Août 2016. Je discute par SMS avec une grande amie à moi que je n'ai pas revu depuis un an. Je lui propose un petit cinéma, et elle accepte. Elle a envie de voir Suicide Squad (en grande partie pour Jared Leto). Ça tombe bien, moi aussi j'avais envie de le voir (parce que j'attendais ce film de pied ferme même si les critiques assassines étaient déjà sorties, et parce que Margot Robbie). On s'est donc fixé le film et la date. Quelques jours plus tard, on se retrouve en ville et on part vers le cinéma, et on se dépêche un peu parce qu'on est un chouïa en retard. Lorsqu'on parle des places, elle me dit qu'elle tient à payer la mienne, parce que je lui avais payé le repas de midi lorsqu'on est allé voir Jurassic World l'an passé. Je lui dit que je tiens à payer ma place, c'est normal, c'est moi qui l'ait invité au ciné, mais elle insiste, et quand elle insiste, c'est bon, impossible de lui faire changer d'avis. Alors bon, je n'avais pas d'autre choix que de la laisser payer les places. Et pour une séance 3D qui plus est.

Nous arrivons en salle, le film commence. Et à peine commence t-il que je me sens un peu gêné. On présente les membres de la Suicide Squad de la façon la plus clipesque possible et ça m'a personnellement saoulé. Mais j'avoue que les descriptifs montrés m'ont parfois fait rire, même si ça fait quand même très jeu vidéo, et que c'est quand même une des seules parties montrant une certaine folie dans la réalisation. Et l'un des plus gros problèmes du film est déjà dévoilé. L'introduction de Deadshot et celle d'Harley Quinn sont d'une durée assez longue tandis que celle des autres personnages dure bien moins longtemps.

Et ça annonce la couleur sur la suite puisque c'est bel et bien Deadshot et Harley Quinn les véritables vedettes du film. Les autres membres, on s'en fiche presque tant leurs apparitions sont d'une durée insignifiante. Killer Croc a quoi, autant de répliques que j'ai de doigts sur ma main droite ? Et presque que des blagues sur son physique en plus (et puis son maquillage, sérieusement...). Captain Boomerang je l'ai déjà oublié tant il s'apparentait plus à un fantôme qu'autre chose, quant à Katana, c'est à peine si elle fait plus que passer le bonjour ! Sérieusement, c'est limite si on ne voit pas plus souvent les fesses d'Harley Quinn que ces trois personnages réunis !

Ah oui et y a aussi Slipknot mais bon, lui il crève au bout de 30 secondes, alors on s'en fout un peu.

Il y a bien El Diablo qui a un temps d'apparition plus élevé que certains de ses congénères de la Squad mais le personnage en lui-même n'est rien de plus qu'une caricature, et son background arrive tellement tardivement qu'on ne ressent rien pour lui. De toute façon son background est une nouvelle démonstration d'un des gros défauts du film. Suicide Squad ne sait jamais sur quel pied danser. On nous a promis un blockbuster fun et décontracté, et au final le film tombe dans tous les travers possibles du blockbuster à l'histoire vue et revue des centaines de fois. Sérieusement, il y avait des tonnes de possibilités avec une équipe de dangereux criminels au comportement imprévisible. Et ben le film s'en fiche, il te montre juste qu'en fait, ils ne sont pas méchants, ils sont justes des héros mal-aimés et torturés à l'intérieur.

Deadshot a le même problème, son background tente d'émouvoir mais n'y arrive pas tant il est cliché (son origine dans les comics est tellement mieux) et tant il n'a pas sa place. Harley en revanche est la bonne surprise du film, le seul personnage qui me rappelait bien que je regardais un film sur la Suicide Squad. Elle est à l'origine des moments les plus drôles du films (quand elle s'habille devant tout le monde), elle est fun, elle est attachante, et Margot Robbie est tellement classe dans son rôle, on sent qu'elle est investie.

Mais elle n'échappe malheureusement pas à de vilains problèmes d'écriture, notamment sa relation avec le Joker dont je reparlerais plus tard et surtout à la fin, face à l'enchanteresse, où elle affirme clairement qu'elle préfère rester avec ses nouveaux potes plutôt que de rejoindre son camp. Je crois que j'étais le seul à rire à ce moment-là tant c'est ridicule. Son hallucination provoquée par l'enchanteresse est également ridicule, Harley est censée être une folle à lier, ça rime à quoi de la montrer désirer une vie normale avec un Joker saint d'esprit ?

Parlons du Joker et parlons d'une grosse arnaque. Tout le marketing nous faisant croire qu'il serait un antagoniste clé n'était qu'une vaste blague. Son apparition dure au total à peu près 15 minutes montre en main. Et surtout, qu'est-ce qu'il est mauvais ! Je sais que c'est dur de passer après l'inoubliable Heath Ledger, mais Jared Leto est vraiment mauvais, il se contente de surjouer à mort. Le personnage en lui-même ne sert presque à rien dans le film, et il souffre d'une très mauvaise écriture.

