouverte (et non une fin qui appelait à une suite)? Pourquoi artificiellement maintenir la même motivation de vengeance du personnage de Del Toro? Pourquoi vouloir faire une saga tournée actionner sur une base qui ne s'y prêtait pas? Car si le film se trouve une efficacité de réalisation assez brillante (de vraies belles séquences d'action), il sombre parfois dans des incohérences d'écritures dommageables

reconnaître une personne à 100m en pleine nuit, se prendre une balle et quasi ressusciter

Alors que le premier film maîtrisait son fond politique brillamment, ici c'est tout le contraire. Le Mexique est une no-go zone où on ne croise littéralement que des bad-guys tout le temps, le préambule sur les attentats islamiques ne sert strictement à rien d'autres que de surfer sur une actu chaude... Bref le film tend parfois vers une trame assez nauséabonde. Et même quand le film ose certains virages dans le récit et qu'on le pense courageux

la fausse mort du perso principal

il n'assume pas jusqu'au bout et rentre dans la norme. Comme pour mieux prolonger artificiellement une trame trop légère qui pousse cette fois à l'attente d'un troisième volet. Tout est dit, Hollywood veut capitaliser sur la recette du premier film.

Une suite opportuniste qui tente vainement de créer une saga sur des balises très Jason Bournesque, quitte à tomber dans une écriture bâclée et en oubliant le propos même du premier film. Reste de belles séquences d'actions qui sauvent (un peu) un film qui se cantonne à la série B alors que le premier Sicario est un chef d'oeuvre

Activité sur Sicario La Guerre des cartels