Après deux versions made in JJ qui dépoussiéraient le mythe Star Trek, c'est au tour du rapide et furieux Justin Lin de faire chauffer la gomme. Nouveau capitaine du vaisseau US Boxoffice, le commandant Lin abandonne le Diesel pour une production tournée vers l'infini mais qui stoppe avant l'au-delà. Avec un casting renouvelé et l'arrivée d'un Idris Elba en mode latex, que vaut ce nouveau trek en contrées inconnues ?

Pour notre équipage spécialiste en nouvelles frontières, le chemin se trouve rapidement balisé. Les acteurs retrouvent leurs rôles fonctionnels alors qu'une nouvelle menace vient encore titiller leur sens du devoir. Si le film déroule l'habituelle collection de lieux communs, il faut reconnaître à Lin un effort certain pour se démarquer de son prédécesseur. En effet, ce nouvel opus louche tellement du côté des Gardiens de la galaxie que l'hyper espace en devient hypermétrope. Tout d'abord, le ton de la production oscille entre le fun et le grave, anesthésiant les moments dramatiques par des touches légères, histoire de ne pas se transformer en épisode DC comics. L'intrigue principale rappelle avec un certain malaise les aventures de la bande à Starlord. Le final, où Idris Krall donne l'assaut sur la gentille base de la fédération et qui s'en sort grâce à une astuce musicale (faire littéralement surfer l'USS Franklin sur une vague de vaisseaux aliens en explosion, fallait oser... Fast & Furious Powaaaaaa!!!). Cet esprit qui flirte avec la coolitude n'atteint jamais le niveau élevé des Gardiens, qui désamorçaient la moindre tension dramatique.

Si le film manque assurément de tension, la faute à des enjeux flous et des personnages incassables, il aurait dû se reprendre par son action hollywoodienne. Hélas, on ne passe pas si facilement des courses de bolides tunés aux fusillades lasers, mais dans un cas comme dans l'autre, Justin Lin carbure à l'ordinaire. Si on ne peut le taxer de fumisterie, aucune scène ne sort vraiment du lot, tout est réalisé sans folie, sans ambition, sans personnalité. Comme ultime aveu de frustration, la scène de l'attaque en moto où Kirk se voit contraint de faire la course contre des hologrammes, c'est à dire lui-même. C'est vraiment cette sécheresse au niveau de la créativité, l'aridité de l'intrigue qui propulsent le film vers la frontière malheureusement bien connu des cinéphiles, celle de la galaxie Hollyway.

Tout n'est heureusement pas à expulser par le sas. Le duo McCoy/Spock fonctionne à plein régime, agrémentant le film de ses punchlines les plus efficaces. La violence de l'attaque contre l'Enterprise est spectaculaire et bien rendue, Lin étant plus à l'aise pour filmer la destruction que pour construire une entité cohérente. Si l'éclatement de l'équipage fonctionne bien au début, les sous intrigues développées pour chaque groupe sont au mieux fades et ne parviennent jamais à capter l'attention. L'emballage général est plutôt de bonne facture même si l'ensemble reste baigné dans un certain classicisme.

Avec sa promesse « sans frontière », Star Trek déçoit par son manque d'ambition. Épisode de transition, il faudrait changer de capitaine à la réalisation et confier le poste à une personne plus concernée pour la suite. Pouvoir s'approprier la mythologie d'une œuvre tout en exprimant sa propre personnalité n'est pas donné à tout le monde. Justin Lin devra se contenter de rester sur l'asphalte et préférer la vulcanisation à Vulcain.

Activité sur Star Trek - Sans limites