Particulièrement sa relation avec Harley donc, elle a été simplifiée à l'extrême et tout ce qui fait sa force dans les autres médias est absent. On n'a rien de plus ici qu'une simple romance entre deux psychopathes, avec le Joker qui est clairement prêt à risquer sa vie pour rejoindre Harley et pour la sauver. Elle est où l’ambiguïté et la violence de leur relation ? Prenons en exemple l'excellent comics Mad Love qui montrait vraiment toute la force de leur relation, elle était violente et elle était ambiguë au possible. Le Joker y était capable du pire envers Harley mais le comics jouait sans cesse sur la question "Est-ce qu'il manipule purement et simplement Harley ou est-ce qu'il tient quand même vraiment à elle ?". Ici non, que dalle, tout ce qui fait la force de leur relation a été supprimé et il ne reste qu'une simple romance ratée.

Maintenant, la grande méchante du film, l'enchanteresse, qui est également un gros ratage. On se fiche éperdument de ses intentions, alors on se contente simplement de la regarder tout faire péter à coup de CGI bien moches. Sa double personnalité aurait pu être une idée intéressante si elle avait été bien exploité mais là encore c'est raté. Et puis personnellement, j'en avais rien à carrer de sa relation avec Rick, surtout qu'elle se termine de la manière la plus clichée possible.

Reste Amanda Waller et j'avoue que j'ai bien aimé son personnage, on sent sa menace, on sent qu'elle est inquiétante (probablement plus que tous les membres de la Suicide Squad) et on sent qu'elle est imposante. Bon bien sûr elle a aussi des problèmes d'écritures mais on fait avec ce qu'on a sous la main.

Après ce gros dossier sur les personnages, parlons des autres défauts du film. Si vous avez vu le film d'animation Assault on Arkham, vous y avez sans doute vu le côté bien méchant de la Suicide Squad, elle y était violente et chaque membre pensait avant tout à ses propres intérêts. Et surtout le film montrait pas mal de scènes bien violentes et osées. On aurait pu imaginer ce que ces scènes violentes pouvaient donner en film live, hélas, syndrome PG-13 oblige, pas grand-chose à se mettre sous la dent, pas une goutte de sang. Il y avait moyen de faire un spectacle plus sauvage et méchant, mais non, c'est le strict minimum qui est offert.

Si le scénario avance de façon très plate, la relation entre les membres de la Suicide Squad n'évolue jamais, du coup la partie finale semble complètement sortie de nulle part. Ils agissent ensemble comme une simple bande de potes alors que rien ne laisse comprendre que c'est le cas, du coup ça ne marche pas.

La partie finale contre l'enchanteresse justement, parlons-en. Et là encore, malgré toutes les possibilités, on fait le strict minimum. On peut résumer ça par du CGI moche, un méchant qui choisi l'option la plus débile, un Deus Ex Machina idiot venant de El Diablo et surtout une réalisation complètement impersonnelle sans aucune folie qui donne l'impression que David Ayer s'est barré au bout de 20 minutes de film.

Et cette fin limite sous forme de happy end sérieusement... Et bien sûr on fait réapparaître le Joker hein, c'est pas un vulgaire crash d'hélicoptère qui va l'arrêter.

Les autres scènes d'action sont du même tonneau... Aucune créativité, aucune folie, aucune imagination. En gros ça rempli juste le cahier des charges du blockbuster lambda mais ça ne fait rien de plus de ce côté-ci, même si ça reste quand même plutôt réjouissant de voir Harley taper du vilain avec sa batte de baseball.

Le film n'échappe pas non plus à des incohérences. Par exemple, comment Harley peut-elle avoir son portable à disposition alors qu'elle est encore à l'asile ? Et comment ça se fait que les gardes ne la voient pas s'en servir ? Et d'où elle sort Amanda à la fin, sans une seule égratignure en plus ? Et nom de Zeus, mais que fait Batman, il le voit pas que c'est la fin du monde ?

Petit mot sur la BO de Steven Price qui ne fait guère mieux et qui se contente la plupart du temps de balancer les morceaux populaires de manière aléatoire et de façon complètement inutile (Without Me, Bohemian Rhapsody...). Et quand elle ne fait pas cela, elle se contente d'envoyer des morceaux qui en font des caisses, la plupart du temps pour rien.

Suicide Squad a été pour beaucoup le pétard mouillé de l'année 2016, et à juste titre. Je partais avec la ferme intention de lui trouver des points positifs, et il y en a quelques uns, notamment le fait qu'on ne s'ennuie pas spécialement, mais le film a également beaucoup de défauts auxquels il a été difficile pour moi de passer à côté. Le dessin animé Assault on Arkham était imparfait mais au moins il est plus Suicide Squad que Suicide Squad. Et quand je vois la politique de la Warner quant à ses futurs films de super-héros, l'avenir de DC semble plus qu'incertain...

Enfin bon, au moins ça m'a fait plaisir d'aller le voir avec mon amie, et elle a aimé le film (même si elle a été un peu déçue elle aussi) alors je suis content pour elle... Et puis comme ce n'est pas moi qui ai payé les places, je suis pas trop mécontent d'avoir tenté le coup.

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