D'habitude, Dany, toutes ces conneries de présages et de coïncidences troublantes, je n'y crois pas trop. Mais le fait de t'avoir vu, le matin même où j'avais décidé d'accompagner quelqu'un pour aller voir RAID Dingue, aurait dû m'alerter.

C'était chez Catherine Ceylac, celle qui abreuve le fan bien pensant du Service Public matinal de sourires hypocrites et de petites leçons de vie bon marché qu'elle croit extrêmement intelligentes et spirituelles. Comme d'habitude, elle te servait la soupe que tu étais venu nous vendre pour assurer un minimum de retour sur investissement sur ta dernière "oeuvre", RAID Dingue. Elle en a dit du bien, comme partout ailleurs dans les autres émissions de vendus. Pour rassurer la triste industrie qu'est devenue la comédie française au sujet de la moyenne par copie de son nouveau mastodonte monstrueux.

Mais pour la première fois, Dany, tu m'as clairement énervé. Que tu viennes faire la retape, après tout, c'est le jeu, ma pauvre Lucette, comme le dirait la pub. Non, ce qui m'a tapé sur le système, c'est que tu viennes étaler ton avis autorisé en matière de politique, étrangère en plus, comme si celui-ci comptait ne serait-ce qu'un peu auprès de ton public. Car désolé de te le dire, Dany, mais ton avis, pour le dire poliment, je n'en ai pas grand chose à faire, comme celui de toutes ces stars plus ou moins éphémères au sujet de leur engagement idéologique. Je pense que tu as mieux à faire. Et surtout plus important.

Genre, je ne sais pas, moi, comme assurer une qualité minimale pour ta dernière livraison. Je pense que ce serait déjà bien. Car RAID Dingue, c'est pour cela, finalement, qu'on est là, s'avère en dessous de tout, littéralement. Oser porter à l'écran, qui plus est sur une combinaison de salles qui doit être du genre maousse, une comédie qui ne suscite pas UN éclat de rire, ça devrait être considéré comme criminel.

Peu surprenant, diront certainement les esprits les plus acerbes au vu de ton palmarès. Ils devront pourtant réviser leur position. Car La Maison du Bonheur, c'était pas si mal, même si à l'évidence, cela ne restera jamais dans les mémoires. Bienvenue Chez les Ch'tis, lui, aussi bourré de clichés et maladroit était-il, portait ton regard bienveillant ainsi qu'un certain coeur. Rien de tout cela ici, tant RAID Dingue se subit finalement plus qu'il ne se regarde ou s'apprécie.

La première partie est molle et flasque, archi classique et poussive. Traversée de gags quelconques et très peu inspirés, elle se limite à faire évoluer une Alice Pol qui hérite du rôle de l'imbécile heureuse. Ravissante, certes. Tu voudrais qu'elle rappelle Pierre Richard quand il évoluait chez Francis Veber. On s'en souvient, oui... Pour se dire qu'elle n'arrivera jamais à sa cheville. Malgré la dépense d'énergie, souvent vaine et contre productive. Car elle est charmante et très sympathique, Alice. Elle est, je pense, ton seul choix judicieux. Choix que tu arrives même à sabrer en la faisant sombrer dans le navrant et le honteux, le temps d'une scène d'écoute téléphonique interminable tellement elle met mal à l'aise. Rien que là, Dany, t'en aurais mérité, des claques. Parce que j'aurais jamais cru que tu puisses tomber aussi bas. Qu'est ce que tu as fait au bon Dieu pour en arriver là ?

Le reste ne relève pas le niveau, malheureusement. La comédie s'efface et le film s'inscrit dès lors entre la romance nulle et un film d'action fugitif excessivement castré et absolument portnawak. L'hommage aux hommes du RAID n'est donc pas des plus évidents. Encore moins le fait que tu prennes soin de tes acteurs, puisqu'on se demande comment ils ont pu en arriver là, eux aussi. Il n'y a qu'à voir Yvan Attal en faux travesti pour immédiatement éprouver de l'embarras pour lui, tant, après cette "performance", il ne devrait plus jamais trouver de travail, même pour une simple animation pour un stand de saucisses chez Super U.

Au mieux anodin, au pire embarrassant, RAID Dingue est très loin du compte niveau comédie. Parlons vrai : il est très loin du compte dans à peu près tous les domaines. Mais on retiendra plus particulièrement un mauvais scénario écrit à quatre mains totalement informe et inepte dont presque tous les personnages sont des abrutis consanguins que l'on a envie de baffer. C'est triste à dire, mais RAID Dingue est un supplice d'ordre traumatique, un échec de grande ampleur, une nouvelle tombe dans le cimetière de la comédie française contemporaine, en forme d'accident industriel qui ne suscitera que soupirs de dépit, levage des yeux au ciel et consternation quant à la non gêne éprouvée de livrer un tel produit en salles.

Et la série ne fait que commencer, comme le laissent à penser les bandes annonces précédant ton oeuvre, Dany, toutes auréolées sous les bras du label de non qualité "Festival de l'Alpe d'Huez", manifestation qui semble être au film comique ce que le pape François est à la politique d'entreprise de Durex. Autant de films à venir, nouveaux canons honteux d'une comédie française dont ils ne feront finalement que danser sur un cadavre depuis longtemps sorti de son cercueil, martyrisé, violé, outragé. Triste sort quand on a vécu, par exemple, avec des Bronzés qui faisaient du ski, ou des Pères Noël qui étaient des ordures, ou encore des Francis Veber ou des Etienne Chatiliez derrière la caméra.

Désolé de te le dire comme cela, Dany, mais en voyant ton RAID Dingue, on se dit vraiment qu'il y a des claques qui se perdent.

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